Mardi 2 juillet, une centaine d'avocats de la France entière signait une tribune contre le Rassemblement National. Parmi eux, une quarantaine de Normands, basés principalement à Caen. En réponse, un site d'extrême droite appelle à "les envoyer dans un fossé ou dans un stade."
Une centaine d'avocats issus de la France entière s'est constituée en "brigade du droit contre le Rassemblement National", mardi 2 juillet, dans une tribune publiée dans Marianne. Pour justifier leur prise de position, ils revendiquent une action réalisée "au nom des grands principes du droit, des libertés fondamentales et des valeurs républicaines de liberté, d'égalité et de fraternité".
Une tribune qui ne passe pas à l'extrême droite
Dans leur lettre, les avocats estiment que le RN est un "danger pour la société", puisqu'il prône "une idéologie raciste, antisémite et suprémaciste".
Nous nous opposerons au rétablissement des peines planchers, à la suspension des allocations familiales, à la réforme de l’aide médicale, à la suppression du droit du sol et à la préférence nationale. Nous nous opposerons à la baisse de la contribution de la France au budget européen et à tout repli national. Nous serons là si nous devons utiliser le droit pour faire annuler tous décrets et toutes lois iniques. Nous serons là s’il faut faire condamner tous les ennemis de l’État de droit.
Tribune collective des "avocats contre le RN"publiée dans Marianne, le 2 juillet 2024
Chez les sympathisants d'extrême droite, l'initiative des avocats est mal accueillie, évidemment. Reprenant le nom de la centaine de signataires de la tribune, le site reseau-libre.org établit une "liste (très partielle) d'avocats à éliminer".
Plus largement, le rédacteur de la publication estime "qu'il est nécessaire de neutraliser la grande majorité des avocats". Les menaces sont à peine dissimulées : "Imaginons tous ceux de cette liste retrouvés dans un cul de basse fosse ou simplement "disparus", et la peur changera de camp".
Invitée à réagir à ces menaces, une avocate signataire de la tribune "déplore qu'il puisse y avoir ce genre de réactions face à des avocats qui manifestent leur attachement au droit et à leur mission de défense pour tous. C'est une attitude déplorable et dangereuse qui va appeler des réponses individuelle et collective".
La justice saisie
Judiciairement, en effet, la réponse n'a pas tardé. Des signalements ont été réalisés sur la plateforme Pharos - ou l'on peut signaler les contenus illicites sur internet -, le parquet de Paris a été saisi et des dépôts de plaintes sont en cours. "On est clairement sur de l'incitation au meurtre, ni plus ni moins", dénonce l'avocate.
Pour autant, les auteurs ne semblent pas craindre les répercussions de leurs actes menaçants, évoquant la "légitime défense" face à des avocats qui "crachent sur les citoyens français en ne respectant pas le choix des urnes".
Nous ne sommes pas formellement identifiés, nous ne serons pas arrêtés, et nous serons peut-être condamnés, on s'en tappe!"
Condor, auteur sur le site reseau-libre.org
Les avocats signataires de la tribune devraient publier un communiqué en réaction aux menaces dont ils font l'objet.