Jérôme Garcin raconte le dernier hiver de Gérard Philipe, disparu il y a tout juste 60 ans

Le 25 novembre 1959, il y a tout juste 60 ans, disparaissait subitement l'acteur Gérard Philipe. Son gendre, l'écrivain Jérôme Garcin, lui rend hommage dans "le dernier Hiver du Cid", qu'il a écrit chez lui en Normandie, dans le pays d'Auge. C'est le récit des trois derniers mois de sa vie. 

Jérôme Garcin écrit pour combattre l'oubli. Dans ses livres, l'écrivain aime retracer l'histoire de ces héros, à la vie dense mais brève. Qu'il s'agisse de Jean de La Ville de Mirmon dans "Bleus Horizons" ou de Jacques Lusseyran dans "le Voyant".   

 


Gérard Philipe, c'était une évidence, mais un sujet délicat. Dans "théâtre intime", le journaliste du "masque et la plume" racontait déjà sa rencontre avec Anne Philipe, la femme et l'ange-gardien de cet immense comédien. A la fin, le lecteur apprendra qu'il tombe amoureux de leur fille, Anne-Marie, devenue depuis sa femme.
 


C'est donc un portrait sensible, écrit avec précision et délicatesse. Jérôme Garcin y décrit les trois derniers mois de la vie de celui qui fut Rodrigue dans le Cid et qui rêvait de prononcer "To be, or not to be" d'Hamlet.

Jérôme Garcin explique : "J'avais une double pression morale. Ne pas trahir la figure morale de Gérard Philipe. Ne pas trahir les miens."
 

Quand Anne-Marie lit le manuscrit, et me dit à la moitié, je me dis que mon père va s'en tirer, ça m'a beaucoup troublé

 


Anne-Marie Philipe a accepté de lire la version audio de ce récit. Vous pouvez en écouter un extrait
 


Depuis sa sortie, l'auteur reçoit énormément de lettres et de témoignages. Comme nous le racontions lors du Salon du livre de Trouville, la mémoire de Gérard Philipe ne s'est jamais éteinte, 60 ans après sa disparition.

"Il était transcendant. Il a marqué ma jeunesse et j'en éprouve encore une émotion", nous explique Michel "J'ai vu pratiquement tout au TNP, à l'époque de Jean Vilar. On n'a plus d'acteurs de sa trempe, aujourd'hui."

Madeleine, elle, se souvient de ses engagements politiques. "C'était un homme de gauche, ça me plaisait beaucoup". A la tête du syndicat des acteurs, il a contribué à la création du régime des intermittents. 
 


Jérôme Garcin rappelle qu'à l'époque du TNP (Théâtre National Populaire) de Jean Vilar : "Son nom est placé à la fin, par ordre alphabétique, dans le même caractère que les autres, c'est inimaginable aujourd'hui.
 
Son cachet de la star qu'il est, est le même que celui des autres comédiens de la troupe de Jean Vilar. Et pour lui, cela aurait été insensé de demander davantage ou d'exiger que son nom soit écrit en plus gros.

Il travaillait ardemment à ce que le syndicat des acteurs qu'il avait crée, travaille à l'égalité de tous les comédiens. Est ce que vous imaginez tout cela mis bout à bout sur le visage d'un comédien aujourd'hui ? "

 


Gérard Philipe se savait-il condamné ?


C'est la question que le lecteur se pose pendant tout le récit. Sa femme, Anne, a fait le choix courageux de le protéger jusqu'à la fin. Lorsque le médecin lui annonce qu'il ne lui reste que "15 jours à six mois" à vivre, elle décide de ne rien lui dire.

Extrait du livre :

Elle ne sait pas non plus combien de temps elle pourra résister à la mauvaise conscience, qui la ronge déjà : de quel droit, se dit-elle, l'emmener en traître là où il aurait pu aller si bravement ? 



Rencontre avec Jérôme Garcin - Pauline Latrouitte, Stéphanie Lemaire - Patrick Mertz et Xavier Gérard
 
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