Avec l'annulation ou le report des spectacles puis le confinement, les intermittents subissent de plein fouet cette baisse d'activité. Si des mesures gouvernementales ont été évoquées pour les aider, les intermittents craignent une année difficile.
Kevin Thébaud est technicien vidéo à Saint Etienne du Rouvray, et travaille sur les tournées d'artistes.
Le week-end dernier, il aurait dû assurer le spectacle de Roméo Elvis à Bercy. Quatre jours de préparation et quatre jours de résidence, auxquels aurait du s'ajouter la date du spectacle, soit une dizaine de jours de travail.
Annulés pour cause de coronavirus et de confinement.
Kevin devait aussi s'occuper de la tournée de Mathieu Chedid en mai.
Reportée en septembre.
" Dès le mois de février, les tourneurs ont pris la décison, dans le doute, d'annuler ou de reporter les spectacles en septembre. Je n'ai donc plus d'activités depuis début mars. Ma seule perspective de travail c'est une quinzaine de dates au mois de mai. sans certitude donc " nous explique Kevin qui dit pourtant ne pas se plaindre
Depuis les premières mesures de restriction de rassemblements publics jusqu'à l'annonce du confinement le 17 mars dernier, les intermittents du spectacle subissent une perte importante de leurs revenus.
A la précarité de leurs activités, s'ajoute aujourd'hui l'incertitude de leurs allocations et la crainte de perdre leur statut.
Un statut précaire
Pour ouvrir des droits à l'assurance chômage, un intermittent doit travailler un minimum de 507 heures dans l'année.Kevin Thébaut travaille entre 800 et 1000 heures par an. Il reçoit dit il, "des allocations journalières complémentaires confortables lorsqu'il ne travaille pas".
"Mais si je ne fais pas en 2020 le même nombre d'heures que les années précédentes, c'est l'année 2021 qui sera impactée, et je n'aurais pas le même niveau de revenus"
Devant ces nouvelles difficultés, le gouvernement (ministères du travail et de la culture) cherche des solutions pour venir en aide aux intermittents, et soutenir la culture dans son ensemble.
La période du 15 mars jusqu'à la fin du confinement devrait être neutralisée, et la date anniversaire de l'ouverture des droits, décalée.
Les intermittents qui arriveraient en fin de droits pendant cette période continueraient également d'être indemnisés (cf le Film Français).
Christine Lacombe est comédienne, metteuse en scène et directrice artistique du théâtre L'Almendra à Rouen. Aujourd'hui son théâtre est fermé. Elle a dû annuler l'accueil des compagnies théatrales, arrêter ses cours et remettre ses spectacles à plus tard.
En revanche ses charges fixes n'ont pas changé : 2700 euros chaque mois, ce qui est beaucoup pour un lieu comme le sien.
Christine ne se sent pas encore en danger, car la date anniversaire du renouvellement de son statut d'intermittent vient de passer et elle se sait à l'abri pour quelques temps.
Jean Kasperczyk, directeur artistique de la Compagnie Pianosmobiles se pose aussi
un tas de questions. Lui et sa compagne, régisseuse et diffusseuse, ont leur date anniversaire de renouvellement de leurs statuts au mois de mai. Il lui manque une dizaine de dates, il manque à sa compagne 70 heures.
"Nous étions en tournée dans les Alpes à l'annonce du confinement. Quatre dates annulées, et dans la foulée le ville d'Harfleur a reporté notre spectacle à l'année prochaine. En tout huit dates annulées et de grosses incertitudes pour cet été car les festivals vont sans doute se poser la question aussi ".
Pour compenser ces heures manquantes, Jean Kasperczyk va piocher dans la trésorerie de sa compagnie, argent qui devait servir à la création de son prochain spectacle.
Lui aussi refuse de se plaindre, car dit il "la plupart des petites compagnies n'ont pas de trésorerie" .
Si certains intermittents pourront compter sur l'aide de leur mutuelle, la plupart se retrouve dans une précarité stressante.
Ils attendent donc la confirmation rapide d'une aide du ministère de la culture qui a aussi évoqué la création d'un fonds de soutien à l'ensemble du secteur.