L'Ukraine est sous le feu des bombardements russes depuis 4 mois désormais, ce qui a contraint plus de six millions d'Ukrainiens à fuir leur pays. Plusieurs centaines ont trouvé refuge en Normandie. Des femmes qui avec leurs enfants s'adaptent à leur nouvelle vie.
Yana et Natacha ont fui l'Ukraine avec leurs enfants en avril dernier. Depuis, elles vivent à Pont-Farcy, dans la Manche, en pleine campagne. Toutes les deux sont hébergées gracieusement par un couple. Des particuliers qui ont voulu tendre la main à ces femmes qui ont du tout quitter derrière elle. Avant d'arriver ici, Natacha était ingénieure sur les monuments historiques. Aujourd'hui, elle ne trouve pas de travail. Ses journées sont celles d'une mère au foyer. Yana, elle, est esthéticienne, elle pratique toujours son métier mais elle est obligée de travailler à domicile car elle n'a pas de voiture : "nous avons tout ici mais il y a peu de transports en commun donc on ne peut pas trop se déplacer" nous confie-t-elle.
C'est Christopher Long, leur hôte, qui assure leurs déplacements avec sa voiture. Mais avec la hausse du prix de l'essence, cela devient compliqué pour lui : "elles peuvent compter sur nous évidemment mais c'est vrai que ça devient compliqué car ça nous coûte cher", nous explique-t-il. L'élan de solidarité et les aides de l'Etat permettent une organisation provisoire pour ces deux femmes et leurs enfants mais la situation demeure précaire pour tout le monde. Face à cette situation, pour Jean-Philippe Leseigneur de l'association "Les enfants de l'Ukraine" : "Il faudrait peut-être penser à une possibilité d'indemnisations pour les hébergeurs sur les frais qu'ils engagent personnellement comme l'essence ou l'électricité, ça serait une aide supplémentaire".
En plus de la précarité, elles continuent de découvrir et s'adapter à leur nouvelle vie et elles sont aussi accompagnées par des bénévoles dans les démarches administratives françaises souvent complexes. Pour contourner la langue, elles se servent d'un traducteur numérique. "Il faut que j'apporte ces documents au café du coin et que je les regarde" dit la voix sur son portable qui vient de traduire ses dires en français. Le bénévole lui répond : "très bien on va s'occuper de ça".
Travailler en attendant de pourvoir rentrer
Un peu plus loin, à Bayeux dans le Calvados, Tetiana a décroché un contrat à durée déterminé en tant que femme de chambre dans un hôtel qui manquait de main d'œuvre. Elle est venue seule d'Ukraine début avril avec un de ses trois fils. Son mari, lui, est resté au pays : "je suis contente de pouvoir travailler car j'ai une famille nombreuse en Ukraine. J'ai aussi ma mère et ma sœur qui sont restées là-bas. Je dois les aider donc je voulais vraiment travailler".
Se plonger dans le travail pour oublier l'espace d'un instant, mais Tetiana n'aspire qu'à une seule chose: "j'espère que la guerre sera bientôt finie, je pourrais rentrer chez moi auprès de ma famille et retrouver mon mari qui est volontaire là-bas. Pour le moment, il dit que c'est impossible de revenir en Ukraine. Il demande à mon fils d'être là, de travailler, d'aider. Qui sait, il viendra peut-être nous chercher ?", nous lance-t-elle avec le sourire.
Un jour prochain, elle l'espère. En attendant, cette combattante du quotidien ne baisse pas les bras.