Le ministre canadien des Anciens combattants s'est rendu ce mercredi 13 avril 2022, au Centre Juno Beach, à Courseulles-sur-Mer (Calvados). L'occasion d'évoquer la bataille judiciaire qui existe entre le musée et le promoteur immobilier Foncim. Au cœur de la discorde : une route d'accès appartenant au musée.
L'affaire semble prendre une tournure diplomatique. Ce mercredi 13 avril, Lawrence MacAulay, ministre des Anciens combattants du Canada, est venu visiter le centre Juno Beach mais, surtout, comprendre une polémique qui enfle depuis maintenant plusieurs années, à Courseulles-sur-Mer, dans le Calvados.
Une route disputée par les deux parties
Tout est parti d'un projet immobilier. Foncim, promoteur, souhaite construire 66 logements sur une parcelle achetée quai des Frères Labrèques, en 2018. Un site que certains considèrent comme un lieu de mémoire, dédié aux soldats Canadiens de la Seconde Guerre mondiale.
Autre problème : pour réaliser les travaux, des engins devraient passer sur la voie des Français-Libres, une route qui appartient au Centre Juno Beach.
Inconcevable pour Nathalie Worthington. La directrice du musée canadien, debout au milieu de cette voie, a expliqué son opposition au ministre canadien : "Vous devez réaliser que cette route est la seule pour venir au Centre Juno Beach. Les bus viennent ici avec des groupes scolaires ou des visiteurs. La route est aussi empruntée par les cyclistes et les piétons (...) Maintenant, imaginez que vous avez un véhicule de chantier ici, bloquant la route. Et bien ce sera fini. Les groupes ne viendront plus !"
Très émue et inquiète pour la fréquentation du musée, la directrice a salué la présence du ministre canadien : "c'est l'espoir qu'à travers une médiation, on pourra être aidé par le gouvernement du Canada pour trouver une sortie de crise."
Reportage - Visite de Lawrence MacAuley Ministre canadien des anciens combattants sur le site de Juno Beach
Un retentissement jusqu'au Canada
Née dans le Calvados, l'affaire fait désormais parler d'elle de l'autre côté de l'Atlantique. Comme l'atteste la présence du ministre canadien, Lawrence MacAulay : "Je suis particulièrement au courant de ce qu'il se passe à Juno Beach et c'est l'occasion de rappeler l'importance de ce site pour les Canadiens et les Français. C'est si important d'honorer la mémoire des soldats et du sang qui a été versé ici."
Le ministre canadien doit rencontrer demain son homologue française, Geneviève Darrieussecq.
La raison pour laquelle je suis ici, c'est pour agir dès maintenant et m'assurer que l'on trouve une solution.
Lawrence MacAulayMinistre des Anciens Combattants du Canada
Parmi la délégation canadienne, des parlementaires ont également tenu à faire le déplacement. "Le respect, le respect pour nos vétérans", martèle Luc Desilets, député. "Est-ce qu'on souhaite voir passer sur un site comme celui-ci des camions de construction, des camions de ciment ? (...) Non, pas question !"
Le 24 mars, le sujet a même été abordé lors d'une séance au Parlement. Frank Caputo, député, a demandé au gouvernement de faire le maximum pour "sauver Juno Beach".
Une bataille judiciaire en cours
Depuis le permis de conduire accordé en 2018, de nombreuses procédures juridiques ont été engagées. "400 000 euros de frais pour se défendre devant les tribunaux", confie la directrice du musée.
La dernière décision date du 7 janvier 2022 et elle est favorable au promoteur immobilier. Le tribunal de Caen reconnait "l'enclavement" du terrain sur lequel doivent être construits les deux immeubles. Cela signifie que, le temps de la construction, les engins de chantier pourraient désormais passer sur la voie des Français-Libres. Mais le centre Juno Beach a fait appel.
Quant à la procédure concernant la barrière érigée sur cette route, le Centre Juno Beach continue pour l'instant de s'opposer et de ne pas la lever, au risque d'avoir une amende.