Emmanuel Macron est toujours à la recherche de son Premier ministre. Et près de cinquante jours sans gouvernement en France, le nom de Bernard Cazeneuve circule depuis plusieurs jours pour occuper le poste de Premier ministre. L'ancien maire de Cherbourg fera-t-il son retour à Matignon ?
Son nom circule depuis plusieurs jours. Reçu par Emmanuel Macron ce matin à l'Élysée, Bernard Cazeneuve pourrait être un candidat sérieux pour occuper le poste de Premier ministre, près de cinquante jours après les élections législatives anticipées, qui ont vu le Nouveau Front Populaire arriver en tête, sans obtenir de majorité.
"Bernard Cazeneuve coche un certain nombre de cases pour être rassembleur, il est issu du Parti Socialiste, il se dit être profondément socialiste, pour un gouvernement de centre-gauche, il coche donc les cases", nous explique le politologue Christophe Boutin." C'est un ministre de l'Intérieur, un Premier ministre, ou encore un ministre du Budget qui n'a pas du tout choqué la politique des Républicains ou de cette droite républicaine. Il s'entend avec lui sur un certain nombre de principes", ajoute ce dernier.
Un profil qui éviterait la motion de censure ? "Bernard Cazeneuve est effectivement bien placé. On comprend que même s'il y a des tirages avec le PS, les socialistes actuels envisagent plus difficilement de voter une motion de censure contre lui qu'un Premier ministre issu des Républicains par exemple. Même les écologistes seront moins tentés par la motion de censure, ce qui préserverait le gouvernement", explique Christophe Boutin.
Un profil qui divise tout de même la gauche
Mais durant le week-end, les socialistes ont étalé leurs divisions sur le positionnement à adopter face à la nomination d'un chef de gouvernement autre que Lucie Castets."Bernard Cazeneuve n'est soutenu par aucun des quatre partis de gauche du pays", a de son côté affirmé le coordinateur de LFI, Manuel Bompard chez nos confrères de franceinfo. Chez les Ecologistes-EELV, l'hostilité vient notamment du souvenir de la mort du militant Rémi Fraisse sur le barrage de Sivens (Tarn), lors d'affrontements avec les forces de l'ordre en 2014, lorsque Bernard Cazeneuve était ministre de l'Intérieur.
Une nomination qui divise fortement aussi, car après 35 ans de bons et loyaux services, l'ancien député de la Manche avait claqué la porte du PS, à l'aube des législatives de juin 2022. Dans un post Facebook, ce dernier estimait qu'un accord entre le Parti Socialiste et la France Insoumise était une ligne rouge à ne pas franchir. Il avait ajouté que les dirigeants du PS "avaient perdu leur boussole".
"Il fait partie des socialistes très hostile à l'alliance entre le PS et la France Insoumise au point que Bernard Cazeneuve a créé son propre mouvement en 2023 "La Convention" (...) Les deux extrêmes, aussi bien le Rassemblement National que LFI semblent tout à fait exclus des perspectives de collaboration avec Bernard Cazeneuve", précise Christophe Boutin.
Élu à Cherbourg
La politique c'est toute sa vie. L'ancien socialiste a déjà occupé la fonction de Premier ministre durant six mois au crépuscule du mandat de François Hollande. Il était entré au gouvernement en 2012 en occupant les fonctions de ministre délégué aux affaires européennes, puis de ministre délégué au budget et enfin de ministre de l'Intérieur.
En Normandie, Bernard Cazeneuve a été élu maire d'Octeville en 1995 puis de Cherbourg-Octeville en 2001 et réélu en 2008. Il a également été député de la Manche, de 1997 à 2002 et entre 2007 à 2012.
"Bernard Cazeneuve n'est plus du tout résident normand, mais il garde une certaine fidélité à Cherbourg dont il a été maire pendant onze ans, une fidélité à la circonscription où il a été député durant deux mandats complets. Il suit un certain nombre de dossiers même s'il n'est pas présent sur la région", précise Christophe Boutin.