Le 10 juillet, la mairie de Villers-sur-Mer (Calvados) a dévoilé un arrêté municipal interdisant l’exploitation des animaux dans les cirques. Nous sommes revenus sur cette décision en trois questions avec Thierry Granturco.
Le nouveau maire de Villers-sur-Mer en avait fait une promesse de campagne. Le 10 juillet dernier, Thierry Granturco a mis la machine en ordre de marche en prenant un arrêté municipal contre l’exploitation animale dans les cirques. Il est revenu pour nous sur cette décision qui lui doit quelques soutiens, mais aussi de vives contestations. Propos reccueillis par Marie Bail.
M. B. : Qu’est ce qui a motivé la prise de cet arrêté ?
Thierry Granturco : "Essentiellement des questions de bienêtre animal. Je suis avocat de métier donc je connais les limites juridiques de mon arrêté municipal qui va être contesté par la fédération de défense des cirques avec animaux. Pour autant, ce n’est qu’une partie des dispositions juridiques qui sont applicables à la question. L’autre partie de la problématique est le bienêtre animal qui est aussi bien régulé par le code civil qui fait de l’animal un être sensible et le code pénal qui punit les mauvais traitements et les actes de cruautés envers les animaux. Je tiens à dire que je suis le 409e maire à prendre ce genre d’arrêté et que je ne suis donc pas un précurseur en l’occurrence."
M.B : Vous estimez que les animaux sont maltraités dans les cirques ?
T.G. : "Disons, que je ne peux pas considérer qu’un animal qui est extrait de son milieu naturel, qui passe une partie de sa vie en cage et qui en passe une autre dans des camions à être transporté de ville en ville et qu’on dresse à faire n’importe quoi pour un public de moins en moins nombreux est bien traité. J’entends l’explication des cirques qui me disent qu’ils ont le droit de travailler, qu’ils entendent l’ensemble des maires qui s’opposent à ça, les 23 pays de l’UE sur 28 qui s’opposent à ça et interdisent les cirques avec animaux ; mais également la fédération européenne des vétérinaires qui propose leur interdiction. Qu’ils fassent du cirque aucun souci, qu’ils le fassent en maltraitant des animaux ce n’est pas possible."
M.B. : C’est une décision qui a été contestée par l'association de défense des cirques de famille. Un recours est d’ailleurs en cours pour excès de pouvoir…
T.G. : "Je subis un harcèlement assez prononcé en mairie d’un certain nombre d’interlocuteurs du cirque, mais je ne plierais pas. Il y a des questions avec lesquelles il faut savoir être intransigeant. Pour ce qui est du bienêtre animal, je le serais. Je connais la loi, je les vois écrire. Ils laissent entendre que ce serait une erreur d’ordre juridique. Je connais les lois et j’ai fait mon choix. Il n’y aura pas de compromis avec les cirques avec animaux.
Au-delà de l’interdiction et l’autorisation reste la question de l’accueil. Il faut avoir des terrains assez spacieux pour les accueillir. Historiquement, le terrain qu’ils utilisaient jusqu’alors a été cédé il y a quelques mois par mon prédécesseur à un opérateur privé qui va commencer des travaux pour y construire un Ehpad. Donc aujourd’hui, même quand on recherche de manière très rationnelle un terrain pour accueillir ce genre de cirque, on n’en trouve pas pour des raisons de sécurité et de tranquillité des Villersoises et des Villersois."