C'est un procès sordide qui s'est ouvert ce mercredi devant les assises du Calvados à Caen. Une femme de 45 ans, et son fils de 21 ans, sont jugés pour avoir séquestré un septuagénaire et l'avoir laissé mourir affamé.
L'homme s'appelle Guy Rosel. Il avait 77 ans. Il est décédé dans son appartement le 8 févrirer 2012 dans le quartier Saint-Paul, résidence Bernard-Palissy, à Caen
Le médecin chargé de constater le décès a remarqué la maigreur anormale du retraité et a demandé une autopsie.
L'examen a révélé que la cause de la mort était la dénutrition. Autrement dit, Guy est mort de faim.
Depuis plus de deux ans, le retraité hébergeait une femme de 44 ans, son ancienne voisine, Béatrice Liédot, et son fils Stanislas. Cette femme avait un peu travaillé pour Guy Rosel : elle lui avait fait des courses et un peu de ménage.
En septembre 2009, selon des circonstances qui restent à éclaircir, la mère s'est installée dans l'appartement du retraité. Puis son fils est venu aussi en 2010.
Le retraité, fragile, vulnérable et isolé, était une proie facile. Depuis son décès, aucun membre de sa famille ne s'est manifesté, et aucun n'est présent au procès.
Compte-rendu de la première journée d'audience, récit Catherine Berra, images Charles Bézard
La cohabitation va vite tourner au cauchemar pour le retraité.
D'abord avec des détournements d'argent. Béatrice Liédot, alcoolique et toxicomane, puise dans les économies du retraité. Pour payer sa drogue, explique-t-elle lors du procès, mais pas seulement. Elle s'est notamment acheté quatre voitures d'occasion avec l'argent de Guy Rosel.
Elle a aussi accumulé des dettes pour plusieurs milliers d'euros. Le loyer de l'appartement n'était plus versé, un passif de 14 000 euros d'impayés subsiste.
Béatrice Liédot utilise aussi la carte bancaire du septuagénaire pour faire les courses au supermarché. Mais l'homme n'a pas le droit d'en profiter, il doit se contenter des restes des repas de ses deux co-locataires.
Le duo infernal lui interdit l'accès aux provisions. Et n'hésite pas à le frapper s'il essaye de prendre de la nourriture.
Le dernier hiver du retraité sera terrible. En décembre 2011, alors qu'une procédure d'expulsion est en cours, Béatrice Liédot séquestre le vieil homme, qui est enfermé dans sa chambre. Les voisins ne le voient plus promener son chien dans le quartier. Il se souviennent qu'au fil des mois, la silhouette de Guy Rosel apparaissait de plus en plus frêle.
Déjà condamnée pour avoir tué son compagnon
Les bourreaux du retraité comparaissent devant les assises pour "escroquerie et séquestration ayant entraîné la mort". Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
Béatrice Liédot a déjà été condamnée dans le passé pour avoir tué à coups de couteau son compagnon. Elle est décrite comme "violente, menteuse, perverse et manipulatrice". Cette femme a connu un parcours cahotique. Enfant, elle a été victime d'inceste de la part de sa mère. Elle a aussi subi le viol et la prostitution.
Son fils, né en prison, présenterait également une personnalité complexe et perturbée. Les experts l'estiment "dépendant de sa mère". Sa mère exerce de terribles pressions psychologiques sur lui. Lors de son séjour dans la résidence de Guy Rosel, il se serait régulièrement déguisé en femme, et exhibé sous les fenêtres de la prison située juste à côté.
La Cour d'assises va devoir déterminer le degré de responsabilités de chacun des deux accusés dans cette sordide affaire. Un complice est également poursuivi pour non -assistance à personne en danger.