17 ans après le début des travaux, et avec 12 années de retard, l'EPR de Flamanville est raccordé au réseau électrique, ce vendredi 20 décembre 2024. Or, pour les militants du CRILAN (comité de réflexion, d'information et de lutte antinucléaire), la mise en service du réacteur nouvelle génération est tout de même précipitée.
"C'est quand même l'aboutissement de pas mal d'années de travaux donc on est content que les premiers kilowattheures soient produits sur le réseau."
Si cet habitant croisé sur le marché des Pieux ce vendredi 20 décembre 2024 se réjouit que le raccordement de l'EPR arrive enfin, son avis n'est pas partagé par tous.
Le CRILAN dénonce la précipitation de la mise en service
Ce vendredi soir, 17 ans après le début des travaux de construction, le réacteur nucléaire nouvelle génération de Flamanville est branché sur le réseau électrique national. Pour les militants antinucléaires du CRILAN, il s'agit d'une "mise en service précipitée".
Imaginerait-on emménager dans une maison dont la chaudière à gaz n'est pas conforme, dont le réseau électrique doit être refait et pour laquelle il y une plainte sur des malfaçons et falsifications de travaux ?
Communiqué du CRILAN
La comparaison est forcément évocatrice, et pour le CRILAN, il s'agit là d'une situation plus grave encore "compte tenu de la radioactivité" et des problèmes détectés autour de la cuve et de son couvercle.
Pour l'heure, et pendant les prochains mois, l'EPR ne fonctionnera qu'à "environ 20% de sa puissance" a expliqué ce vendredi après-midi Régis Clément, directeur adjoint de la division nucléaire chez EDF, au cours d'un point presse en ligne. Un démarrage en douceur qui doit permettre de vérifier que "tout va bien" avant d'enchaîner "les essais supplémentaires".
Il augmentera ensuite sa capacité de production d'énergie au compte-goutte durant les prochains mois. Mais malgré cet échelonnement précautionneux, ses opposants estiment que les garanties sécuritaires ne sont pas au rendez-vous.
Un calendrier accéléré pour des considérations économiques et politiques ?
"La perspective d'un fonctionnement à 100% ne ferait qu'aggraver les risques alors même que le principe de précaution inscrit dans la Constitution impose une action proportionnée face aux risques", déclarent-ils.
Les pourfendeurs du réacteur nucléaire nouvelle génération dénoncent "une décision politique", prise pour "rassurer les marchés financiers" sans égard pour la population du Cotentin. Le CRILAN a tenté de saisir la CLI (commission locale d'information) pour empêcher cette nouvelle étape décisive dans l'histoire à rebondissements de l'EPR de Flamanville. En vain.
Avec une puissance totale de plus de 1.600 megawatts, le nouveau réacteur manchois sera capable d'alimenter environ deux millions de foyers. Il s'agit du quatrième réacteur de ce type mis en service dans le monde après deux en Chine et un en Finlande, le premier en France.