Tour de Normandie. Audrey Cordon-Ragot : "On retrouve le cyclisme masculin des années 90/2000 en suivant les courses féminines”

Marraine de la première édition du Tour de Normandie Femmes en 2023, Audrey Cordon-Ragot ne sera au départ cette année, mais suivra la course d’un œil attentif. Heureuse qu’un contre-la-montre ait été ajouté, la double championne de France sur route décrypte la course et donne ses favorites, avant de se livrer sur ses prochaines échéances personnelles.

Audrey Cordon-Ragot ne participera pas à la version remodelée du Tour de Normandie. Passé de trois à quatre jours avec un contre-la-montre d’entrée de jeu, la Bretonne de 34 ans aurait aimé s’y lancer sous les couleurs de Human Powered Health, son équipe rejointe en avril 2023.

Mais le staff a effectué un autre choix de calendrier. La sextuple championne nationale du contre-la-montre suivra donc la course depuis la Belgique où elle dispute, actuellement, la Danilith Nokere Koerse. Entretien avec une pionnière du cyclisme féminin.

Audrey, quel souvenir gardez-vous du Tour de Normandie ?

Un souvenir un peu mitigé. Le Tour a été la dernière course avec mon équipe de l’époque, la Zaaf Cycling Team. Elle a disparu par la suite. Mais du point de vue du Tour en lui-même, je garde un bon souvenir. C’était la première édition féminine, c’était très bien organisé, notamment grâce aux 40 ans d’expérience de la version masculine.

Pour moi, cette course a tous les ingrédients pour perdurer : entre l’accueil de la part de l’organisation, la prise en charge des équipes, les hôtels dans lesquels on reste mais aussi la sécurité du parcours et l’intérêt sportif du tracé.

Sans oublier l’oreille attentive des organisateurs, qui nous ont écoutées pour améliorer le tracé et ont ajouté un contre-la-montre. Je trouve ça super !

Pour vous, le contre-la-montre représente un réel atout, c’est ce qui attire des équipes de classe mondiale ?

On a peu de courses à étapes en France avec un contre-la-montre inclus. C’est une discipline un peu moins prise au sérieux dans notre pays. Le Tour de Normandie est l’une des premières courses par étapes du calendrier européen. La date est bien choisie même si ça tombe le week-end de Trofeo Alfredo Binda (17 mars), on peut avoir un double front avec les effectifs d'aujourd'hui.

Sa situation géographique est idéale. On n'est pas loin de la Belgique et des Pays-Bas. Enfin, je pense que les cyclistes aiment aussi découvrir de nouvelles courses, de nouveaux circuits.

C’est donc une course vraiment intéressante, même lorsqu’on n’est pas un amoureux du vélo il faut la regarder…

Au-delà du Tour de Normandie, je pense qu’il faut suivre le cyclisme féminin. Ça dure moins longtemps que le masculin, il s’y passe plus de choses d’entrée de jeu puisque le tracé est plus court. Il y a plus de mouvements, on attend moins le final pour se disputer la victoire.

Cette année les circuits ont clairement été conçus pour tendre vers ce schéma, où la bagarre commence assez tôt. Les scénarios sont moins écrits. Il suffit donc de franchir le pas, et souvent les gens accrochent !

Un autre avantage et pas des moindres, c’est la proximité avec les coureuses qui se perd de plus en plus avec les coureurs. En suivant les femmes, on retrouve un cyclisme masculin des années 90/2000, où les sportifs étaient plus accessibles. C’est ce qui fait la simplicité du vélo.

Votre équipe Human Powered Health n’a pas souhaité s’aligner cette année, vous le regrettez ?

Oui j’aurais aimé être là… Ma sœur y sera pour commenter. Ce Tour, c’est un peu une histoire de famille. Mais mon équipe n’était pas au courant qu’il y avait un contre-la-montre, ils ne m’ont pas demandé alors que je le savais, donc on ne s’y est pas inscrit.

S’ils l’avaient su plus tôt, ça aurait sûrement été décisif. Mais les tracés sont sortis assez tard, on a préféré s’orienter vers une classique en Belgique. C’est comme ça, ça n’empêchera pas d’avoir une très belle course sans nous ! J’ai hâte de voir comment ça va se dérouler.

Justement, qui voyez-vous comme favorite cette année ?

Sur la première étape, il y aura la présence de la triple championne du monde du contre-la-montre (2013, 2021 et 2022), Ellen Van Dijk (Lidl Trek). Pour les organisateurs je pense que c’est une réelle satisfaction de l’avoir au départ. Elle va sûrement prendre le lead d’entrée de jeu, après est-ce qu’elle va le garder ? C’est autre chose.

Il y a d'autres belles équipes au départ, avec notamment Cédrine Kerbaol (Ceratizit) qui a envie de renouveler le bail et d’aller chercher un second titre sur les routes normandes.

Je pense aussi à Victoire Berteau (Cofidis), la championne de France sur route 2023, qui est très en forme. Elle vient de sortir une cinquième place en World Tour le week-end dernier. Je vois vraiment ces trois filles sortir du lot.

Pour les Normands, il y aura aussi la petite Marion Bunel qui marche très bien. C’est une pure grimpeuse, elle aura sûrement à cœur d’aller chercher un bon classement général. Dans son équipe, St-Michel - Mavic - Auber93, ce sera sans doute la protégée.

Les Normands ne vous verront pas ce week-end mais peut-être pendant les Jeux de Paris. J’imagine que vous trépignez d’impatience…

On a envie de savoir rapidement ce qu’il en est, la liste devrait sortir mi-mai. Je pense que le sélectionneur de l’équipe de France, Paul Brousse, sait très bien qu’il faut nous l’annoncer tôt pour qu’on puisse s’y préparer. Même si toutes les filles pressenties ont certainement axé leur calendrier autour des Jeux. Pour ma part, c’est ce que j’ai fait.

Est-ce que vous en parlez entre Françaises ?

Pas vraiment. Forcément il y a des rumeurs et des tensions sportives, parce que l’enjeu est grand, voire immense parce que c’est à Paris. Mais pour le moment ça reste très cordial et tout le monde se donne à fond pour être la meilleure.

Ma saison tourne autour des Jeux pour l’instant. Ça décale les pics de forme pour l’été, le premier devrait arriver au moment de Paris-Roubaix, ma course préférée, où j'étais arrivée épuisée psychologiquement l’an passé. Cette année, je vise le podium. Je monte donc tranquillement en pression.

Toute l'actualité du Tour de Normandie est à suivre avec France 3 Normandie, sur internet, et aussi dans les journaux télévisés ICI 12-13 (dès 12h24) et ICI 19/20 (dès 19h15).

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