Joël Martinez avait fait rénover son logement de fonction aux frais du CHU de Caen quand il en était le directeur. Ces travaux avaient coûté prés d'un million d'euros. Le parquet demande son renvoi en correctionnelle pour abus de confiance.
En octobre dernier, Joël Martinez se voyait infliger une amende de 6000 euros par la Cour de Discipline Budgétaire et Financière., une juridiction chargée de réprimer les infractions commises en matière de finances publiques. L'ancien directeur du CHU de Caen, démissionnaire en 2009, était sanctionné pour avoir fait rénover son logement de fonction dans des conditions douteuses, des travaux dont le montant s'élevait à près d'un million d'euros. Cette même affaire va prochainement conduire Joël Martinez devant les tribunaux.
Le parquet de Caen a annoncé ce mardi avoir demandé un renvoi en correctionnelle de l'ancien directeur du CHU de Caen. "Le parquet a demandé un renvoi pour abus de confiance concernant les dépenses estimées abusives engagées pour son logement de fonction", aux frais de l'hôpital, qui a demandé à être partie civile, a indiqué à l'AFP le procureur adjoint Jean-Pierre Triaulaire sans souhaiter préciser le montant, l'instruction n'étant pas totalement close.
Le juge d'instruction devrait rendre sa propre décision en janvier, selon M. Triaulaire. Le parquet reproche en outre à M. Martinez de ne pas avoir fait d'appels d'offres pour la rénovation de son propre logement et de celui d'un directeur adjoint. Mais le montant des travaux pour ce second logement n'est pas problématique aux yeux du parquet.
En 2009, la direction du CHU avait évoqué un montant de 970.000 euros de travaux mais, selon une source proche du dossier, ce montant concerne les deux logements. Celui des travaux pour la maison de M. Martinez serait de l'ordre de 600.000 à 700.000 euros, selon la même source.
Par ailleurs l'avocat de M. Martinez, Me François La Burthe, a demandé l'annulation de la totalité des actes d'instruction à la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Caen qui devrait elle aussi se prononcer en janvier.
Joël Martinez avait créé la surprise en annonçant sa démission en mars 2009 de la direction du CHU peu de temps avant la parution d'un "Livre noir des hôpitaux français" signé par trois journalistes du Point. M. Martinez avait alors, selon ses déclarations aux syndicats et aux élus, dit s'être aperçu qu'il avait dépensé "beaucoup trop pour (son) logement de fonction" et avoir jugé cela "indécent", selon FO. Il avait été mis en examen en juillet.
Son avocat d'alors, Me Laurent Houdart, avait déclaré que son client avait "signé quelques devis mais n'a(vait) pas vu l'ampleur de ce qu'il signait". "Ce n'est pas uniquement de la négligence. Derrière il y a une nébuleuse qui existait vraisemblablement avant son arrivée", avait-il ajouté. Le ministère avait annoncé la révocation de M. Martinez, arrivé à la direction du CHU de Caen en janvier 2007. En juin, le CHU plombé par les déficits et l'amiante, avait annoncé qu'il allait être placé sous tutelle de l'Etat.