Une mini foire de Lessay, pas de foire de Brix, une manifestation de la Saint-Luc au mieux en modèle réduit et de gros points d’interrogation pour la Saint-Denis de Montilly-sur-Noireau… Les organisateurs sont dans le flou en raison de la crise sanitaire.
Chaque année, elle revient comme les saisons, avec son allée des rôtisseurs et son marché aux bêtes. La foire millénaire de la Sainte-Croix de Lessay dans la Manche, née au XIe siècle, est une institution normande. Elle accueille tous les ans près de 400 000 personnes et plus de 1500 exposants. Le plus grand rassemblement de la région.
Mais en 2020, crise sanitaire oblige, tout est remis en cause. La nouvelle élue de la commune, Stéphanie Maubé, a dû prendre la décision avec le conseil municipal, d’oublier « le gigantisme ». La foire pourrait donc se dérouler sur deux jours, les 11 et 12 septembre prochain mais il s’agira « d’une petite foire recentrée sur l’agriculture ».
La superficie passe de 30 à 3 hectares. Il y aura des éleveurs de bovins, d’ovins et de chevaux, des professionnels du monde agricole et des forains, mais la priorité c’est d’assurer la sécurité sanitaire. Une mini foire qui ne sera bien sûr possible seulement si la pandémie de Covid-19 ne repart pas à la hausse.
C’est pourtant ce que redoute un autre Manchois, Sébastien Lecomte, maire de Gavray. Il organise la foire Saint-Luc, elle aussi millénaire, et n’est guère optimiste.
Ce qui est certain, c’est que la foire telle qu’on la connaît, avec 100 000 personnes sur trois jours, ne se fera pas dans sa configuration habituelle…si elle a lieu. Nous arrivons un mois après la foire de Lessay. Est-ce que le contexte sanitaire sera meilleur ? Pour le moment, tous les voyants ne sont pas au vert. C’est le moins que l’on puisse dire.
Assouplissement des règles à l'automne ?
Mais, malgré l’incertitude, il faut pourtant continuer à organiser l’évènement car comme le précise, Alain Delaunay, le maire de Montilly-sur-Noireau à la tête de la plus grande foire de l’Orne, « une foire comme cela, nous prend six mois de préparation ». L’équipe est composée d’une trentaine de personnes rôdée à l’exercice.C’est un évènement maîtrisé. Nous sommes en ordre de marche pour l’édition des 10 et 11 octobre et nous voulons rester sur la même configuration que les années précédentes. Mais c’est seulement au 31 août que l’on en saura plus. Les rassemblements de plus de 5000 personnes sont interdits jusqu’à cette date. On espère que sur le plan sanitaire nous serons moins contraints, et que nous pourrons organiser la foire telle qu’on l’a connue ces dernières années.
Sébastien Lecomte, lui, doute que les restrictions s’assouplissent à l’automne.
On imagine mal repasser d’une jauge de 5000 personnes à 100 000 en quelques semaines, surtout en ce moment où nous sommes sur une phase de reprise du virus. Notre priorité c’est la santé publique même si économiquement c’est dramatique pour nos 650 exposants qui viennent de la France et de l’étranger. Mais en même temps, si on réduit le nombre de visiteurs, est-ce que c’est toujours intéressant pour les commerçants ?
Constat partagé par Alain Delaunay pour la Foire Saint-Denis de Montilly : « pour certaines entreprises de la région notre foire représente 6 mois de chiffre d’affaire ! C’est essentiel pour le territoire. Mais il en va de même pour toutes les autres foires de la région ».
A Gavray, le conseil municipal de mardi prochain permettra de déterminer si la foire est annulée ou réduite à la manière de celle de Lessay.