Dernier portrait de notre série « Ils ont une seconde peau ». On vous présente Corine et Philippe, un couple qui partage une même passion : les costumes d’époque. Ils en ont des dizaines, du VIIIe au XXe siècle, qu’ils enfilent lors de visites guidées sur l’histoire de la Normandie.
Heureusement, Corine est guide. Sans elle, on se perdrait dans cette pièce, remplie de penderies et de placards, de boite et de tiroirs… Une collection impressionnante. Mais combien ont-ils de costumes ?
« La question n’est pas « combien ? », mais « quand ? » : on va du VIIIe siècle à 1944 », sourit Corine. Moyen-âge, Révolution, empire, guerres mondiales… En tout, au moins 11 mètres linéaires de costumes.
Se costumer pour mieux comprendre
Nous sommes à Colombiers-sur-Seulles, dans le Calvados. À l’étage de leur maison, dans leur fabuleux vestiaire, Philippe et Corine Vervaeke nous proposent un défilé. Il faut quelques minutes pour enfiler les imposants costumes, et les amoureux doivent parfois s’entraider pour boutonner, agrafer, resserrer...
Mais voici que s’avance, sur le podium, une Corine habillée en noble du XIe siècle. Puis Philippe adopte la fière allure d’un garde-côte sous Louis XV. Et revoilà Corine, transformée en marchande d’huîtres au XVIIIe siècle.
Ils sont des adeptes de l’histoire vivante. « Vivre l’histoire en s’habillant, être dans la peau des personnages, ça permet de mieux comprendre comment vivaient les gens à l’époque », explique Corine.
Elle assure ne pas jouer un rôle. « On ne joue pas la comédie, mais on s’imprègne quand même du personnage. » En noble, elle hausse le menton. En paysanne, changement de posture. « Quand on est habillé, on est habité », résume-t-elle.
Mais avant de les porter, il faut les fabriquer, ces costumes. Ce travail manuel est un premier voyage dans le temps, car pour chaque période, « on a façon des fabrications et des teintures de textiles différentes ».
Se costumer pour mieux transmettre
« C’est mon mari qui a commencé », balance Corine. La maman de Philippe a cousu son premier costume. « Moi, je n’avais pas le niveau ; puis elle m’a appris à coudre et à tailler. »
« Au début, c’était surtout du loisir, explique Corine, et ça l’est toujours ! » Mais en plus de participer à de nombreux festivals médiévaux et autres week-ends de reconstitution historique, Corine est désormais guide conférencière.
Cette ancienne éducatrice sportive s’est reconvertie. À 40 ans, elle a passé un master d’histoire de l’art, puis elle a suivi une formation pour devenir guide. Et voici que naît « Visites au cœur de l’histoire ».
Le concept : une visite guidée comme les autres, sauf que Corine est en costume d’époque. « Le costume est un médiateur pour l’immersion », explique-t-elle. Sans oublier les objets de la collection de Philippe…
Exemple : ce jour-là, le couple organise une visite dédiée aux enfants sur le thème du Débarquement. Corine est en civil, Philippe en militaire. Mais ce n’est pas tout : ils ont emmené avec eux 80 kilos de matériel.
Après une recontextualisation historique, le moustachu organise un petit quiz. Il sort un par un les casques des militaires engagées dans la seconde guerre mondiale, et fait deviner aux enfants à qui ils appartiennent.
Les petits adorent. Ils participent avec plaisir, et mettent sur leur petite tête les gros casques que leur tend Philippe. Lui-même militaire à la retraite, il est bel et bien, comme le décrit son épouse, « un fou de costumes ».
« Certains partent en vacances à l’étranger, nous, on voyage dans les siècles », explique Philippe. Une passion qui n’est en rien synonyme de nostalgie, assure-t-il. « Réellement, je suis très content d’être dans la période où je vis. Quand on se penche dans les périodes passées, on se rend compte que ce n’était pas drôle tous les jours. »