En grève depuis le 16 octobre, elles manifestent à nouveau ce mardi alors qu'une réunion est organisée au ministère de la santé autour de leur statut.
Sur une pancarte "Sage femme, un métier formidable, un salaire fort minable", sur une autre "Cigognes pas pigeons". C'est une grève invisible qui a débuté le 16 octobre dernier. Depuis le début du mouvement, elles n'ont pas cessé de travailler. Tout juste une affiche placardée dans les couloirs d'une maternité ou un simple brassard pour signaler aux patients l'existence du mouvement. Elles ont donné de la voix une première fois le 7 novembre dernier à Paris, entre 4000 et 6000 personnes dans les rues pour réclamer d'avantage de reconnaissance. Ce mardi, elles manifestent à nouveau, comme à Caen, et se rassemblent devant les Agences régionales de santé (ARS) alors qu'une réunion se déroule au ministère de la santé.
Au coeur de ce mouvement, la question du statut de cette profession. Si elles sont considérées dans le code de la santé publique comme une profession médicale, elles estiment ne pas être considérées comme telle, notamment à l'hopital. "Il y a une méconnaissance de nos capacités par la population. Souvent les femmes sont très surprises quand elles découvrent l'étendue de nos compétences, il en va de même de nos pairs, les gens avec lesquels on travaille, comme les médecins ou les anesthésistes", raconte Jessie Rousselet
sage-femme au CHU de Caen.
Seulement 11% des femmes suivies par une sage-femme
Les sages femmes réclament notamment plus d'autonomie et d'être reconnues comme des professionnels de premier recours. "Une sage femme peut suivre une grossesse normale (sans pathologie) tout du long et on peut également être actrice dans la santé des femmes, aujourd'hui on prescrit la contraception, on fait du suivi gynécologique. Il faut savoir que dans certains pays, comme la Suède, la sage-femme est le premier recours pour suivre une grossesse", déclare Sandra Lemetayer, sage-femme à l'Aigle, "En France, il n'y a que 11% des femmes qui sont suivies par une sage femme pendant leur grossesse."Si un consensus existe dans la profession autour de la nécessité de reconnaître d'avantage les compétences des sages femmes, toutes les organisations ne sont pas d'accord sur les moyens d'y parvenir. Certains plaident pour un statut de praticien hospitalier. Mais celui-ci impliquerait que les sages-femmes de hôpitaux renoncent à leur statut de fonctionnaire. Pour des syndicats comme la CGT, la reconnaissance doit passer par une revalorisation des salaires. Le salaire d'une sage-femme hospitalière débute à 1.400 euros nets par mois.
Reportage de Stéphanie Lemaire, Gildas Marie et Eric Ruchmann
Intervenants:
- Jessie Rousselet, sage-femme à Caen
- Sandra Lemetayer, sage-femme à l'Aigle
- Nathalie Querini, sage-femme à Lisieux
- Matthieu Piriou, sage-femme à Caen