Suite à l'annonce de la présence de chlorothalonil dans l'eau potable dans différentes communes de Caen-la-mer, le président de la communauté de communes voisine, Seulles Terre et Mer, a décidé d'interdire l'eau du robinet dans les écoles de sa commune.
Depuis un mois, Thierry Ozenne, président de Seulles Terre et Mer, a pris la décision de ne plus distribuer l'eau aux écoles de la communauté de communes, sans vraiment justifier sa démarche. Un "simple principe de précaution", selon l'élu, qui est aussi médecin généraliste.
11 écoles privées d'eau potable
Le 14 novembre dernier, c'est la stupeur dans les écoles de Seulles Terre et Mer. Les parents d'élèves reçoivent un courrier les informant de la présence de pesticides dans l'eau du robinet.
Même si l’ARS n’impose pas l’interdiction de la consommation, la communauté de commune a décidé par principe de précaution de mettre à disposition des restaurants scolaires de l’eau minérale en bouteilles.
Extrait du courrier envoyé aux parents d'élèves par les écoles
Les écoles concernées décident alors de suivre ce même principe de précaution pour le temps scolaire et demandent aux parents "de fournir de l'eau minérale en quantité suffisante pour votre enfant afin qu'il puisse boire dans la journée."
Une décision qui interroge. Pourquoi les enfants ne peuvent-ils plus boire l'eau du robinet à l'école, alors qu'ils la consomment à la maison ?
Le président de la communauté de communes a pris l'initiative de couper l'eau dans les écoles et cantines, juste après la publication des analyses de l'eau du robinet sur le territoire voisin de Caen la mer, en novembre dernier.
Présence d'un pesticide dans l'eau
Le 10 novembre 2023, les habitants de Caen la mer ont reçu un courrier pour les informer de la présence d’un métabolite de pesticide, le chlorothalonil, sur l’ensemble des eaux distribuées du territoire d’Eau du bassin caennais.
Le chlorothalonil est un fongicide utilisé pour protéger les céréales, les fruits et les légumes. Son utilisation est interdite par l’Union européenne et la France depuis 2020, mais il est toujours présent dans les sols. C'est dans la partie nord-ouest du territoire que les concentrations en chlorothalonil sont les plus fortes, juste à côté de la communauté de communes Seulles Terre et Mer.
Le chlorothalonil a d'ailleurs été retrouvé, en plus ou moins grande quantité, dans d'autres communes du Calvados.
L'eau du robinet est-elle consommable ?
Pour la ville de Creully-sur-Seulles, le taux de Chlorothalonil R471811 est bien supérieur à la normale, mais reste inférieur à 3 µg/L, comme les communes dessinées en jaune. Les conclusions sanitaires des analyses du 29 novembre dernier sont les suivantes : "Eau d'alimentation non conforme aux exigences de qualité fixées pour les paramètres chloridazone desphényl, chloridazone méthyl-desphényl et chlorothalonil R471811. Les concentrations mesurées dans le cadre du contrôle renforcé sont inférieures aux valeurs sanitaires transitoires définies par précaution par le ministère de la santé. L'eau peut être consommée sans restriction d'usage."
Pas d'inquiétude donc, selon l'Agence Régionale de Santé. Pourtant, Thierry Ozenne, également médecin généraliste, préfère éviter aux jeunes enfants des communes qu'il administre de consommer cette eau.
Le président du syndicat mixte du Vieux Colombier qui gère les eaux de ce territoire n'a pas participé à cette décision et attend les résultats de nouvelles analyses, qui sont en cours, avant de communiquer.
Plusieurs fois sollicité par nos équipes, Thierry Ozenne a rappelé dans un communiqué destiné à la presse :
L’eau potable distribuée par la SAUR sur notre territoire n’est pas impropre à la consommation. De sa propre initiative, la communauté de communes Seulles Terre et Mer a pris la décision d’approvisionner ses écoles en bouteilles d’eau minérale au nom du « principe d’extrême précaution »
Thierry Ozenne, président de la communauté de communes Seulles Terre et Mer et maire de Creully-sur-Seulles
L'élu ajoute qu'il espère "sortir rapidement du tunnel d’attentes réglementaires avec le verdict de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES)."