La famille de Stéphane Vitel, ce principal retrouvé mort le 11 août dernier, à son collège, à Lisieux, conteste les conclusions de l'enquête. Ses proches ont, par ailleurs, écrit au Premier ministre, Gabriel Attal, lui demandant de les aider à obtenir la mention "Mort pour le service de la République ".
La disparition brutale de Stéphane Vitel a beaucoup ému Lisieux et la communauté éducative. Mais pas seulement.
Proviseur au collège Laplace, ancien adjoint au maire d'Houlgate (2014 à 2020), conseiller communautaire de 2014 à 2016, il s'était également engagé en politique aux côtés de Laurent Bonnaterre et de la députée européenne, Stéphanie Yon-Courtin, aux dernières élections régionales.
Le Ministre de l'Education nationale de l'époque, Gabriel Attal, avait même assuré sa famille de son soutien, sur le parvis de la Basilique de Lisieux, lors de ses funérailles, réunissant mille personnes.
Après sept mois d'enquête, la famille en proie aux doutes
L'enquête a donc commencé, sous les feux des projecteurs, tentant de résoudre une énigme sur les circonstances de sa mort. Le 11 août dernier, Stéphane Vitel, sa femme et ses deux enfants partent en vacances, lorsqu'il est alerté par le déclenchement de l'alarme anti-intrusion de l'établissement.
Il fait un détour par le collège. Ne le voyant pas revenir, sa fille et sa femme, partent le chercher et le découvrent inanimé dans le hall.
Deux garçons, soupçonnés d'avoir forcé le collège, seront rapidement entendus par les enquêteurs, puis disculpés. Les horaires ne concordent pas. L'autopsie a ensuite révélé que Stéphane Vitel souffrait d'une pathologie cardiaque, qu'il ignorait.
En décembre dernier, le procureur de la République de Caen, affirmait écarter la piste criminelle : "les éléments médico-légaux penchent en faveur d'une cause naturelle de la mort. Tout laisse penser que Stéphane Vitel a succombé à un problème cardiaque. Il n'a pas subi d'agression physique", explique alors Joël Garrigue
Dans un communiqué, que nous avons pu lire, Madame Vitel souhaite "adresser un cri de colère." "En tant que partie civile, et après avoir pris connaissance du dossier d'instruction, je ne peux qu'être en désaccord avec les informations communiquées aux médias. (...)
Aucun élément matériel du dossier ne permet d'étayer ni de justifier cette version. À l’inverse, le dossier comporte de nombreuses zones d’ombre et des informations précieuses que nous souhaiterions vous présenter afin que la vérité puisse se manifester et que l’enquête soit relancée .
Extrait du communiqué de la famille Vitel
La famille demande à être reçue par le Premier ministre
La famille du principal a, par ailleurs, entrepris des démarches auprès de l'OnacVG pour que la mention "Mort pour le service de la République" lui soit décernée. L'office national des combattants et des victimes de guerre attend les conclusions de l'enquête pour se prononcer.
Ses proches considèrent qu'il remplit les critères, en avançant cet argument "Dans des circonstances exceptionnelles, il a accompli un acte de dévouement, au cours d'une mission exécutée sur ordre".
Dans un courrier adressé au Premier ministre, le père, la mère et la femme de Stéphane Vitel demandent à Gabriel Attal, rencontré l'été dernier, d'intervenir afin que cette demande " soit suivie d'effet, dans les meilleurs délais, sans blocage uniquement administratif. Les aides qui pourraient résulter de cette mention, notamment en direction des enfants, ne sont pas rétroactives.
J'ai la douloureuse sensation que nous sommes abandonnés. Passé le temps d'une certaine effervescence médiatique, on ne soucie plus de la disparition d'un principal de collège, qui est mort alors qu'il allait, par conscience professionnelle et pendant ses congés, vérifier les raisons du déclenchement d'une alarme de son établissement scolaire
Jeanne Vitel, veuve de Stéphane Vitel