Des centaines de personnes ont arpenté les rues de Saint-Lô en hommage à Kylian, 17 ans, poignardé à mort dimanche sur le parking d'une boîte de nuit. Seuls les pas des participants rompaient le silence dans le centre-ville de la cité manchoise, ce mercredi 2 octobre 2024.
Derrière les banderoles "Justice pour Kylian", "Tu vas nous manquer", "on ne t'oublie pas", des centaines de personnes ont répondu présentes ce mercredi 2 octobre 2024, au soir. Elles sont venues rendre hommage au jeune homme de 17 ans, tué dimanche 29 septembre au matin sur le parking d'une boîte de nuit dans le Calvados, près de Bayeux.
"Je souhaiterais que les politiques soient touchés par ce genre de drame dans leur famille, ça ferait peut-être bouger les choses" lance amèrement Jean Metay, manager du Boxing club de Saint Lo, avant le démarrage du cortège.
Kylian était champion junior de Normandie de boxe. Un garçon "discret" et "travailleur", selon ses entraîneurs. Le jeune homme allait bientôt avoir 18 ans mais sa vie s'est arrêtée brutalement.
Kylian était adorable, pas méchant, protecteur. Un jeune homme de 17 ans qui aimait la vie et qui voulait en profiter.
Mère de Kylian, mort poignardé le 29 septembre à la sortie d'une discothèque
"Repose en paix", "notre champion Kylian"
Un restaurant kébab, le stade, le lycée et le club de boxe. Le parcours de la marche blanche fait écho aux habitudes et aux lieux qui comptaient pour Kylian. "Je suis venu avec ma copine (...) il y a un mélange de tristesse et de colère à la fois", exprime un jeune homme vêtu de blanc.
"C'est un garçon qui travaillait bien à l'école, il était avec son meilleur ami depuis la maternelle, c'était un boxeur aussi, c'était son copain et il a vu son copain mourir. C'est affreux, et son frère était là aussi, vous vous rendez compte du drame ?", rappelle Jean Metay, manager du Boxing club de Saint Lo.
Dans l'assemblée, la mère du jeune homme a la voix qui tremble lorsqu'elle veut remercier tous ceux qui sont venus marcher en hommage à son fils. Elle lance "il ne méritait pas ça, il va nous manquer beaucoup". Avant de se souvenir les larmes aux yeux : "Kylian était adorable, pas méchant, protecteur. Un jeune homme de 17 ans qui aimait la vie et qui voulait en profiter".
Kylian, poignardé à mort sur le parking d'une boîte de nuit
Selon certains témoins, au petit matin de ce dimanche 29 septembre, tout aurait débuté par un simple verre renversé. Une banale embrouille qui dégénère à la fermeture de la discothèque. "C'est de la violence gratuite", résumait Jean Metay, son entraîneur de boxe, au lendemain du drame.
Touché grièvement à la gorge, Kylian est décédé avant huit heures. Son agresseur présumé est rattrapé et maîtrisé par le portier de l'établissement. L'homme en question est un Caennais âgé de 24 ans. Interrogé par la police, le suspect nie d'abord les faits avant d'avouer avoir assené le coup mortel. Il nie cependant avoir tué Kylian volontairement.
Au terme de sa garde à vue, l'homme a été déféré au parquet et placé en détention provisoire mardi 1er octobre au matin. Une information judiciaire pour meurtre a été ouverte. Il encourt une peine maximale de 30 ans de réclusion criminelle.
En attendant la tenue d'un procès, les investigations se poursuivent sous contrôle du juge d'instruction.
Non à la récupération politique
Lors de la marche blanche dans les rues saint-loises, Mohamed, un ami proche de Kylian a aussi choisi de prendre la parole, épaulé par d'autres copains. "Voir autant de monde, ça prouve qu'il n'avait pas d'ennemis mais qu'il avait que des amis", scande le jeune homme.
Il rejette toute récupération politique et n'accepte pas que l'extrême droite tente de s'emparer de la mort de Kylian en indiquant que son agresseur est "un migrant". "Les fachos ne vont pas commencer à ramener leur politique dans notre ami (sic). On a vu des posts sur les réseaux sociaux inadmissibles, on n'accepte vraiment pas ça", s'offusque haut et fort le tribun.
Avant de lancer les applaudissements, c'est en levant le poing vers le ciel que les centaines de personnes ont rendu hommage à Kylian. Un geste symbolique en souvenir du jeune prodige du ring, dont les obsèques auront lieu lundi 7 octobre à Saint-Lô.