Il écrit et joue ses propres pièces, il publie des vidéos hilarantes sur Facebook, Youtube et Instagram : Marc Tourneboeuf est un jeune artiste qui jongle habilement avec les codes de sa génération et la langue de Molière. Sur scène trois fois par semaine, il collectionne les critiques positives.
C’est sur les réseaux sociaux que nous avons repéré Marc Tourneboeuf : de courtes vidéos à l’humour grinçant, très rythmées, comme on en trouve beaucoup sur internet ces derniers temps. Pourtant, après le visionnage de quelques sketches, on se dit que cet acteur sort du lot : ce qui frappe chez lui, c’est la maitrise de la langue et le jeu sur les mots.
On ne le remarque pas tout de suite tellement les sketchs sont modernes, mais certains sont écrits en alexandrins. Marc Tourneboeuf réussi à faire le grand écart entre l’écriture classique qu’il affectionne et les codes de sa génération. Il a d’ailleurs appris que certaines de ses vidéos sont présentées en classe par des professeurs de français.
Aujourd’hui, un rapide coup d’œil à l’agenda de Marc donne le tournis : il joue trois pièces par semaine dont un « seul en scène » : Le Récit Poétique mais pas Chiant d'un Amoureux en Voyage au théâtre du Marais à Paris.
Portrait d’un jeune auteur et acteur Normand prometteur, que nous avons pu recevoir dans notre émission matinale Vous Êtes Formidables, présentée chaque matin à 9h05 par Anne Boétie.
Une passion pour la littérature qui nait en Normandie
Marc Tourneboeuf a 27 ans, il est né et a grandi à Aunay-sur-Odon (Calvados) dans une famille qui ne le prédestinait pas forcement à vivre une carrière artistique. Ses parents ne travaillent pas dans le milieu du spectacle, mais sa mère l’emmène régulièrement au théâtre. Les premiers contacts avec l’art dramatique ne se font pas sans difficultés et l’acteur s’en rappelle avec humour.
Les traumatismes sont venus au lycée. Je me rappelle notamment d’une représentation de Roméo et Juliette qui avait duré 4h20 : un véritable enfer. Ma rencontre avec le théâtre a été un peu difficile !
Marc Tourneboeuf
Dans la famille Tourneboeuf, on aime la littérature. Pendant son enfance, la grande sœur de Marc lui lit des romans classiques pour l’endormir : des histoires auxquelles il ne comprend pas grand choses, mais dont il garde un bon souvenir. Viennent ensuite les premières rédactions, le week-end, aux côté de sa mère qui le pousse à progresser en français. Une jeunesse bercée par les grands auteurs qui ne déclenche pas encore sa passion pour la littérature, cela viendra plus tard. Alors qu’il n’a pas encore dix ans, c’est un film bien plus populaire qui va révéler son envie de devenir comédien.
J’ai un peu honte de le dire… mais c’est en voyant Brice de Nice que j’ai voulu faire l’acteur. Quand j’ai vu la scène du casse à la banque, je me suis dit : c’est ça que je veux faire !
Marc Tourneboeuf
Marc est encore jeune et l’envie de comédie est balayée un temps par d’autres projets tout aussi ambitieux : spationaute, rugbyman. Les années collèges sont pourtant l’occasion de son premier rôle sur les planches : en classe de 6eme, il est à l’affiche d’une parodie de la Star Academy dans la peau de Nikos Aliagas, rebaptisé Andros. Un « grand moment » selon Marc, qui -curieusement- n’a gardé aucune image de cette prestation. Au lycée, il renoue avec la littérature grâce à sa professeure de français : les textes à préparer pour le bac lui donnent le goût des belles lettres et il découvre Molière : une révélation et une passion qui le suivra jusqu’au Cours Florent.
À Paris, la vie de comédien et l’écriture des premières pièces
A la fin du lycée, Marc ne choisis pas la simplicité : passionné de littérature, mais titulaire d’un bac scientifique, il s’inscrit à l’université en mathématiques. Une expérience peu concluante à laquelle il mettra fin rapidement, mais qui laissera des traces comme en témoigne cette vidéo :
En parallèle de ses études de maths, Marc parvient à convaincre sa famille de l’aider à financer son inscription au prestigieux Cours Florent.
Mon grand-père était inquiet à l’idée que je me lance dans le théâtre, mais il m’a aidé à payer l’école, comme ma sœur et ma mère. Toute la famille a participé. Aujourd’hui, mon grand-père est très fier de moi.
Marc Tourneboeuf
Pour un jeune d’Aunay-sur-Odon, le départ pour Paris n’est pas simple : les cours de théâtre coutent cher, le logement aussi. La première année à Paris, dans une chambre de 8m carrés est déstabilisante pour Marc : c’est la découverte de la liberté mais surtout les débuts au Cours Florent. Le jeune homme apprend le métier d’acteur et lit beaucoup. La passion pour la littérature est toujours bien présente et l’envie de créer est importante.
J’ai commencé à écrire dès ma première année d’école : en m’inspirant de « V pour Vendetta » qui est mon film préféré. C’est une sorte de super héros qui est amoureux de littérature : il y a une sorte de pâte qui commence là.
Marc Tourneboeuf
En deuxième année, la soif de création ne s’estompe pas : le jeune auteur écrit « L’ambition des damnés » avec un camarade de promo. La pièce sera jouée à Paris et en Normandie et finira de convaincre sa famille que Marc a bien trouvé sa voie.
La langue française au cœur de ses créations
Avec « L’ambition des damnés » Marc se fait aussi remarquer pour son écriture bien particulière : « C’est une pièce qui se déroule dans un univers proche du « seigneur des anneaux ». Ça parle d’une société moyenâgeuse complètement fictive. J’avais envie de créer ma propre épopée, avec un langage classique que je trouve hyper intéressant. »
J’écrivais en 12 pieds (douze syllabes), je croyais que c’était ça d’écrire en alexandrins. J’ai compris plus tard que ça n’était pas tout à fait ça, donc j’ai tout réécrit.
Marc Tourneboeuf
Si Marc puise son inspiration chez des acteurs comme Jean Dujardin, Louis De Funès ou encore Jim Carrey, il garde aussi un amour particulier pour la littérature classique : « Au début, je ne comprenais pas les acteurs qui se disaient fans absolus de Molière etc… Mais effectivement, en les étudiant avec des professeurs exceptionnels, j’ai vraiment rencontré Molière, Racine ou Corneille qui viendra plus tard. Ç'a été une vraie révélation. J’aime moins les auteurs contemporains. »
Le début d’une carrière prometteuse
À la sortie de l’école, c’est une rupture amoureuse qui va être à l’ origine de la pièce suivante qu’il jouera seul sur scène.
J’étais au Portugal, Je rentre à Paris, j’ai le cœur brisé et je rencontre une de mes anciennes profs. Elle me dit d’en écrire quelque chose et elle me propose d’assurer la mise en scène.
Marc Tourneboeuf
Le spectacle s’intitule « Le récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage » et sera joué pour la première fois en 2019. Malheureusement, les grèves, les manifestations des gilets jaunes et le Covid ne permettront pas à Marc de donner toutes ses chances à la pièce. Il faudra attendre octobre 2021 pour que le spectacle soit programmé au Théâtre du Marais à Paris tous les vendredi soir jusqu’en mars 2022.
Le quotidien de Marc en ce début d’année, c’est aussi la reprise de sa pièce « L’ambition des damnés » et la présentation d’une autre : « Astrid ou l’acerbe comédie » à La Comédie Bastille.
À La Comédie Bastille, nous avons eu une formidable opportunité. Tout le créneau du mercredi nous est réservé. A 19h nous jouons « L’ambition des damnés » et à 21h « Astrid ». Pour cette deuxième pièce, nous sommes 12 sur scène : c’est plus ambitieux, plus long.
Marc Tourneboeuf
Deux pièces pour un même univers : la première raconte l’histoire du roi Aaron et de son royaume menacé, la seconde est une épopée construite autour de trois personnages : Astrid, Erell et un marquis libertin. Deux pièces écrites en alexandrin et un univers inattendu quand on connaît la jeunesse de leur auteur. De l’écriture classique aux vidéos sur internet, Marc Tourneboeuf n’a pas finis de surprendre.
Retrouvez l’interview de Marc dans l’émission Vous êtes formidables du 23 février en replay ici.
Retrouvez le aussi sur scène :
Le récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage : au Théâtre du Marais jusqu’au 25 avril.
Astrid ou l’acerbe comédie et L’ambition des damnés : à la Comédie Bastille jusqu’au 11 mai.