À 23 ans, Matéo Leclair partage avec ses près de 1400 abonnés ses courses, compétitions et aventures à vélo. Par cette démarche, il veut montrer l'intérieur des pelotons, observer son évolution personnelle et inciter le plus de personnes possibles à se lancer dans le cyclisme, peu importe leur niveau.
Matéo Leclair ne retire jamais les pieds des pédales. Ce jeune homme de 23 ans, passionné de cyclisme, parcourt de 300 à 400 km par semaine. Et il s'agit d'une véritable histoire de famille avec le vélo. "Ça a commencé il y a 10 ans avec mon père qui m'a emmené sur mes premières randonnées VTT et après, j'en faisais tout le temps, tous les week-ends avec lui, et puis la passion a pris de plus en plus de place", explique-t-il.
Son premier déclic pour se lancer corps et âme dans le cyclisme est apparu quand il a commencé ses études, a eu son premier appartement et son indépendance. "Ça m'a permis de sortir beaucoup plus souvent pour rouler et de faire beaucoup plus de grosses semaines, et c'est là que j'ai vraiment commencé à me complaire, à faire beaucoup de sport".
Julian Alaphilippe comme déclic
Matéo s'est décidé à prendre une licence en club et à se lancer dans les compétitions il y a quatre ans. Il doit ce déclic à Julian Alaphilippe. Son "épopée en jaune" en 2019 lui a donné envie de s'y mettre, lui aussi.
"Après, j'ai aussi vu pas mal de vidéos sur Youtube de mecs de mon âge qui montraient ce qu'il se passait dans les pelotons et, ça aussi, ça m'a vraiment motivé à me mettre à la compétition", poursuit-il en citant l'américain NorCal Cycling et les français Jeune Cycliste Dynamique et Quentin Ruel.
L'étudiant s'entraîne cinq à sept fois par semaine sur une douzaine d'heures, ce qui lui permet de jongler entre le sport et les études "de manière assez efficace".
Au-delà des compétitions, Matéo Leclair a également eu envie de documenter ses courses. Il a dressé le constat qu'on voyait rarement "l'intérieur des pelotons amateurs en France et même dans le monde". Alors, à chaque fois qu'il prend le guidon, il met une caméra Go Pro au-dessus du porte compteur. Une fois l'enregistrement lancé, "ça fait toute la longueur" et il n'a plus qu'à parler par-dessus.
Un vidéaste autodidacte
Et une fois la course terminée, une autre commence, souris en main sur son ordinateur. Sur Youtube, Matéo Leclair devient Matlair Cycling. Au départ, ses premières vidéos mettaient en avant ses descentes de cols, "histoire de garder un souvenir de ce que je pouvais faire, de mes sorties".
Il souhaitait aussi prouver que le vélo est un sport accessible au plus grand nombre "et qu'il ne faut pas avoir peur de se lancer, on peut se mettre à la compétition à tout âge et se faire plaisir sans avoir un niveau exceptionnel", assure-t-il.
Rapidement, l'idée lui est venue de filmer ses courses pour s'en souvenir, analyser ses erreurs et "montrer l'intérieur des pelotons au reste du monde". Sa chaîne est actuellement suivie par près de 1400 abonnés. Il y fait des débriefs de courses, se filme quand il part sur de longues sorties, comme à Saint-Malo, par exemple. En somme, il y partage tout ce qui est en lien avec le vélo et devrait même présenter du matériel cet hiver.
L'idée au départ, c'était de faire une chaîne qui montre que le vélo, ce n'est pas juste se cailler pendant cinq heures le samedi matin.
Matéo Leclair, cycliste et youtubeur
Mais avant d'arriver à ce succès grandissant, Matéo s'est beaucoup entraîné. "J'ai eu pas mal de pratique, j'ai sorti pas mal de vidéos et ça m'a permis de m'améliorer au fur et à mesure du temps". Apprendre à filmer, raconter la course et la commenter n'a pas été un exercice facile au début. "Ça prend du temps à développer", concède le jeune cycliste.
Une démarche appréciée
D'abord licencié à Argentan, Matéo porte désormais les couleurs de l'ES Caen qu'il a rejoint depuis qu'il est étudiant. Ces dernières saisons, le club est d'ailleurs en plein essor avec des performances remarquables aux championnats de France, d'Europe et même du monde.
Et même si Matéo est encore loin de tout cela, sa démarche de filmer les courses et de les médiatiser est très appréciée au sein du club caennais. Arnaud Martin, cycliste de l'ES Caen s'en réjouit. "C'est toujours sympa, ça fait parler le club, on voit des belles vidéos". D'un autre côté, cette initiative peut permettre d'attirer des jeunes car généralement, ceux qui se lancent sont des passionnées dont les parents ont "déjà fait du vélo".
J'aime bien regarder les courses quand on a couru le dimanche. On la voit dans la semaine, filmée de l'intérieur, c'est sympa. On se dit : "tiens, à ce moment-là, il y a eu telle chose, donc c'est sympa et ça fait de belles images. Ce serait dommage de s'en passer."
Arnaud Martin, ES Caen
Néanmoins, Arnaud Martin observe toute de même "un engouement pour le vélo sous toutes ses formes, que ce soit sur la route, un peu sur piste, pas mal en cyclocross" et, maintenant, "avec le gravel".
Pour le cycliste, ces vidéos sont une manière de (re)découvrir ce qui se passe dans un peloton, "parce qu'on ne se rend pas toujours compte de ce qui s'y passe quand on est 40 ou 50 ensemble à rouler à 40 à l'heure, constate-t-il. On est très proches les uns des autres, ça frotte un peu, c'est un peu viril de temps en temps, ça fait voir ces choses-là donc c'est une bonne chose".
Pour rappel, mettre une caméra sur un vélo n'était pas autorisé il y a quelques années. Dans certaines régions ou compétitions, "ce n'est pas tout à fait autorisé ou alors pas très toléré. Sur certains championnats, c'est interdit carrément", note Arnaud Martin.
Des retours positifs en ligne et en compétitions
Jusqu'à maintenant, Matéo Leclair n'a eu que des retours positifs, chose qui l'a "plus ou moins" surpris. "Avec le nombre de commentaires, j'aurais pu m'attendre à avoir quelques personnes qui ne sont pas forcément très bienveillantes". Force est de constater que "dans le monde du vélo, c'est impressionnant, tout le monde est bienveillant, les commentaires sont vraiment un plaisir".
En plus de la bienveillance en ligne qui accompagne ce début de notoriété, Matéo s'est déjà fait reconnaître au championnat de Normandie, en pleine course, par un autre cycliste abonné à sa chaîne. Preuve que son contenu touche de plus en plus de monde.
Alors que la saison sur route prend fin, le jeune cycliste youtubeur ne perd pas les pédales et garde la tête sur les épaules. C'est évidemment à vélo qu'il se rend à l’université étudier l'informatique pour s'assurer un avenir empli d'échappées belles.
Avec Boris Letondeur / FTV