Violences sexistes et sexuelles faites aux femmes : que faire quand on est victime ?

Sortir d'un cycle de violences sexistes ou sexuelles n'est pas chose aisée pour les victimes. À qui parler, comment trouver de l'aide, comment porter plainte ?

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Parler de ce que l'on vit, parvenir à s'extraire d'un environnement violent, passer la porte d'un commissariat, ce sont des épreuves que beaucoup de femmes n'arrivent pas à surmonter.

Ce lundi 25 novembre 2024, à l'occasion de la journée de lutte internationale contre les violences faites aux femmes, le Premier ministre Michel Barnier a acté la généralisation du dépôt de plainte à l'hôpital.

L'hôpital, un commissariat ou une association : où et vers qui se tourner quand on est victime, comment déposer plainte ?

"Il n'y a pas une meilleure façon de faire qu'une autre", prévient d'emblée Adeline Morin, juriste au Centre d'information des femmes et de la famille (CIDFF) du Calvados, basé à Lisieux. "La première démarche, c'est d'en parler. C'est bateau je sais, mais c'est vraiment important de ne pas garder le silence."

En parler à une personne de confiance

Le premier pas pour sortir des violences, qu'elles soient conjugales ou non, physiques, sexuelles ou psychologiques, est de livrer son témoignage à une personne de confiance, qui saura agir directement ou bien qui saura à son tour faire appel à des personnes formées.

Ces dernières peuvent être "un ou une professionnelle de santé, médecin traitant, gynécologue, personnel des urgences... Une association d'aide aux victimes, le planning familial ou encore les Centres d'information des femmes et de la famille".

"Des femmes font appel à nous avant de porter plainte parce qu'elles ont besoin d'être rassurées, d'autres font le cheminement inverse", explique Adeline Morin du CIDFF Calvados. "Elles n'en sont pas toutes au même stade, certaines n'ont même pas conscience de toutes les violences qu'elles subissent".

Porter plainte au commissariat ou à l'hôpital

Pour porter plainte, si l'on se sent capable de le faire, il est toujours possible de se rendre dans un commissariat de police ou de gendarmerie. Dans ce cas, n'hésitez pas à demander à une personne de confiance de vous accompagner.

Nouveauté annoncée ce lundi, il est aussi possible de déposer plainte directement dans les hôpitaux dotés d'un service d'urgence ou d'un service gynécologique. Cela concerne 377 hôpitaux en France sur 1.347 établissements publics.

Certains sont déjà dotés d'une convention depuis un an, c'est le cas des CH de Lisieux et de Caen. Le personnel hospitalier est formé pour recueillir les témoignages et remplir une sorte de préplainte, comme on peut en faire en ligne. Pour les cas les plus extrêmes, la gendarmerie ou la police se déplace directement à l'hôpital.

Au CHU de Caen, une quinzaine de plaintes ont été déposées en un an dans le service du Professeur Grégoire Moutel, qui s'occupe de l'accueil des victimes de violences. "Avant, elles obtenaient juste un certificat pour la Justice alors que maintenant on a un dispositif bien plus global et la victime a une prise en charge complète, y compris psychologique".

Récolter des preuves des violences à l'hôpital

L'équipe s'occupe alors de récolter des preuves des violences, permettant d’étoffer les dossiers : qu'il s'agisse de faire constater des violences physiques comme psychologiques (état de stress, angoisse, problèmes de sommeil etc.). Sur l'année écoulée, environ 250 consultations ont eu lieu dans son service.

Dans le cas d'une agression sexuelle ou d'un viol, on peut y "faire des prélèvements génétiques pour avoir l'ADN de l'agresseur ou des examens toxicologiques pour savoir si la victime est sous emprise", détaille le professeur Grégoire Moutel.

Certaines victimes ont parfois le réflexe compréhensible de se doucher ou de changer de vêtements après l'agression : autant de preuves perdues pour une potentielle enquête. Sachez aussi qu'il est possible de faire constater ces preuves même sans avoir porté plainte. Elles seront conservées jusqu'à ce que la personne soit prête à entamer des démarches judiciaires.

Se faire accompagner par des associations

Pour savoir dans quel hôpital se rendre ou bien vers quelle association se tourner : le site Arrêtons les violences regorge de conseils et d'informations sur le sujet. Pour trouver des associations formées à l'écoute des victimes en Normandie, une liste est disponible en cliquant ici ou encore ici.

Vous pouvez effacer votre historique de recherche sur votre navigateur si besoin de discrétion, détails ici pour savoir comment procéder. Il est aussi possible d'obtenir de l'aide par téléphone, au 3919, une ligne d'écoute gratuite et anonyme.

En cas de danger immédiat, il faut appeler le 17, ou bien le 114 pour les personnes sourdes, malentendantes, aphasiques et dysphasiques. Si vous ne pouvez pas rester chez vous et que vous avez besoin d'un hébergement d'urgence, avec ou sans enfants, l'association Itinéraires est tout indiquée en Normandie.

Pour les témoins de violences, des conseils pratiques pour savoir comment réagir sont aussi à retrouver sur le site Arretons les violences.

Adeline Morin, du CIDFF Calvados ajoute un conseil : "on évite de publier des vidéos ou images sur les réseaux sociaux pour dénoncer des agresseurs, c'est une fausse bonne idée qui peut se retourner contre vous". Avant d'insister une dernière fois : le plus important reste de "ne surtout pas garder le silence".

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