Municipales à Mézidon : des colistiers du candidat Rassemblement National portent plainte pour abus de faiblesse

Bons de massage, signatures sous-couvert d’anonymat, confusions entre listes et cartes électorales. Quatre colistiers d’Emmanuel Norbert-Couade (RN), candidat à Mézidon-Vallée-d’Auge (Calvados), affirment avoir été floués.
 

Coralie s’est rendue à la gendarmerie pour la seconde fois ce vendredi 6 mars.  "Ils voulaient me ré-entendre et mettre sous saisie le bon que j’avais reçu," témoigne la jeune fille de 19 ans. Cette dernière a découvert, il y a quelques jours, par le biais de sa tante qu’elle était membre de la liste du candidat soutenu par le Rassemblement National, Emmanuel Norbert-Couade, sur la commune de Mézidon-Vallée-d’Auge en vue des élections municipales. Avec d'autres colistiers, elle a décidé de porter plainte pour abus de faiblesse. Une enquête est en cours. 

"Il s’est présenté chez moi le 25 février pour pouvoir me mettre sur sa liste électorale," se remémore-t-elle. "J’ai fait l’association liste, carte, vu que je n’avais pas encore reçue ma carte électorale. Je pensais que je signais un papier pour recevoir ma nouvelle carte électorale. Suite à ça je me suis inscrite sur sa liste. Ensuite, il m’a offert un bon pour un massage. En gros, on a échangé un bon pour une signature."
 


Le candidat à la mairie, que l’une de nos équipes avait eu l’occasion de rencontrer avant le dépôt des listes, et qui était alors en difficulté pour la clôturer, aurait également argué qu’une telle inscription resterait anonyme. Une méthode qu’il aurait utilisée pour obtenir les signatures de trois autres de ses colistiers.
 

« Il ne nous a pas dit qu’il était du front national »


Parmi elles, les cousines de Coralie, Sarah et Amandine qui avaient prévues de lui rendre visite ce jour-là. "Le monsieur s’est présenté, nous a directement tutoyé, nous a donné des papiers. Puis, il a commencé à nous parler de sa famille et du bon qu’il allait nous faire, » appuie Sarah. « Il ne nous a pas dit clairement qu’il était du front national. Nous on n’a crus que c’était pour recevoir chez nous notre carte électorale. Après les élections il nous a promis un restaurant."

Un discours similaire aurait été tenu à David pour obtenir sa signature. "Il s’est présenté à mon appartement et m’a dit qu’il cherchait du monde pour compléter sa liste, homme-femme, peu importait", emboite David. "Au début, je n’étais pas trop emballé parce que je ne m’y connais pas. Il m’a dit que ce serait anonyme, que je pouvais donner mon deuxième prénom. Il a insisté et j’ai pas tellement bien réfléchi. Il a fini par me dire -à la fin de tout ça je vous propose un restaurant-. J’ai trouvé ça un peu bizarre. Mais j’ai signé. C’était une bêtise."

Contacté par actu.fr, le candidat a répondu que ces accusations étaient "des peaux de bananes que l’on dégaine pour (le) saborder".  Lorsque nous l’avions interrogé sur la possibilité que certains candidats le soient à leur insu, lundi, alors même que ces témoignages n’étaient pas encore remontés, Emmanuel Norbert-Couade avait assuré qu’une telle situation était "peu probable". "Si c’était le cas ça serait frauduleux et ce n’est pas le genre de la maison d’aller sur ce terrain là", avait-il conclu. 
 
Cette affaire n'est pas sans rappeler celle de Giberville. En 2014, les méthodes de recrutement du candidat FN avait mené à l’annulation de l’élection de plusieurs personnes. La justice avait estimée qu’elles avaient été recrutées à leur insu. Le candidat avait alors adressé un courrier aux Gibervillais leur indiquant comment se porter candidat tout en restant anonyme (pas de photo, utilisation du second ou du troisième prénom). 
 
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