Années pop, années choc : quand la peinture fait sa révolution au Mémorial de Caen

Depuis le 22 juin, le Mémorial de Caen présente l'exposition "Années pop, années choc", une sélection d'une soixantaine de tableaux d'artistes "pop" européens issus de la collection du milliardaire suisse Jean Claude Gandur. De 1960 à 1975, une période pleine de bouleversements.

Voilà plus de 40 ans maintenant que Jean Claude Gandur a débuté sa collection. Il possède aujourd'hui près de 3700 objets et tableaux. "Je vous assure que je les connais tous et il ne faut surtout pas m’en déplacer un de là où il se trouve parce que je le remarque immédiatement", raconte, dans un sourire, le milliardaire suisse. Sa collection, ce passionné souhaite la faire partager au plus grand nombre et compte un jour lui consacrer un musée, peut-être à Caen. En attendant, il en dévoile des échantillons à travers des expositions.

Pour la deuxième fois, la fondation Gandur pour l'art collabore avec le Mémorial de Caen. En 2020, une exposition consacrée à la peinture abstraite en France entre 1945 et 1962 avait été présentée aux visiteurs du musée pour la Paix. Trois ans plus trad, le voyage se poursuit. Direction les années 60-75. "La peinture, c’est un media qui permet de comprendre une époque. Je me suis attaché à cette époque après avoir fait les années 50 et le début des années 60 qui est plutôt une peinture abstraite, décorative, belle, mais qui ne vous raconte pas nécessairement une histoire. Elle vous parle d’un moment de l’histoire de l’art mais elle ne vous parle pas de l’histoire avec un grand h."

Cette époque, c'est celle de la jeunesse de Jean Claude Gandur. C'est aussi celle de grands bouleversements, dans la société comme dans l'art. "Dans les années 60, la nouvelle génération ne veut plus de l'abstraction. Elle veut retourner à la figure", raconte Yann Schubert, co-commissaire de l'exposition, "C’est un moment extrêmement important qui part de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis - on a le mouvement pop qui se met en place - et en France - à Paris notamment - il y a le mouvement de la figuration narrative qui est là et reprend ces mêmes codes du cinéma, de la bande dessinée, qui vont vraiment changer le visage de la peinture.

"Des gens qui ont envie de tout foutre par terre"

Arroyo, Erró, Fromanger, Grau, Messac, Rancillac, Télémaque, soixante-neuf pièces de vingt-six artistes de toutes nationalités ayant tous travaillé en France, piochées parmi les 350 de la collection privée de Jean-Claude Gandur, sont présentées depuis le 22 juin au Mémorial de Caen. "Ces peintres, comme les militants de cette époque, sont des enfants de l’après-guerre. C’est très important de comprendre ça. Ce sont donc des gens qui vont porter un regard très critique sur la société de leurs parents", souligne Stéphane Grimaldi, co-commissaire de l'exposition, "En France, c’est la génération de mai 68, des gens nés après 1945 et qui, arrivés à l’âge adulte, ont envie de tout foutre par terre. Ces peintres-là font la même chose. Ils vont accompagner ça, voire l’anticiper. Ils sont témoins d’une histoire et ils sont acteurs de cette histoire. De ce point de vue là, ces tableaux ont toute leur place dans un musée d’histoire comme le Mémorial.

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Depuis le 22 juin, le Mémorial de Caen présente l'exposition "Années pop, années choc", une sélection d'une soixantaine de tableaux d'artistes "pop" européens issus de la collection du milliardaire suisse Jean Claude Gandur. De 1960 à 1975, une période pleine de bouleversements. ©S.Daniel/B.Goulet/R.Saint-Esteve

Articulée autour de dix grand thèmes qui abordent les grands bouleversements de ces années choc (idéologies et affrontements, impérialisme, juger les nazis, sociétés divisées, Franquisme, pin-up et émancipation de la femme ou encore Mai 68), l'exposition raconte l'histoire d'un art en pleine révolution dans une société en pleine mutation. Aux côtés des oeuvres prêtées par la fondation Gandur pour l'art, les visiteurs pourront découvrir des objets issus de cette époque. "Ces peintres racontent une histoire d’un temps précis qui sont les années 60 à 75 : la guerre du Vietnam, mai 68. Nous, nous ajoutons des objets qui vont soutenir ce propos. Et ça marche vraiment bien", indique Stéphane Grimaldi,  "Les visiteurs vont à la fois trouver ici une expo, ils vont découvrir des peintres que la plupart d’entre eux ne connaissent pas, mais ils vont aussi se replonger dans une partie de leur histoire, une histoire récente qui est souvent l’histoire de la majorité des visiteurs de cette maison."

L'exposition "Années pop, années choc" est à découvrir jusqu'au 31 décembre 2023 au Mémorial de Caen. 

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