Nouveauté de cette rentrée: le passage à la semaine de 4,5 jours dans le primaire. Beaucoup de communes attendent la prochaine rentrée pour adopter ce nouveau rythme qui pèsera sur leurs finances.
Nouvelle classe, nouveau professeur, nouveau cartable, nouvel emploi du temps, chaque rentrée est placée sous le signe de la nouveauté. Mais cette année, c'est tout le rythme scolaire qui se retrouve chamboulé avec le passage à la semaine de 4,5 jours dans le primaire voulu par le gouvernement. La réforme est présentée comme une mesure de "justice sociale" par le ministre de l'éducation. Elle vise à donner " "un meilleur temps scolaire avec le même nombre d'heures réparties sur toute la semaine pour que les écoliers apprennent mieux à lire, écrire et compter", selon Vincent Peillon, ce mardi sur France Inter.
Reportage d'Erwan de Miniac et Damien Migniau à Valframbert (61)
Concrètement, la journée de classe est raccourcie de 45 minutes. Elle ne doit pas excéder une durée de 5 h 30. Une demi-journée est ajoutée le mercredi matin et ne doit pas excéder 3 h 30. A charge pour chaque commune d'établir l'organisation de la journée et la semaine, intégrant les activités péri-éducatives qu'elles doivent organiser. A Caen, une ville qui a choisi d'adopter ce rythme dès cette rentrée, on dénombre pas moins de 17 formules d'aménagement différentes. La Ville a alloué un budget de 2 millions d'euros pour aménager les activités périscolaires. A la Glacerie, dans le Cotentin, les élèves de l'école primaire Henri Menut se voient proposer une heure d'activité animée par des agents de la ville et des animateurs. Un coût de 150 000 euros par an.
Si ce nouveau rythme a les faveurs de nombreux spécialistes de l'éducation, sa mise en application suscite quelques critiques. A commencer par les parents qui vont devoir trouver un mode d'organisation mais également chez certains enseignants. Pour Sylvain Mary, secrétaire départemental du SNES-FSU, cette réforme pourrait être source d'inégalité: "Le gouvernement a engagé une mesure de décentralisation qui fait porter le désengagement de l'Etat aux collectivités territoriales. entre celles qui ont l'argent, les infrastructures pour pouvoir mettre en place des activités de qualité et celles qui n'ont pas d'argent ou pas la volonté politique de la faire, il va y avoir un fossé."
250 millions d'euros pour aider les communes
Pour inciter les communes à faire le grand saut, un fond d'amorçage de 250 millions d'euros a été mis en place pour cette rentrée: une aide de 50 euros par élève (90 euros pour les zones en difficulté qui toucheront également une aide l'an prochain). Les Caisses d'allocations familiales verseront également une aide de 53 euros par an et par enfant aux communes qui organisent des activités périscolaires des enfants après la classe. Selon l'Association des maires de France (AMF), la réforme coûtera 150 euros par élève et par an. Le fond d'amorçage est jugé insuffisant et sa reconduction en 2014 n'est pas encore garantie. Certaines communes, comme Querqueville, dans le Cotentin, mettent la famille à contribution (10 euros à Querqueville).
Résultat: un grand nombre de communes ont décidé de retarder l'adoption de la semaine de 4,5 jours. Si on estime que 20% des écoles de la région sont passées au nouveau rythme, seulement 74 communes sur les 1814 que compte la Basse-Normandie ont appliqué la réforme cette rentrée (38 communes dans le Calvados, 14 dans la Manche et 22 dans l'Orne).
Reportage dans le Cotentin de Sylvain Rouil et Claude Leloche
Intervenants:
- Marc Lincot, directeur de l'école élémentaire Henri Menut, à la Glacerie
- Christian Lemarchand, maire UMP de La Glacerie