A Caen, les policiers en colère assurent le "service minimum" ce mercredi

Les policiers, fortement mobilisés ces dernières semaines, sont appelés par leurs organisations syndicales ce mercredi 19 décembre à exprimer leur colère et leurs revendications. A Caen, ils assureront uniquement "le service minimum".

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"La réunion avec le ministre de l'Intérieur (ndlr: mardi soir) ne s'est pas bien terminée parce que le gouvernement ne mesure pas la réalité de nos besoins et la grogne grandissante dans nos rangs", déclarait ce mercredi matin Ruddy Sergeant, du syndicat Unité SGP Police FO. A la veille du "mercredi noir" annoncé par les organisations syndicales, Christophe Castaner avait rencontré les représentants des policiers pour tenter de désamorcer une situation tendue.
 

"On ne fait pas l'aumône"

Mais la proposition d'une prime de 300 euros n'a pas convaincu. "On ne fait pas l'aumône", s'insurge Lydia Brillant du syndicat Alliance, "les problèmes sont tellement importants et vastes ! Vous vous rendez compte que les collègues de nuit, on leur paye 98 centimes l'heure de nuit. Les collègues qui travaillent les jours fériés c'est 34 centimes. Ce n'est pas possible, on ne va pas se faire acheter avec 300 euros ! C'est pas ça le problème." Et la déléguée syndicale de réclamer un "plan Marshall de la police".

Ce mercredi matin, les agents ont symboliquement bloqué le commissariat de Caen. Et ne multiplieront pas les interventions durant la journée. "Les brigades ne sortiront que sur un appel 17, un appel urgent. Les policiers ne feront pas d'initiative, de patrouille de sécurisation, nous assureront uniquement un service minimum", explique Ruddy Sergeant.

Selon les représentants syndicaux, le malaise est présent depuis déjà un certain temps au sein de la police, fortement sollicitée depuis plusieurs années. "On a été mobilisé avec les gilets jaunes mais il n'y a pas que les gilets jaunes. Avant, c'était la loi travail, avant la loi travail c'était les agriculteurs, avant les agriculteurs, c'était les lycéens et depuis Charlie, ce sont les attentats. On est tout le temps mobilisé, ça fait des années que ça dure", souligne Lydia Brillant.
 
Et ces dernières semaines n'ont en rien, selon les organisations syndicales, arrangé la situation des policiers. "Il n'y a que nous sur la voie publique depuis cinq semaines avec des collègues rappelés, usés, fatigués avec des vacations de 10, 12, 15 heures parfois dans des conditions rudes, avec un manque d'effectif criant et surtout avec un manque de matériel en nombre et en bon état", affirme Ruddy Sergeant, qui tient à préciser que "il faut bien distinguer le vrai gilet jaune avec des revendications légitimes, du casseur, du fauteur de troubles et du casseur de flics parce que sur les manifestations, il y avait les quatre profils".
 

"La principale revendication, c'est la sécurité"

Ce mercredi matin, le gouvernement a annoncé que les heures supplémentaires des policiers seraient payées selon un calendrier qui reste à définir. Interviewé par nos confrères de RMC, le secrétaire d'Etat Laurent Nuñez estimait que trois millions d'heures supplémentaires sont créées chaque année. "Le manque d'effectif fait qu'on ne peut pas poser ces heures", explique Ruddy Sergeant, "On a besoin d'effectif, de matériel spécifique, en bon état et en nombre suffisant. La principale revendication, c'est la sécurité de nos collègues pour qu'ils puissent exercer leur travail dans de bonnes conditions.

Lydia Brillant, du syndicat Alliance, déplore ainsi que "on a des casques qui sont obsolètes pour les unités de roulement, on a des véhicules vétustes, le commissariat est sale parce qu'on a pa assez de budget pour le faire nettoyer correctement (...) on a 15 paires de jambières pour 20 collègues qui partent en maintien de l'ordre. On n'a même pas un gilet jaune siglé Police par policier quand on va sur les accidents de la route !"
 
Reportage de Pauline Comte et Myriam Thiebault
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