Attentat de St Etienne-du-Rouvray : le portrait d'Abdel Malik Petitjean, le complice savoyard d'Adel Kermiche

Le jeune bachelier de 19 ans aurait porté les coups mortels contre le prêtre selon une enquête de l'Agence France Presse. Il communiquait avec son complice rouennais par internet guidé par le djihadiste français Rachid Kessim

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Le bac, plusieurs emplois et la tentative de départ vers la Syrie


"Sois un lion", "il faut les faire payer" : solitaire, Abdel Malik Petitjean, l'un des deux assassins du prêtre de l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, a trouvé sa motivation, sa cible et son complice sur les réseaux sociaux et sous les ordres de Rachid Kassim, un des jihadistes français les plus influents dans la zone irako-syrienne.

Abdel Malik Petitjean, que ses proches appellent Malik, n'est pas connu de la justice avant l'été 2016. Il s'est rendu en Turquie en juin, probablement sur la route de la Syrie, avec un ami, Jean-Philippe Steven Jean-Louis. Ce dernier déjà connu des services, a été interpellé en Turquie et refoulé vers la France. Petitjean, 19 ans, est parvenu à rentrer par ses propres moyens et passe sous les radars.

Depuis son retour, "il semble avoir erré", de covoiturage en covoiturage, entre Aix-les-Bains (Savoie) où vit sa mère, Nancy où il voit son cousin, et Montluçon, chez l'une de ses soeurs, décrit à l'AFP une source proche de l'enquête.

La religion devient l'obsession d'Abdel Malik Petitjean


L'entourage du jeune homme a bien remarqué un changement de comportement depuis qu'il fréquente plus assidument la mosquée - "il prie cinq fois par jour", "ne rigole plus", "ne veut plus passer des moments en famille" -  mais sans s'alarmer, selon les éléments de l'enquête recueillis par l'AFP.

Abdel Malik Petitjean passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. Parmi ses contacts, Rachid Kassim, l'un des propagandistes français les plus influents de l'Etat islamique , via la messagerie Telegram. C'est aussi via Telegram qu'Abdel Malik Petitjean croisera la route d'Adel Kermiche, son complice lors de l'attaque de l'église, le 26 juillet.

Abdel Malik n'a pas de contact avec son père biologique. Il a pris le nom d'un mari de sa mère, qui l'a vu grandir à Saint-Dié (Vosges) où habitait le couple. Aux enquêteurs, son père décrit un "enfant gentil et travailleur", mais "toujours un peu crédule". "On l'appelait boulette le bouffon".

L'homme, soudeur de métier, n'avait plus beaucoup de contacts avec ce fils qu'il considérait comme le sien, mais il savait qu'"il était à fond dans la mosquée".

Trois ans plus tôt, il était encore un "élève tout à fait normal" en seconde, dans un lycée d'Aix-les-Bains, a raconté l'un de ses anciens camarades aux enquêteurs.

"On sortait en boîte de temps en temps, on jouait au foot. Bref tout ce que font les jeunes", a ajouté le jeune homme, 18 ans. "Mais l'année dernière, je n'ai plus eu de nouvelles de lui (...) il ne répondait pas" au téléphone, a raconté son ami.
Et il y a quelques mois, "il a fait style de ne pas me voir" dans la rue. "J'étais choqué car je l'ai vu avec une grande barbe".

Mi-juillet, il cherche une cible terroriste et fait une vidéo de menace


Lorsque Malik passe quelques jours chez sa soeur aînée mi-juillet, elle le trouve changé. Il ne se lave plus, est renfermé, cache ce qu'il fait sur l'ordinateur. Et pour cause : il cherche une cible, entre concerts en plein air ou boîtes de
nuit. "Sois un lion", "t'inquiète Allah est là", "il faut les faire payer", reçoit-il sur Telegram. Il poste une photo de lui, barbe longue et djellaba devant un drapeau noir de l'EI.

Le 19 juillet, Petitjean reçoit les conseils de Kassim pour monter une vidéo où il menace la France. Puis, son nouveau mentor l'exhorte à passer à l'acte, contre "le coeur des kouffars" (mécréants). Parmi les cibles, Petitjean pense à une synagogue.

Il faut frapper la France, lui répond Kassim, qui semble redouter une attaque reliée au conflit israélo-palestinien, raconte la source proche de l'enquête.

De retour chez sa mère, il tente d'acheter un fusil sur internet en donnant une fausse adresse. En vain.

Le rouennais Adel Kermiche cherche lui aussi une cible


Au même moment, Adel Kermiche, sorti de prison en mars et assigné à résidence avec un bracelet électronique pour avoir tenté de rejoindre la Syrie, anime une chaîne sur Telegram depuis son domicile, à Saint-Etienne-du-Rouvray, ce que les enquêteurs ne découvriront qu'après coup. Il y préconise une attaque au couteau dans une église.

Dans la nuit du 21 au 22 juillet, Petitjean contacte Kermiche via Telegram. D'abord méfiant, ce dernier lui conseille finalement de monter à Rouen. Le 23 juillet au soir, le père d'Adel Kermiche refuse que cet inconnu, "Malik", dorme chez lui. Malik s'installe dans un parc et communique avec son complice via Telegram.

Le 25 juillet, une première tentative échoue : l'église est fermée. Le lendemain matin, Adel Kermiche laisse un message sur Telegram : "téléchargez ce qui va venir et partagez-le en masse". Armés d'un pistolet de collection et d'un couteau de cuisine, les deux hommes pénètrent dans l'église vers 9h25.

Abdel Malik Petitjean a porté 18 coups de couteau au père Jacques Hamel, dont un fatal à la carotide. C'est aussi lui qui a blessé grièvement un fidèle à la gorge et au dos.

Deux proches des terroristes mis en examen et écroués


Les deux jihadistes sont morts, tués par les forces de l'ordre. Le cousin de Nancy de Petitjean, Farid K. dont les enquêteurs ont la conviction qu'il connaissait son projet, a été mis en examen et écroué. Tout comme Yassine S., un jeune homme de 22 ans originaire de la banlieue toulousaine, qui a rejoint Petitjean et Kermiche à Saint-Etienne-du-Rouvray, mais les a quittés sans participer à l'attaque.

Rachid Kassim est visé par un mandat d'arrêt international.

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