"On laisse des enfants être empoisonnés" : vers un scandale sanitaire de pollution aux poussières de bois dans un lycée technique ?

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Un scandale sanitaire couve-t-il dans l'un des plus grands établissements scolaires techniques de la région ? Professeurs et élèves du Lycée Pierre-Simon de Laplace de Caen dénoncent une pollution à la poussière de bois. Aujourd'hui, la concentration de particules fines est jusqu'à 35 fois plus élevée que le seuil réglementaire selon les relevés de l'inspection du travail, qui s'inquiète pour la santé des usagers de l'atelier. Reportage : Florent Turpin & Thierry Cléon Montage : François Hauville ©France Télévisions

Depuis près de quinze ans, les lycéens et enseignants du lycée Laplace de Caen sont exposés à des concentrations de poussières de bois bien supérieures aux seuils réglementaires. Malgré les alertes répétées, rien n'a été fait. L'affaire pourrait se retrouver devant la justice.

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Un scandale sanitaire couve-t-il dans l'un des plus grands établissements scolaires techniques de la région ? Des professeurs et des élèves du Lycée Pierre-Simon de Laplace de Caen dénoncent une pollution à la poussière de bois. 

Depuis janvier, les lycéens ont d'ailleurs l'interdiction formelle de mettre les pieds dans l'atelier de menuiserie. Raison invoquée, un danger grave et imminent causé par la poussière de bois dégagée par les machines. "La base de notre cursus, c'est quand même la pratique, et d'avoir accès à un atelier, déplore Mathias, étudiant en première année développement réalisations bois. 

Pour autant, ces dernières années, et à plus fortes raisons ces derniers mois, il devenait impossible d'apprendre dans ces conditions décentes. "On voyait au fur et à mesure de plus en plus de poussière dans l'air, on a été obligés de mettre des masques, rapporte-t-il. Son camarade Hugo renchérit : "Ça s'est accentué surtout cette année, il y avait pas mal de poussière au sol, même dans l'air". 

Une concentration jusqu'à 35 fois plus élevée que le seuil réglementaire

À l’origine de cette pollution, un système d'aspiration très insuffisant, "trois fois sous-dimensionné par rapport aux besoins", se lamente Jean-Luc Bernet, professeur des métiers de la filière bois. Quand le système a été changé en 2010, l'enseignant raconte s'être rapidement aperçu qu'il y avait un taux d'empoussièrement élevé. "J'ai alerté le proviseur de l'époque, ça n'a pas fait grand-chose. Ces dernières années, j'ai multiplié les messages, les écrits, mais l'information a été bloquée à l'intérieur du lycée".

Durant près de quinze ans, la poussière de bois, très volatile, s'est accumulée dans l'atelier. Aujourd'hui, la concentration de particules fines est jusqu'à 35 fois plus élevée que le seuil réglementaire selon les relevés de l'inspection du travail, qui s'inquiète pour la santé des élèves et des enseignants. 

On se retrouve la nuit à avoir le nez bouché, le nez qui coule, des éternuements à répétition, les maux de tête qui vont avec. 

Morgane Della Via

Professeur des métiers du bois au Lycée Simon de Laplace de Caen

Certains usagers de l’atelier se plaignent de problèmes respiratoires, d'autres de soucis d'urticaire. "Il faut savoir que la poussière de bois peut entraîner des cancers nasopharyngés, que c'est aussi grave que l'amiante, aussi grave que la silice. Pourtant, on laisse des enfants être empoisonnés, fustige Laurence Desmaretz, secrétaire départementale du SNES FSU. 

Le syndicat enseignant souhaite que tous les enfants passés par l'établissement depuis 2010 soient contactés, ainsi que leurs parents. "Il faut qu'ils sachent et qu'ils aient un suivi médical". Pour l'instant, aucune réponse n'a été donnée à cette demande. 

Vers un prolongement de l'affaire devant les tribunaux

Toutefois, il se pourrait que cette affaire de la pollution à la poussière de bois ait une prolongation judiciaire. Dans une lettre datée du 6 septembre dernier, l'inspection du travail déclarait envisager un signalement au procureur de la République.

Quant aux principaux décisionnaires en matière de lycées, le rectorat et la Région Normandie, ils déclarent "travailler à une réouverture de l'atelier, sous protocole et dispositifs de contrôle renforcés". Des travaux importants devraient être lancés en fin d'année. Quant aux enseignants, ils envisagent de porter plainte. 

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