La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a dévoilé jeudi le plan de sobriété énergétique qui s'appliquera aux activités sportives. À Caen, le Stade Michel d’Ornano va devoir ajuster son fonctionnement.
Il va falloir sortir les moufles et les bonnets cet hiver dans les rangées du Stade Malherbe de Caen. À moins que le gel ne joue les trouble-fête et ne rende le gazon impraticable. Le sport professionnel n’échappe pas à la mobilisation générale en matière de réduction d’énergie et les stades de Ligue 1 et Ligue 2 sont sommés de prendre le pas.
Éclairage, chauffage, mobilité, 40 mesures ont été présentées, jeudi 13 octobre, par Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, pour faire face à la crise énergétique
. À Michel-d’Ornano, plusieurs mesures entreront en vigueur. Elles ne devraient néanmoins impacter qu’à la marge le fonctionnement du stade, déjà engagé dans la sobriété énergétique.
Pas de chauffage pour le gazon
Après 11 journées de Ligue 2, le SM Caen occupe la place de leader du championnat des pelouses, synonyme de bonnes conditions de jeu.
Il récompense les meilleures surfaces de jeu depuis 2014 pour encourager les clubs à entretenir leurs gazons (herbe dense, verte et uniforme sur une surface plate). Les capitaines, arbitres et coaches notent la pelouse à chaque match au cours de la saison.
Bichonné, couvé, patiemment préparé, le gazon des Rouge et Bleu est un billard. Mais avec les nouvelles mesures annoncées jeudi, les clubs vont être invités à limiter au maximum le chauffage au sol de leur pelouse.
Il en sera de même pour l'utilisation de la luminothérapie, une technologie à LED qui accélère la pousse et qui est particulièrement énergivore (environ 10 % de la consommation totale d'un club professionnel). En cas de journée rouge Ecowatt, la Ligue de Football Professionnelle s’est également engagée à limiter l'utilisation du chauffage au seul mode « hors gel ».
La qualité du gazon pourrait dès lors se dégrader cet hiver. “Les terrains pourraient perdre en densité, être moins fournis, si la luminosité et les températures sont faibles. Cela assurerait toujours de bons appuis aux joueurs mais on aurait une perte visuelle et un sol plus dur. Cela pourrait mener, dans des épisodes de grand froid, à l’annulation ou au report de matches”, a relevé Sebastien Cottat, responsable de l’entretien des terrains de haut niveau en Ligue 1 et Ligue 2 pour la société Sparfel qui compte parmi ses clients le Stade Malherbe. La LFP a ainsi annoncé qu’une étude sur la diminution durable de la luminothérapie et du chauffage des pelouses allait être menée.
"Avec du hors gel, le sol est dur mais on peut jouer."
Sébastien Cottat, responsable de l'entretien des terrains de Ligue 1 et de Ligue 2 chez SparfelFrance 3 Caen
Mais le climat normand devrait préserver la qualité du gazon. “En Normandie, à Caen ou au Havre, on n’a pas vraiment de risque de gel du terrain. Le volume de chauffage, lorsque la température du sol est en dessous de 1 degré, subvient à la marge en janvier-février”, a rappelé Sébastien Cottat.
En revanche, il n'y aura plus de classement des pelouses cet hiver pour encourager les dirigeants français à bien respecter cette mesure. “C’est sûr que ce classement est motivant pour les équipes, mais c’est normal que l’on participe à l’effort général. C’est aussi moins de pression”, ajoutait le chargé d’affaires.
Economies d’éclairage et de chauffage
La LFP, la LNR, les clubs professionnels et les diffuseurs se sont par ailleurs accordés pour réduire le temps d'éclairage avant et après les matches. Par exemple, pour un match en journée à Michel d’Ornano, les 20 projecteurs qui sont aujourd'hui allumés, à 100%, trois heures avant le match, seront désormais allumés au plus tôt 1 h 30 avant le match en journée et deux heures avant le match en soirée.
Alors qu’une heure est nécessaire aux ampoules d’ancienne génération pour arriver à pleine puissance (1 800 lumens), les LED pourraient être une alternative pour permettre de retarder encore l’allumage. Une solution déjà mise en œuvre à l'échelle de la ville. “La transition vers des LED plus économes est un point en développement à Caen. Ça reste une minorité des équipements mais on accélère le mouvement", soulignait Aristide Olivier, adjoint aux sports à la ville de Caen.
Enfin, le club aura à charge de baisser le chauffage et la climatisation de ses installations (siège, centre d'entraînement, centre de formation) mais aussi dans ses loges, généralement réservées aux partenaires majeurs.
Gratuité des transports vers le stade Michel-d’Ornano
Le gouvernement a aussi encouragé les collectivités à rendre gratuits les transports en commun, avant le début du match et après le coup de sifflet final. “Aujourd’hui il y a déjà des navettes gratuites spécialement affrétées depuis le centre-ville les soirs de match. On va néanmoins regarder pour pouvoir renforcer le dispositif”.
Deux départs, 60 minutes et 45 minutes avant le match, sont aujourd’hui effectués depuis le centre ville, sur présentation du billet de match.
Ces 40 mesures ont vocation à être durables et s’inscrivent dans l'objectif d'une réduction de 10 % de la consommation d'énergie de la France en deux ans. “Ces 40 mesures impactent peu le stade Michel-d’Ornano et la ville puisque l’élan est impulsé depuis 8 ans. C’est un accélérateur, mais pas un changement de paradigme, ni pour les sportifs professionnels, ni pour les sportifs amateurs Caennais”, a conclu Aristide Olivier. De quoi permettre au Stade Malherbe d’évoluer dans les meilleures conditions, malgré la situation énergétique actuelle.