Don du sang : fin des restrictions pour les homosexuels

Les homosexuels peuvent dorénavant donner leur sang sans condition ni restriction. Une décision qui met fin à une discrimination de près de 40 ans.

Société
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Ils attendaient cette décision depuis des années. Les homosexuels peuvent depuis ce mercredi 16 mars donner leur sang sans avoir à justifier d'une période d'abstinence sexuelle de quatre mois. Une décision que l'on doit à la loi bioéthique votée en juin 2021, qui supprime les critères liés à l'orientation sexuelle des donneurs et met fin à près de 40 ans de discriminations.

De 1983 à 2016, les homosexuels se sont vus refuser le don de sang en raison des risques de transmission du sida, cette communauté étant à l'époque particulièrement frappée par l'épidémie. Les homosexuels furent ensuite autorisés à ce type de prélèvement seulement s'ils respectaient une période d'abstinence d'un an. Une durée réduite à quatre mois en 2019 après que des associations ont porté plainte contre la France pour discrimination auprès de la commission européenne. 

C'était douloureux de se voir refuser ce droit, cette envie de solidarité et de partage

Léo Evrard, Fiertés Colorées LGBTI Rouen

"Quand on nous refuse un acte aussi bénéfique pour toute la société c'est difficile, donner son sang c'est tout de même un acte de solidarité..." nous confie Léo Evrard, référent santé sexuelle au sein de l'association Fiertés Colorées LGBTI Rouen

Des critères de sélection des donneurs en question

Le ministère des solidarités et de la santé définit par arrêté les critères de sélection des donneurs de sang. "Très concrètement, cette nouvelle disposition induit des évolutions aux étapes du questionnaire et de l’entretien préalables au don. Le critère d’accès au don faisant référence aux partenaires sexuels sera désormais le même pour toutes et tous, impliquant donc un mono partenariat réciproque dans les quatre mois précédant le don. Cette durée d’ajournement de 4 mois est celle actuellement prévue pour de multiples contre-indications (par exemple les tatouages ou piercings, certains voyages, endoscopie…)" peut-on lire sur le site de l'EFS.

Dans le nouveau questionnaire à remettre avant le don, il n'est plus nécessaire de donner son orientation sexuelle. Tout donneur quel qu'il soit devra dire s'il a plusieurs partenaires et s'il prend un traitement pour le VIH, deux critères -parmi d'autres- qui ne permettent pas de donner son sang.

"Il faut savoir que ce n'est pas l'EFS -Etablissement Français du Sang- qui décide des contre-indications, mais elle les met en oeuvre, nous explique Annie-Claude Manteau directrice régionale de l'EFS Hauts de France-Normandie. Ce changement est d'ordre sanitaire, pas sociétal. Il y a d'autres contre-indications liées à des risques statistiques, comme les transfusés à qui l'on refuse toujours le don alors qu'ils aimeraient rendre ce qu'ils ont reçus".

"Il y a toujours la question du multi partenariat qui touche les hommes ou les femmes. On va continuer de poser la question dans nos questionnaires mais sans distinction de sexe

Docteur Annie-Claude Manteau, directrice de l'EFS, Etablissement Français du Sang Hauts de France-Normandie

Des méthodes de dépistage plus performantes

"Les méthodes de dépistage évoluent aussi, continue Annie-Claude Manteau, directrice de l'EFS Hauts-de France-Normandie, quand vous donnez votre sang on fait tout un tas d'analyses, on est de plus en plus pointus et on diminue la fenêtre sérologique. C'est à dire entre le moment de contamination -HIV, hépatites..- et le moment où on peut faire la détection, cette fenêtre est de plus en plus étroite, ce qui veut dire que le risque est diminué d'autant".

"L'EFS accueille tous les donneurs poursuit Annie-Claude Manteau, l'important c'est de donner et de donner aussi dans le temps. En Normandie aujourd'hui on a besoin de 500 dons par jour" conclut la directrice de l'EFS en Normandie.

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