"Il faut trouver des solutions et accepter de faire des compromis". Des élus normands s'expriment en attendant la nomination du nouveau Premier ministre

Alors qu'Emmanuel Macron cherche toujours son Premier ministre et que les partis, à Paris, ne parviennent pas à s'entendre sur le prochain gouvernement, des élus locaux vantent la culture du compromis qui règne dans les communes et les intercommunalités.

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Depuis près de cinquante jours, après les élections législatives sans majorité absolue, la France peine à construire des compromis et des majorités pour gouverner le pays. Pourtant, certains élus locaux ne comprennent pas cette situation : "Vous savez, nous travaillons avec des gens de sensibilités politiques diverses et nous arrivons à nous mettre d'accord sur des projets de mandatures. Nous définissions, ensemble, un pacte de gouvernance, un pacte financier et fiscal et un projet de territoire", nous explique Patrick Ledoux, maire de Louvigny, dans le Calvados, depuis vingt ans.

L'intérêt général avant tout

Même constat chez Joël Bruneau, député Divers droite de la 1ʳᵉ circonscription du Calvados, ancien maire de Caen et ancien président de l'agglomération de Caen-la-Mer : "Les élus locaux savent travailler les uns avec les autres en conseil municipal ou intercommunal malgré leur divergence politique. Parfois, on a des choix à faire, tous les élus ne sont pas forcément d'accord. On mène des débats, des échanges, on vote. Certains votent pour, d'autres contre, mais on sait qui a voté quoi et on respecte cela. On travaille tous ensemble dans l'intérêt général".

La ville de Louvigny est jumelée avec quatre communes dans le monde, dont une en Allemagne et une en Italie : "Ce sont des pays où les élus et les politiques nationaux cohabitent. Nous, en France, on prône la culture de la majorité absolue et on a eu tendance à souvent gouverner avec une majorité absolue. Sauf que vu les dernières législatives, la donne a changé et il faut aussi trouver des solutions et accepter de faire des compromis vu la situation".

Revoir le mode d'élection ?

"En effet, l'Assemblée nationale ne pouvant pas être dissoute avant un an, il faut que les trois grands groupes travaillent ensemble. Mais là, tous font bloc les uns contre les autres. Le président de la République doit faire le deuil de gouverner la France. Il doit trouver une personne avec qui il cohabiterait. On a aujourd'hui une politique parcellisée qui représente une société fracturée", nous explique Joël Bruneau.

De son côté, Patrick Ledoux, estime que si on passait à un mode de scrutin proportionnel, cela obligerait les politiques à cohabiter : "Cela permettrait d'éviter un conflit du scrutin majoritaire. Ce mode d'élection pousserait les parlementaires à se voir comme des partenaires et donc faire plus facilement des compromis et créer une plateforme de gouvernance".

Revoir le mode d'élection et surtout revenir sur la loi anti-cumul, c'est ce que souhaiterait Joël Bruneau : "On pourrait être maire adjoint et député. Ça permettrait d'avoir des élus moins déconnectés du terrain. On peut constater que de plus en plus de députés n'ont pas été élus locaux et ne connaissent pas forcément les sujets et problématiques du quotidien des citoyens. Vraiment, la France gagnerait à élire des élus locaux". 

Et le député lance : "N'oublions pas l'effet des chaînes d'information en continu, beaucoup de politiques sont dans le sensationnel, dans l'excessif, dans la phrase qui va faire parler d'eux. Beaucoup pensent déjà à la présidentielle de 2027, mais on a beaucoup de choses sont à régler d'ici là, avec des sujets ici, et en outre-mer, avec notamment le budget ! Encore une fois, il faut penser à l'intérêt général".

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