Incendie de l'hôtel "Au Normandy" de Sées : une tragique querelle familiale

C'est le beau-père du propriétaire de l'hôtel "Au Normandy", un octogénaire, qui a mis le feu à l'établissement. Il avait auparavant tiré sur son gendre. Cet homme s'est suicidé dans la matinée devant les gendarmes. 

C'est donc un différend familial, une vieille rancune autour de conflits d'argent, qui aurait provoqué l'incendie qui a détruit tôt ce matin l'hôtel "Au Normandy" de Sées dans l'Orne.
L'incendie serait un acte criminel commis par un octogénaire, pour se venger de son gendre qui est propriétaire des murs de l'hôtel.
 
Cet homme de 81 ans était depuis 6 heures du matin activement recherché par les gendarmes. Avant de mettre le feu à l'hôtel, il a incendié des véhicules appartenant à son gendre et lui a tiré dessus.
Le retraité a été localisé à 10h25 à Sées, un peu à l'extérieur de la ville, par l'hélicoptère de la section de recherches. C'est à ce moment là qu'il a mis fin à ses jours en "retournant son arme (un fusil de chasse) contre lui", a indiqué sur place le procureur de la République à Alençon, Carole Etienne.

Le reportage de Jean-Pierre Bonnefon et Carole Lefrançois (Intervenants : Carole Etienne, procureur de la république; Lieutenant Colonel Didier Richard, chef de corps des sapeurs pompiers de l'Orne et Jean-Yves Houssemaine maire de Sées)

 "Il a pété les plombs", explique son gendre

L'octogénaire s'est d'abord rendu jusqu'à la propriété de son gendre, âgé de 53 ans, très tôt ce matin vers 5 heures. Il a d'abord mis le feu à une dizaine de véhicules de collection appartenant à son gendre qui se trouvaient aux abords de la maison, près de la route, à Neuville-près-Sées, au nord du département de l'Orne, à 10 kilomètres de Sées.
Le gendre est sorti de son domicile pour voir ce qu'il se passait.
L'octogénaire a alors tiré deux coups de fusils de chasse (de la chevrotine) en direction de son gendre, le blessant à la cuisse.  Ce dernier a prévenu les gendarmes et les pompiers à 5h50. Le gendre a été emmené à l'hôpital pour être soigné, sa blessure est légère.
  
"Il a pété les plombs", a expliqué le gendre à notre journaliste qui a pu le joindre par téléphone.
Les deux hommes étaient brouillés depuis longtemps et ne s'étaient pas vus depuis 15 ans, à cause de vieilles rancunes accumulées pour des questions d'argent et d'héritage, selon le gendre, qui précise qu'il "ne devait pas un centime" à son beau-père.
L'homme s'estime heureux et a le sentiment d'avoir échappé au pire. Selon lui, le coup de folie de son beau-père aurait pu être beaucoup plus dramatique.

Après le domicile de son gendre, l'octogénaire s'attaque à son hôtel

La scène au domicile du gendre n'a duré que quelques minutes, mais l'octogénaire a dévoilé son intention de s'attaquer à d'autres de ses biens, et notamment à l'hôtel restaurant "Au Normandy", qui se trouve dans le centre-ville de Sées.  
Quand les gendarmes arrivent à Neuville, l'octogénaire est déjà reparti, et s'apprête à passer à l'acte.
L'alarme anti-intrusion du restaurant "Au Normandy" retentit à 6h30. Selon les premiers éléments de l'enquête, l'octogénaire se serait servi d'un bidon d'essence ou d'hydrocarbure pour enflammer l'hôtel.
Le feu prend très vite, avec une rare violence. Le bâtiment est vieux de plusieurs siècles, et des flammes géantes s'en échappent. 
A l'intérieur de l'hôtel se trouve un seul client. Pour échapper à l'incendie, l'homme saute de la fenêtre du premier étage et se fracture la jambe.

Une soixantaine de pompiers sont mobilisés pour circonscrire l'incendie qui se propage au restaurant ainsi qu'à une maison mitoyenne, dans un quartier historique où tous les bâtiments sont imbriqués. L'établissement, qui emploie 14 salariés, est détruit à 90%

70 gendarmes mobilisés pour stopper la cavale de l'octogénaire

Les autorités déploient les grands moyens pour retrouver au plus vite l'octogénaire et éviter qu'il ne commette d'autres actes criminels. 
Ils savent qu'il déplace dans une Renault Safrane et qu'il est armé d'un fusil de chasse, dont il n'a pas hésité à se servir. 
Un hélicoptère de la section de gendarmerie de Tours est dépêché sur place. 

Le Parquet procède à une "réquisition téléphonique" qui permet de localiser le portable du retraité. C'est ce qui permet de le repérer en bordure de la ville. L'hélicoptère survole l'homme qui se trouve près de son véhicule. C'est à ce moment-là qu'il se suicide avec son fusil. 
Près de lui, les enquêteurs retrouveront un tract dans lequel le vieil homme justifie ses actes. Le beau-père y accuse son gendre, propriétaire de plusieurs restaurants dans la région, de lui devoir "21 ans de loyers et un emprunt de 25 millions de francs" (environ 3,8 millions d'euros), selon le Parquet. Selon d'autres sources, des tracts semblables auraient été jetés dans la rue à proximité de l'hôtel incendié.  

L'auteur des faits étant décédé, l'action publique s'éteint. Il n'y aura pas de procès dans cette tragique affaire. 
Mais une autopsie sera pratiquée sur le corps du retraité, et des investigations seront menées pour démêler les affaires et les conflits qui ont poussé cet octogénaire à un tel coup de folie. 


Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité