Normandie : le manque d'eau inquiète les producteurs de lin

Comme partout en France, la pluie se fait rare depuis le début de l'année 2022. Un manque d'eau qui se fait sentir chez les agriculteurs mais aussi les producteurs de lin dans le Calvados. Beaucoup sont inquiets.

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En marchant dans sa parcelle de blé, Loïc Bailleul, agriculteur à Esson au sud du Hom dans le Calvados, tombe sur plusieurs feuilles en train de sécher. Elles jaunissent avec la chaleur et par conséquent ne vont pas pouvoir nourrir le grain de blé : "regardez ça, elles sont toutes flétries, s'il ne pleut pas assez dans les prochains jours, on va perdre environ 30% de nos cultures. Et je ne vous parle même pas du fourrage, on vient de semer le maïs mais on ne sait pas s'il va lever. Pour que les sols soient mouillés, il faut qu'il tombe au moins 20 mm d'eau" nous dit-il avec inquiétude. En effet, il ne peut compter que sur la pluie. L'agriculteur ne peut pas faire le choix d'arroser lui-même car il n'est pas équipé pour irriguer ses terres. 

La pluie a déserté les cieux normands depuis quelques mois et les précipitations hivernales, celles qui rechargent les nappes phréatiques, n’ont pas été au rendez-vous. En janvier, il est tombé 41% de pluie en moins pour le bassin de Caen comparé à la même période l'année dernière.

Comme tous les jours depuis plusieurs semaines, Benoît Vandermersch, producteur de lin à Cintheaux dans le Calvados, surveille avec attention ses plantes semées au début du printemps. Normalement à cette période ses parcelles sont en pleine croissance mais avec le manque d'eau et les vagues de chaleur, le lin ne pousse plus : "il mesure à peine 20 centimètres pour le moment. Un lin exploitable doit faire au moins 60 centimètres, les tisseurs ont besoin de longues fibres. Il ne reste qu'un mois avant l'arrachage alors il faut qu'il pleuve, la météo à venir sera cruciale pour ces récoltes". En plus du manque d'eau, il craint de subir avec la chaleur une floraison prématurée: "la plante est stressée, on commence à voir le bouton de fleur, si le lin fleurit, il arrêtera de pousser et ça n'aura plus aucune valeur" ajoute-t-il.

Miser sur le lin d'hiver

Dans une autre parcelle un peu plus loin, les petits pétales bleu-violet ont fait leur apparition. Il s'agit du lin d'hiver qui est en fleur. Pour pallier le changement climatique, le producteur développe la culture du lin d'hiver : "depuis cinq ans, on constate de nombreux coups de chaud en mai et en juin, on a vraiment du mal à faire de bonnes productions de lin de printemps et parallèlement celui qu'on sème en hiver fleurit avec un mois et demi d'avance, ça nous permet d'en récolter pour en vendre dès à présent en attendant que celui du printemps arrive" nous confie Benoît Vandermersch. Pour lui le lin semé en hiver est une culture prometteuse.

En Normandie, la filière de lin est très importante. C'est la première région productrice au monde.

La plupart des cultures de printemps impactées

Les orges de printemps sont également stressées, elles sont en début de montaison, stade où la chaleur peut empêcher la poussée des épis. Même constat pour le pois ou encore la féverole. Les agriculteurs peinent aussi à récolter du fourrage pour nourrir les animaux. Pour Sébastien WINDSOR, président de la Chambre d'agriculture de Normandie, il faut trouver des solutions pour que les cultures résistent à la sécheresse du printemps : "il faut prendre en compte le réchauffement climatique et, par exemple, planter le pois avant l'hiver pour qu'il profite des pluies hivernales et qu'il pousse au printemps". Pour lui, les producteurs devraient aussi miser sur de nouvelles variétés : "on pourrait planter un blé qui épie plus rapidement et qui souffrirait moins de la chaleur ou encore planter du soja ou du tournesol qu'on voit rarement dans la région mais qui pourraient trouver leur place sur nos terres aujourd'hui". Il propose aussi de modifier la façon de travailler les sols, de les retourner régulièrement pour qu'elles restent fraiches et surtout faire tout un travail d'installations d'irrigation pour les sols superficiels du territoire. Le colza, de son côté, n'est pas la culture la plus touchée par la sécheresse puisqu'elle arrive en fin de cycle. 

La région n'a pas été placée en alerte sécheresse mais que ce soient les producteurs de lin ou les agriculteurs, tous sont nostalgiques d'une Normandie pluvieuse et attendent impatiemment que les cieux arrosent très généreusement les terres dans les semaines à venir.

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