L'ancien patron de la CGT, le Normand Thierry Lepaon, a pris la tête l'an dernier de la délégation interministérielle à la langue française pour la cohésion sociale. Il était ce lundi à Caen dans le cadre de la 5e édition des journées nationales de lutte contre l'illettrisme.
C'est un phénomène à la fois massif et silencieux. "L'objectif, c'est de faire tomber le tabou", expliquait ce lundi midi sur notre antenne Thierry Lepaon. Si la France pointe encore dans le classement des 10 premières puissances économiques mondiales, elle occupe également la 22e place des 24 pays de l'OCDE en termes d'illettrisme, un phénomène "nommé" par ATD Quart Monde en 1981 mais qui, plus de 30 ans plus tard, reste encore sous-estimé. "Commencer à en parler, c'est aussi agir pour que le quotidien puisse changer."
Notre pays compterait aujourd'hui 6 millions de personnes rencontrant des difficultés dans la maîtrise de la langue française (lecture, écriture). Et ces difficultés ne touchent pas qu'une population en marge de la société puisque la moitié des personnes concernées sont sur le marché du travail. "Une personne en situation d'illettrisme sur deux est dans l'emploi: elle se lève le matin, fait sa journée au travail et rentre le soir chez elle, et a souvent une vie sociale, une vie culturelle, une vie sportive et tout ça sans savoir ni lire ni écrire. On parle de personnes nées en France, scolarisées en France et qui, malgré les efforts de chacune et chacun, ne savent toujours pas lire, écrire, compter."
L'ancien patron de la CGT, le Normand Thierry Lepaon, a pris la tête l'an dernier de la délégation interministérielle à la langue française pour la cohésion sociale. Il a également été nommé président de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme. C'est fort de ces deux "casquettes" qu'il s'est rendu ce lundi matin dans une agence Pôle Emploi de Caen à l'occasion de la 5e édition des journées nationales de lutte contre l'illettrisme (du 8 au 15 septembre).
L'illettrisme "numérique"
A l'illettrisme "classique" s'ajoute désormais une autre forme d'exclusion: l'illectronisme, un illettrisme numérique. "Nous aujourd'hui dans notre pays 13 millions de personnes qui sont en difficulté face au numérique et qui ne savent pas par exemple envoyer ou recevoir un mail', explique le délégué interministériel à la langue française pour la cohésion sociale, "c'est comme si La Poste décidait d'enlever 13 millions de boites aux lettres à nos concitoyens. Tous les changements qui s'opèrent dans les administrations, pour trouver un travail, pour rendre compte de ses activités, sont extrêmement difficiles pour une partie de la population. On risque d'avoir deux sociétés."Thierry Lepaon était l'invité de votre édition régionale ce lundi midi