L'astronaute normand Thomas Pesquet cobaye pour une étude sur l'atrophie musculaire

L'astronaute normand Thomas Pesquet est arrivé le 20 novembre dernier dans la station spatiale internationale (ISS) où il va rester six mois. Il participe notamment à une étude sur l'atrophie musculaire, une étude qui pourrait aider les accidentés mais aussi les futurs voyageurs vers Mars.

Aider les accidentés ou les malades trop longtemps alités: l'astronaute français Thomas Pesquet s'est prêté mardi dans la station spatiale internationale (ISS) à un protocole scientifique sur l'atrophie musculaire. Cette expérience, intitulée Sarcolab-3, est une collaboration avec la Russie. Elle a été préparée et suivie en direct au Centre d'aide au développement des activités en micropesanteur et des opérations spatiales (Cadmos) du CNES à Toulouse.



Pendant un vol spatial d'une durée de six mois, "un astronaute va perdre de 20 à 30% de sa masse musculaire même s'il fait des exercices quotidiens", a expliqué Alain Maillet, responsable des expériences physiologiques au CNES. "Mais quand les astronautes reviennent, ils bénéficient généralement d'une guérison naturelle. L'idée est de comprendre cette guérison. Cela peut aider les accidentés, les malades longtemps alités qui ont perdu de la musculature", ajoute-t-il.



Short et maillot noir, le "cobaye" Pesquet s'est installé dans un fauteuil avec juste derrière, le drapeau français. A ses côtés un échographe, un électromyogramme, un stimulateur électrique et, pour l'aider, le Russe Serguey Ryzhikov. L'ensemble de l'installation occupe la quasi totalité de Colombus, l'un des quatre modules scientifiques de l'ISS. Et nécessite une vingtaine d'heures de travail, montage et démontage compris.


Et il faudra recommencer. L'étude durera plusieurs années. Des nouvelles mesures sont prévues dans dix jours et les troisièmes et dernières auront lieu en avril, 30 à 45 jours avant le retour de Pesquet. Ensuite, ce sera au tour de l'Italien Paola Espolinée, dont le décollage est prévu en 2017.

En forme sur Mars

Jambe droite bloquée par des sangles, Pesquet a dû plier ou pousser sur son pied pendant que, "pour forcer la chose", selon M. Maillet, on lui envoyait de l'électricité. Tous les résultats ont été enregistrés.

Dans la salle de contrôle du Cadmos, devant les images HD de l'ISS, l'ambiance est sereine. Hélène Ruget, titulaire d'un doctorat en sciences, casque sur la tête, est en liaison constante avec Pesquet. Après quelques réglages, elle lève à plusieurs reprises le pouce, signe que tout va bien. "On est là pour aider et répondre aux questions, si nécessaire", explique-t-elle, soulignant que le but des mesures est aussi "de comprendre comment le cerveau intègre la perte du muscle et renvoie les informations".

"C'est un vrai plaisir de travailler avec Pesquet", assure l'opératrice Cécile Thevenot: c'est une "véritable émotion d'être tous les jours dans cette salle". "On a préparé les expériences avec lui, développé les procédures", ajoute-t-elle. "Travailler avec Pesquet, c'est simple. Il est sympa, motivé et a à coeur de réussir les expériences", renchérit Sébastien Barde, patron du Cadmos.

Le Cadmos a pour mission de préparer, d'organiser et d'assurer l'exécution des missions scientifiques devant être réalisées en micropesanteur, à bord de l'ISS, d'une capsule récupérable, d'une fusée-sonde ou de l'Airbus Zéro-G. Cette étude sur les muscles de son genou et de sa cheville a aussi un intérêt majeur pour la conquête spatiale. Le voyage interplanétaires sur Mars nécessitera six mois seulement pour l'aller. "Les gens qui reviendront de Mars ne reviendront pas en bon état", craignait Pesquet, au début de son entraînement. "L'ambition est que l'homme qui posera un jour le pied sur Mars soit en forme", affirme M. Barde.  

Les astronautes perdant également de la masse osseuse, un protocole de recherches est prévu également sur ce thème avec Pesquet. Menée en collaboration de la NASA, cette étude qui peut être mise en corrélation avec l'ostéoporose sera dirigée par une scientifique de Saint-Étienne.

Au total, Pesquet doit effectuer une centaine d'expériences en six mois, dont la moitié est gérée pour l'agence européenne par le Cadmos. Sept ont été spécifiquement préparées pour lui.

Le reportage de France 3 Midi-Pyrénées

 

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