Caen : Le prêtre libanais Mansour Labaky condamné à 15 ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur mineur

Le procès du prêtre libanais Mansour Labaky s'est ouvert ce lundi 8 novembre devant la cour criminelle du Calvados. L'homme de 81 ans est poursuivi pour quatre viols sur mineurs et trois agressions sexuelles. Il s'est réfugié depuis plusieurs années dans son pays d'origine. 

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Mise à jour du 9 novembre : Après deux heures de délibérés, la cour criminelle du Calvados a condamné le prêtre libanais Mansour Labaky à quinze ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles sur mineurs. La peine est conforme aux réquisitions de l'avocat général Pascal Chaux. Le magistrat a estimé que l'accusé n'avait "eu de cesse de dénigrer les plaignantes, allant jusqu'à les accuser de folie" et qu'il "a aussi exercé des pressions, directes ou indirectes, sur certaines victimes ou leur famille".  Ainsi, parmi les trois victimes du prêtre dans ce dossier, deux d'entre elles, deux soeurs, ont "reçu de nombreuses menaces au Liban", a rappelé durant l'audience Me Solange Doumic, l'avocate de la partie civile, qui a insisté dans sa plaidoirie sur les "conséquences" des actes du prêtre pour les victimes. "Une a fait des tentatives de suicide; une autre a été anorexique et dépressive; une autre encore a été contrainte à l'exil et on l'a fait passer pour folle; deux soeurs ont été séparées". Mansour Labaky était absent à son procès. Il s'est réfugié depuis plusieurs années dans son pays d'origine, le Liban, qui refuse d'extrader ses ressortissants.

 

Alors que le rapport Sauvé sur les crimes sexuels perpétrés par des prêtres sur des mineurs secoue depuis plusieurs semaines l'église catholique française, le procès d'un homme d'église, poursuivi pour des faits similaires, s'ouvre ce lundi 8 novembre devant la cour criminelle du Calvados, à Caen. L'accusé, Mansour Labaky, sera jugé par défaut. Il s'est refugié depuis plusieurs années dans son pays d'origine, le Liban. A l'ouverture de l'audience, son avocate, Florence Rault, a demandé le renvoi. Non en raison de l'absence de son client mais d'un autre impératif professionnel. Elle doit assister, en début d'après-midi à Paris, Patrick Buisson mis en cause dans le procès des "sondages de l'Elysée". Une demande rejetée au grand soulagement de la représentante des victimes. " Pour toutes celles qui attendent ce procès depuis huit ans et demi, ce n’est pas possible !", a ainsi plaidé Maître Soulange Doumic.

Il aura fallu dix ans pour que la procédure aille à son terme. Cette personnalité charismatique a été pour la première fois mise en cause en 2011. Le père Labaky était alors un homme admiré au Liban, dans son pays d'origine. Il était également très respecté en France pour son dévouement : ce prêtre maronite avait créé un orphelinat dans le Calvados, à Douvres-la-Délivrande, au sortir de la guerre civile qui avait éclatée au pays du cèdre. En 1998, l'académicienne Jacqueline de Romilly disait toute son admiration dans un reportage de France 3 Normandie : "quand il est avec les enfants, quand il parle d'eux, je sens une générosité affective et de l'amour, c'est le mot qu'il faut employer".

Le prêtre libanais a dirigé cet orphelinat jusqu'en 1998. Mais durant toutes années, celui qui déclarait sur notre antenne avoir "voulu agir en bon samaritain" en emmenant en France une trentaine d'orphelins libanais, se serait livré à des viols et des agressions sexuelles sur des mineurs, dont certains âgés de moins de 15 ans. 

"Ce dossier est bouleversant à cause de la solitude des victimes, à cause de leur difficulté à révéler les faits, expliquait Me Solange Doumic en 2016 quand la justice a délivré un mandat d'arrêt international. L'avocate qui défendra trois des parties civiles soulignait "l'aura de Mansour Labaky qui a réussi à séduire un nombre d'intellectuels et de politiques et des gens influents. Il émouvait tout le monde pour tout le bien qu'il était sensé faire auprès des orphelins. Pendant ce temps-là, il violait et il martyrisait moralement des enfants".

Un prêtre décrit comme un manipulateur par sa nièce

Céleste Akiki, est venue spécialement des Etats-Unis pour participer à ce procès en qualité de témoin. "C'est un pédocriminel. Il y a plusieurs victimes. Je ne suis pas la seule", déclare celle qui est aussi la nièce de Mansour Labaky, "Il est adulé au Liban. Il est mis sur un piédestal. Depuis mon enfance, presque tout le monde m'enviait de l'avoir comme oncle. Il profite à fond de cette célébrité, il sait la manipuler, il utilise son charisme pour se faire aimer et créer une sorte d'image de prêtre irréprochable.  Et c'est comme ça qu'il a apprivoisé ses proies quand elles étaient vulnérables, mineures, pour les abuser."

En 2013, Mansour Labaky a été condamné par l'Église pour abus sexuels sur mineurs. "La condamnation du Vatican a été prise dans des conditions cavalières. Mgr Labaky a été victime d'une manipulation où se sont mêlés chantage et faux témoignages" plaidait sont avocat dans un entretien accordé au Point en 2016.

L'église compte beaucoup sur la justice française pour aller encore plus loin."

Père Laurent Berthout, porte-parole du diocèse de Bayeux-Lisieux

Le père Laurent Berthout, porte-parole du diocèse de Bayeux-Lisieux, a tenu ce lundi à assister à l'audience. "A partir de 2011, à partir du moment où des victimes commencent à s'exprimer et demandent à rencontrer Mgr Boulanger (à l'époque évêque de Bayeux-Lisieux) et le cardinal XXIII de Paris, elles sont accueillies, écoutées. Le cardinal et l'évêque demandent une enquête qui aboutit à la découverte de ces faits effrayants et demandent à la congréagation de la foi de prendre ses responsabilités", rappelle le prêtre. Mansour Labaky est condamné à renoncer à toutes ses responsabilités et à se retirer dans un couvent.  "L'église ne peut pas condamner à la prison, c'est à la justice criminelle de le faire. L'église compte beaucoup sur la justice française pour aller encore plus loin que nos propres décisions."

 

Je n'ai jamais pensé qu'il se déplacerait. Il est bien trop manipulateur pour se confronter aux victimes. Et au Liban, il ne risque rien.

Me Solange Doumic, avocate des parties civiles

Le père Labaky vit aujourd'hui au Liban. Son pays n'a pas signé de convention d'extradition avec la France. Il n'a d'ailleurs jamais répondu aux convocations des magistrats français, parce qu'il est "est gravement malade", et que "sa condition physique ne lui permet pas de se déplacer jusqu'en France" insistait encore son avocat. Le mandat d'arrêt international lancé par un juge d'instruction de Caen est resté sans effet. "Il est censé s'être retiré dans un couvent or il se déplace comme il veut. Il n'a jamais respecté les sanctions (...) Encore maintenant, il a au Liban des partisans qui le suivent aveuglément, qui ne croient pas les victimes.", s'insurge sa nièce Céleste Akiki, "C'est lui qui proclamait qu'il voulait être en face de ses victimes. Alors pourquoi n'est-il pas là ?  Son absence, c'est la première preuve de sa culpabilité."

C'est donc "par défaut criminel" qu'il est jugé à partir de ce lundi 8 novembre au palais de justice de Caen. Trois jeunes femmes, dont deux soeurs âgées de 39 et 43 ans, ont le statut de victimes dans ce dossier. Une seule s'est portée partie civile. "Les autres, deux soeurs, ont reçu de nombreuses menaces au Liban", a expliqué ce lundi matin à l'AFP l'avocate des parties civiles, Me Solange Doumic. D'autres anciennes "protégées" du prêtre avaient aussi saisi la justice, mais les faits qu'elles dénonçaient sont prescrits. Devant la cour criminelle du Calvados, l'ancien responsable de l'orphelinat de Douvres-la-Délivrande risque vingt ans de réclusion criminelle. Son avocate a annoncé son intention de plaider l'acquittement. Les réquisitions sont attendues en fin d'après-midi.

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