Qui veut participer à une étude sur la cigarette électronique au CHU de Caen

Quel est le meilleur moyen d'arrêter de fumer ? Y'a t-il des effets indésirables à la cigarette électronique ? Des volontaires normands sont recherchés en ce moment pour tester et comparer à l'aveugle des moyens de sevrage tabagique. Le docteur Van Der Schueren nous livre ses premières impressions.

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L'étude a commencé en 2018, mais le confinement l'a stoppée, brutalement, au printemps dernier. Et pourtant l'enjeu est de taille car la cigarette électronique continue d'interroger, de diviser même.

En 2019, l'Organisation Mondiale de la Santé publiait un rapport inquiétant, dans lequel elle jugeait ces cigarettes éléctroniques "incontestablement nocives" et déconseillait ces dispositifs à ceux qui veulent arrêter de fumer. L'OMS mettait aussi en garde contre la "menace actuelle et réelle" que représente la désinformation véhiculée par l'industrie du tabac sur les vapoteuses.

Une position trop tranchée pour beaucoup d'experts de la lutte anti-tabac, comme l'ancienne responsable de l'unité de tabacologie du CHU de Caen, Béatrice Le Pape, qui estimait elle que "la cigarette électronique est une goutte d'eau par rapport à l'océan du tabac".

 


Celle qui lui a succédée, le docteur Marie Van Der Schueren, partage totalement cette vision. "Elle est à 95 % moins dangereuse que la cigarette classique. Le tabac tue aujourd'hui en France 200 personnes par jour." Avec une petite nuance toutefois sur un relatif manque de recul. "Dans 50 ans, on refait une interview..."

Les problèmes rencontrés notamment aux Etats-Unis, avec plusieurs morts suite à des brûlures dans les poumons, "n'ont pas été observés en France, où la législation est beaucoup plus dure : pas de vente aux mineurs, et pas de mélange avec d'autres substances".

Recherche volontaires

L'Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) vient donc de relancer l'étude ECSMOKE, et recrute des volontaires pour évaluer l’efficacité de la cigarette électronique, avec ou sans nicotine, comme aide au sevrage tabagique, en comparaison à un médicament.

En France, on estime à environ 1,7 million le nombre d’utilisateurs quotidiens de produits du vapotage (cigarette électronique – données 2016) mais les connaissances exactes et détaillées concernant l’efficacité de ces produits et le risque associé à leur utilisation manquent afin de proposer la cigarette électronique comme aide au sevrage tabagique. 
L’objectif de l’étude ECSMOKE, promue par l’AP-HP, est de répondre à cette question.

A ce jour en France, 328 personnes ont déjà été incluses. Il en faudrait 650 au minimum.
 

L’étude #ECSMOKE, lancée en 2018, a pour objectif d’évaluer et comparer l’efficacité des e-cigarettes par rapport à un...

Publiée par AP-HP sur Mardi 15 septembre 2020

Le CHU de Caen fait partie des 14 lieux participants, comme Angers, Bordeaux, Paris ou encore Lille. 

Voici les critères demandés aux candidats :
  • Fumer au moins 10 cigarettes par jour,
  • Etre âgés entre 18 à 70 ans,
  • Souhaiter arrêter de fumer, et avoir déjà essayer un fois un traitement, sans succès
  • Ne pas être enceinte
  • Ne pas avoir fumé de cigarette électronique dpeuis au moins 6 mois.
  • Ne pas avoir utilisé de substitut nicotine depuis au moins 3 mois.
 

Des tests en double aveugle

Les participants sont répartis, après tirage au sort dans trois groupes :
  • Groupe placebo : comprimés placebo + liquides sans nicotine
  • Groupe nicotine : comprimés placebo + liquides avec nicotine (12 mg/ml)
  • Groupe varénicline : comprimés de varénicline + liquides sans nicotine
"Ni les patients, ni moi, ne savons dans quel groupe ils sont, on ne le saura qu'à la fin de l'étude en septembre 2021", précise le docteur Marie Van Der Schueren. C'est le principe du double aveugle.

L’arrêt du tabac devra survenir dans les 7 à 15 jours suivant le démarrage de l’étude pour le participant.
 

Il ne faut pas avoir peur de trébucher. Ce qui nous intéresse, c'est l'arrêt sur le long cours. Si il y a reprise, il faut que les gens reviennent nous voir absolument

Dr Marie Van Der Schueren, tabacologue



Une consultation de tabacologie aura lieu avant le démarrage du traitement puis six visites seront programmées. L’évaluation du sevrage tabagique se fera à travers des examens cliniques, biologiques et par des questionnaires.
Les participants qui seraient amenés à rechuter feront toujours partie de l’étude et seront suivis de la même manière. "Il ne faut pas avoir peur  de trébucher. Comme pour toute malade chronique, ce qui nous intéresse, c'est l'arrêt sur le long cours. Si il y a reprise, il faut que les gens reviennent nous voir absolument."

Déjà des premières observations encourageantes

En 2 ans, une quarantaine de volontaires ont été observés à Caen. "Tous les effets secondaires sont notés scupuleusement. On a évidemment de la toux, de l'irritation, mais pas d'effets indésirables grave pour l'instant."

Pour l'instant, seulement 10 % des personnes ont renoncé. A l'inverse, certaines autres ont déjà réussi à se sevrer. "On va attendre les résultats en septembre 2021, mais j'ai déjà ma petite idée : on a observé des patients qui se sentent mieux, avec de meilleures qualités respiratoires, une meilleure qualité de vie. La cigarette électronique comble déjà un plaisir manuel, celui de tenir quelquechose et le porter à ses lèvres, mais aussi un plaisir physique, car la nicotine active un nerf au fond de la gorge."

Mais il faut savoir accompagner les personnes, car "la sensation de manque est difficile à affronter : agitation, trouble du sommeil, humeur triste, appétit..." 

Au final, c'est bien le taux d'arrêt longue durée qui sera pris encompte pour comparer celui-ci aux 47 % du médicament.

Pour participer à cette étude dont les résultats seront publiés dans des revues scientifiques, il suffit d’appeler au 02 31 06 52 53.

 
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