Ce dimanche 12 mars avait lieu la finale du concours de plaidoiries des avocats, au Mémorial de Caen. Avocate au barreau de Genève, en Suisse, Me Maryam Meylan a été distinguée pour sa plaidoirie dénonçant la répression des femmes en Iran.
Six mois après l’assassinat de Mahsa Amini, 22 ans, par la police des mœurs à Téhéran, Maryam Meylan, 36 ans, a choisi de plaider pour son pays. "Femme, vie, assassinée" est un plaidoyer coup de poing qui dénonce l’oppression dont les femmes sont victimes dans la république islamique d’Iran. Découvrez son intervention complète.
"Une loi sacrée, une loi intouchable, une loi scélérate"
Dans la foulée de la mort de Mahsa Amini, un important mouvement de contestation éclot dans tout le pays, et bien au-delà. Des femmes arrachent et brûlent leur hijab en signe de désobéissance civile. Le slogan "Femme, vie, liberté" est repris par les manifestants, jusqu’à atteindre l’hexagone.
Vous pouvez découvrir l’intégralité du plaidoyer de Maryam Meylan de 4:12:00 à 4:25:30, et visionner le replay de la finale :
Dans sa tribune, Maryam Meylan décrit le code vestimentaire strict imposé aux femmes iraniennes comme "une loi sacrée, une loi intouchable, une loi scélérate". La mort serait "le prix, disent-ils, de ce crime impardonnable consistant à refuser de cacher la beauté sous le tissu", "cache-misère moral, qui déguise la répression aveugle en un louable respect des bonnes mœurs."
Maryam Meylan se glisse dans la peau des femmes et hommes tués pour leurs opinions en Iran et dénonce également "l’impuissance des mécanismes juridiques internationaux à stopper cette violation grave des droits de l’Homme". Concluant par : "soyons leur voix. Soyons ceux qui se lèvent et protestent."
Le dessinateur de presse Emmanuel Chaunu intervenait quant à lui tout au long du concours pour appuyer les plaidoiries d'un trait de crayon acéré.
Changer le monde en 12 minutes
Plus de 1 000 personnes sont venues assister à l’événement, pour lequel 10 avocats français et étrangers étaient en lice. Objectif de cette finale, pour les professionnels du barreau : dénoncer les atteintes aux droits de l’Homme dans un temps de parole limité – 12 minutes maximum.
Découvrez le reportage de France 3 Normandie sur la finale du concours :
Si Maryam Meylan a obtenu deux prix – le prestigieux prix du Mémorial et de la Ville de Caen, et le prix du Public, 7 000 euros au total – Me Théodore Jean-Baptiste, du barreau de Paris, et Me Stéphanie Saint-Surin, du barreau de Port-au-Prince à Haïti, ont également été distingués.
Le premier a remporté le prix du Jeune Barreau pour "Esclaves au paradis", évoquant les Haïtiens ramassant la canne à sucre en République dominicaine. La seconde, le prix du Barreau pour "Ils se sont regardés mourir", dénonçant les conditions de détention des prisonniers haïtiens.
Les prix ont été remis par Patrick Chauvel, reporter de guerre, et Joël Bruneau, maire de Caen.