D'après de récentes analyses, la qualité de l'eau distribuée à Caen est altérée par un pesticide interdit depuis 2020. Des résidus de chlorothalonil en quantité supérieure à la normale ont été détectés par le syndicat Eau du Bassin Caennais, qui se veut rassurant.
Des résidus de pesticides dans l'eau courante utilisée par les habitants de Caen-la-Mer. Plusieurs analyses effectuées ces dernières semaines dans l'agglomération caennaise ont révélé la présence d'un métabolite de pesticide, le chlorothalonil.
Ce fongicide est interdit depuis mai 2020 par l'Union Européenne. Les agriculteurs s'en servaient notamment pour protéger certaines cultures de céréales (blé, orge), de légumes et de pommes de terre. Le chlorothalonil est aussi un élément de base de certaines peintures de protection des coques de bateaux, et de protection de boiseries. Il a été prohibé notamment à cause de son importante toxicité pour la faune marine.
Pas de restriction d'usage... mais pas d'études précises sur la dangerosité du chlorothalonil
Sur certains secteurs du nord et de l'est de l'agglomération caennaise, "des teneurs supérieures à la valeur sanitaire transitoire de 3 microgrammes par litre ont été relevées", relate le syndicat Eau du Bassin Caennais, gestionnaire du réseau de l'eau courante.
Eau du Bassin Caennais n'émet "pas de restriction d'usage pour les consommateurs". Pour l'heure, l'eau est donc considérée comme "consommable". Si le syndicat explique que "la présence de ce sous-produit dans l'eau potable est un phénomène national", il précise aussi qu'aucune étude sur la potentielle dangerosité du métabolite de chlorothalonil sur la santé des humains n'est encore rendue.
Les analyses approfondies sont justement en phase terminale si l'on en croit le communiqué du gestionnaire de l'eau caennais. "Ces données plus précises sur les métabolites du chlorothalonil, leurs potentiels effets sur la santé à long terme et les seuils de référence sont attendues début 2024, de la part de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES)".
L'agence sanitaire européenne (EFSA) a placé la substance dans sa catégorie 2B, "peut-être cancérigène"... En France, l'ANSES n'ayant pas encore fixé de valeur sanitaire maximale (Vmax) pour jauger de la consommabilité de l'eau, une valeur sanitaire transitoire (VST) de 3 microgrammes par litre d’eau a été fixée par le ministère de la santé. Bien qu'aujourd'hui dépassée dans une partie du réseau de l'agglomération caennaise, cette valeur n'entraîne donc qu'une "non-conformité" de l'eau courante. Selon l'Agence régionale de santé, elle n'est "pas forcément impropre à la consommation".