Le dessinateur iranien préside l'association fondée au mois de septembre au Mémorial à l'occasion des rencontres du dessin de presse. Il exhorte ses collègues à s'emparer de ce douloureux sujet : "il faut qu'on soit plus engagés encore pour défendre la liberté !"
Au mois de septembre, il participait au rassemblement des dessinateurs de presse au Mémorial de Caen. Au lendemain des attentats du 7 janvier, les rencontres avaient du être reportées de quelques mois. Kianoush était bien entendu de ce rendez-vous à la rentrée, parce qu'il estime plus que jamais nécessaire de défendre la liberté d'expression, parce qu'il n'entend certainement pas céder aux intimidations. La mort de ses confrères de Charlie Hebdo l'a beaucoup affecté : "Depuis le 7 janvier, j'avais compris le danger". Alors, les tueries qui ont ensanglanté Paris vendredi soir ne l'ont pas étonné.
"J'étais à Berlin vendredi soir. Mais ça m'a blessé d'apprendre cela. D'autant que j'habite près du bar visé rue Charonne. Je passe devant tous les jours" dit Kianoush. "J'ai décidé de dessiner. C'était le seule façon de me calmer. Puis j'ai eu le directeur du Mémorial de Caen au téléphone. On a discuté." L'idée a germé de lancer un appel aux dessinateurs de l'association United Sketches for Freedom, créée en septembre au Mémorial. En tant que président, Kianoush se sent investi d'une mission : "Il fait qu'on soit plus motivés, plus engagés pour défendre la liberté."
Hasard du calendrier, au lendemain des attentats, Kianoush a appris l'arrestation d'un de ses amis proches en Iran, le dessinateur Hadi Heydari. "Je crois qu'il faut qu'on parle. La charia, l'islamisme, c'est ma vie. J'ai grandi en Iran. Ce qui me gêne aujourd'hui, c'est le silence des musulmans de France. je comprends la douleur des familles musulmanes qui n'en peuvent plus d'être montrées du doigt. Il faut réagir, il faut manifester en nombre, publiquement, pour condamner le terrorisme. Le seul moyen d'être efficace, c'est une manifestation nationale, organisée par les musulmans de France".