Recrutement à l'aveugle : "Il n'y a pas de tricherie derrière le rideau, on peut être nous-mêmes"

L'événement organisé ce lundi 26 février par l'association "The Job" vise à gommer les discriminations à l'embauche. Les recruteurs, qui sélectionnent les candidats à l'aveugle, n'ont pas accès à leur CV.

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Derrière un épais rideau rouge, Emmanuel se confie sur ses débuts dans la vente directe, la création de son entreprise dans le secteur des assurances, ses échecs professionnels... Tout ça, avec un micro à la main. On n'imagine pas qu'une vingtaine de recruteurs l'écoute attentivement, assis sur les gradins d'un grand amphithéâtre.

"Il n'y a pas de tricherie derrière le rideau, on peut être nous-mêmes. Nous avons la liberté de nous exprimer comme nous le voulons, reste à choisir comment", observe le demandeur d'emploi avec philosophie, les cheveux grisonnants plaqués en arrière et une écharpe rouge nouée autour du cou.

Ce lundi 26 février, dix-sept candidats se sont prêtés à une expérience inédite pour trouver un emploi : le recrutement à l'aveugle. Sur le modèle de la célèbre émission télévisée "The Voice", ils ont eu 2min30 pour séduire les entreprises présentes : des agences d'intérims, des cabinets de recrutement et entreprise de propreté pour la plupart. Tous sont applaudis à la fin de leur présentation.

Recréer du lien avec les candidats

L'événement s'est tenu au sein de l'Institut régional du travail social à Hérouville-saint-Clair (Calvados) à l'initiative de l'association The Job, créée en Bretagne il y a maintenant deux ans.

"Depuis la crise du Covid-19, les entreprises ont changé leur manière de travailler mais n'ont pas adapté leurs méthodes de recrutement, observe Ludovic Favray, président de l'association. Nous voulons recréer du lien entre les recruteurs et les candidats".

Ici, pas question de s'échanger les CV. C'est d'abord une affaire de feeling entre les recruteurs et les candidats. Comme le rappelle Ludovic Favray, l'initiative vise à les mettre en relation en "cassant les codes du recrutement traditionnel".  

"C'est un format innovant pour nous. On voit leur manière de s'exprimer et d'écoute, sans se fier uniquement à leur CV", explique Paul David, de l'agence Interim Temporis, en souriant à Maxime qu'il va rappeler pour organiser un second entretien. Face à lui, le trentenaire en chemise bordeaux semble aussi ravi de leur échange : "Ils peuvent faire confiance à une personne et à sa personnalité, c'est un atout".

Une fois les candidats sélectionnés, les recruteurs prennent le temps de les rencontrer autour d'un café. Ils peuvent partager leurs besoins, aspirations professionnelles voire leurs coordonnées dans le meilleur des cas.

Gommer les discriminations à l'embauche

Médiatrice dans le social, éducatrice scolaire, propriétaire d'un salon de toilettage et actuellement en reconversion professionnelle, Delphine, 50 ans, a tourné en dérision ses multiples "virages" professionnels.

"Je suis contente de moi, je n'ai pas bafouillé ou été trop rapide. J'ai fait le choix de raconter mon parcours avec quelques pointes d'humour et sans trop en dire, pour garder le suspense...", débriefe la candidate, élégante dans sa veste en laine marron et son foulard noué autour du cou.

Qu'elle soit liée à l'âge ou aux origines culturelles, la discrimination à l'embauche persiste en France. Une étude publiée par le CNRS en 2020 montre par exemple qu'un candidat d'origine maghrébine a 18 % de chances d'obtenir un entretien pour un poste de cadre administratif en région parisienne (en 2021-2022), contre 25 % pour celui dit « de référence », soit un CV sans mention de l'origine, de l'âge, ni du lieu de résidence.

"Mon but est de voir ce que je vaux sur le marché du travail ; sans qu'on connaisse mon âge ni mon apparence physique, explique-t-elle en douceur, assise à une table avant de rencontrer les recruteurs. Quand on arrive à un certain âge, c'est plus difficile de retrouver du travail".

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