Le 26 mai dernier, au cours d'une mobilisation contre la loi travail, un homme d'une quarantaine d'années avait été frappé par un représentant des forces de l'ordre. Le fonctionnaire de police a reconnu les faits et a choisi de "plaider coupable".
Le dossier a été bouclé en moins d'une demi-heure ce jeudi matin. Le prévenu a été convoqué par le procureur de la République à 8 h30 pour se voir proposer une peine. Puis il est passé devant le juge du tribunal correctionnel pour l'officialisation de sa condamnation : deux mois de prison avec sursis avec non-inscription de la peine au casier judiciaire pour "violence volontaire par personne dépositaire de l'autorité publique".
Le 26 mai dernier, en marge d'une manifestation contre la loi travail, Monji Essaana, éducateur sportif d'une quarantaine d'années a été frappé par un représentant des forces de l'ordre à quatre reprises, dont une fois dans le dos alors qu'il s'éloignait. La victime était assise sur un banc et changeait de lunettes quand elle a été prise à partie par des policiers place Gardin. L'auteur des faits, armé d'une matraque, est loin d'être un "bleu". L'homme de 54 ans est commandant.
Monji Essaana a porté plainte très rapidement. Les faits ayant été captés en vidéo puis diffusés sur internet et sur différents médias, l'affaire pouvait difficilement être enterrée. Suite à l'enquête menée par l'IGPN (la police des police), le parquet a décidé d'engager des poursuites pénales contre l'auteur des coups. Celui-ci a reconnu les faits et choisi la "comparution sur reconnaissance préalable de culpabiloté" plus connue sous le nom de "plaider coupable". D'où la rapidité de la procédure ce jeudi matin.
Frustration et déception pour la partie civile
Pour la partie civile, cette procédure engendre une certaine frustration. "Il y a un certain nombre d'affaire de violences policières qui ont du mal à sortir et cette affaire a pu arriver devant le tribunal correctionnel dans des conditions satisfaisantes", a déclaré Maître Claude Marand-Gombar avant d'ajouter:"même si nous aurions préféré que cette affaire vienne en audience publique pour que l'on puisse évoquer tout l'aspect pénal, l'ampleur de la responsabilité pénale de l'auteur, la façon dont les faits se sont déroulés ."Déception aussi pour la partie civile qui trouve la peine plutôt légère. "Ce commandant n'a rien à faire dans la police d'un pays démocratique", estime la victime, Monji Essaana, "Deux mois de prison avec sursis sans incription au casier judiciaire ça veut dire qu'il pourra recommencer...en espérant qu'il ne soit pas filmé". L'éducateur a également regretté l'attitude du policier lors de l'audience: "Il était assis, regard loin, devant lui, même pas un regard vers moi. La moindre des choses ça aurait été de dire : écoutez, je suis désolé, j'aurais pas dû". Autrement dit, le fonctionnaire de police n'a reconnu sa culpabilité qu'aux magistrats et non à sa victime.
L'affaire n'est pas encore tout à fait close. Reste le volet indemnitaire à traiter. Les deux parties se retrouveront au tribunal en mars prochain.