Dès ce mercredi 8 mars et jusqu'au 19 mars prochain, des élèves du collège François Truffaut d'Argentan (Orne) renomment huit rues et leur établissement. A l'aide de panneaux temporaires, ils leur attribuent symboliquement des noms de femmes.
Ce mercredi 8 mars, certains élèves se dressent fièrement devant le collège François Truffaut d'Argentan, des feuilles plastifiées à la main.
Malgré leurs visages de bambins, une idée bien mature est sortie de leurs têtes : féminiser le nom des rues de leur ville et ce, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes. "C'est moi qui l'ai choisi celle-ci", lance fièrement une jeune collégienne.
Les élèves sillonnent les rues, interpellés parfois par quelques curieux souhaitant comprendre la démarche.
Huit pancartes symboliques retenues
Cette initiative démarre d'un constat : seules huit rues d'Argentan portent des noms de femmes. Très peu, trop peu, pour Christine Jarry, professeure d’enseignement moral et civique et ses élèves. "C'était l'occasion idéale, de par la date, mais aussi dans le cadre d'un cours sur l'égalité femme-homme.", détaille l'encadrante.
Nous aussi les femmes on est là. On ne peut pas être oubliées. On a des rôles importants et il faut le dire.
Alise, collégienne
Son camarade de classe ajoute. "Il y a encore trop d'inégalités aujourd'hui, comme les salaires par exemple." Jeunes certes mais déjà conscients.
Au départ, cinquante plaques ont été préparées. Huit ont été retenues par la mairie. Certains de ces noms de substitution ne vous disent peut-être rien mais l'objectif est bien là pour Christine Jarry : "nous ne voulions pas tomber dans la mise en avant de noms que nous voyons souvent. Il y a eu un vrai travail de recherche des enfants. C'était important de présenter des femmes issues de métiers et d'horizons différents."
Tout le monde peut apprendre, toujours au bon endroit. "L'idée était d'entretenir une cohésion dans la ville. A côté du monument aux morts, nous avons mis Simone Segouin, résistante normande. A côté du lycée, il s'agira d'une philosophe.", détaille la professeure. Mais alors, ces noms pourraient-ils rester dans le temps ? "Il semble compliqué de débaptiser des rues. Par contre dans le quartier de la vallée d'Auge qui est en rénovation, il se pourrait que les nouvelles rues aient en priorité des noms de femmes." La preuve qu'on peut faire bouger les choses à n'importe quel âge.