Le pass sanitaire est obligatoire depuis le mercredi 21 juillet pour accéder aux lieux culturels rassemblant plus de 50 personnes. Face à un nouveau casse-tête logistique, de nombreux cinémas ont fait le choix de limiter l’accès à leurs salles à 49 spectateurs, comme le Rex à Bernay.
C’est écrit sur un petit rectangle en papier à l’entrée de l’établissement : « Nous avons fait le choix de ne pas imposer le "pass sanitaire". De ce fait, nos séances seront donc limitées à 50 spectateurs ». 49 pour être exact. C’est le seuil à ne pas dépasser pour être dispensé de pass sanitaire à l’entrée des établissements de loisirs et de culture.
Bastien Lechevallier a fait ce choix, et ce n’est pas un acte politique. « C’est vraiment une décision purement pratique. Instaurer le pass sanitaire dans un délai aussi court pour une petite structure, c’est clairement impossible ». Le directeur du Rex a un employé à temps partiel pour le remplacer lors de ses jours de repos, mais il n’y a toujours qu’une seule personne sur place pour gérer le flux de spectateurs. « Contrôler les gens à l’extérieur du bâtiment, les faire patienter dans le hall ou à l’extérieur, puis ensuite les encaisser, tout en contrôlant que personne ne se soit rajouté à la file… c’est vraiment une mise en place très compliquée. »
Pour une séance à 20h30 où je devrais imposer le contrôle sanitaire, il faudrait que les spectateurs arrivent au moins une heure avant la séance.
Compliquée, et chronophage. Contrairement aux visites libres de certains musées, monuments ou autre parc de loisirs, les séances de cinéma démarrent à un horaire bien précis et s’enchaînent. « Pour une séance à 20h30 où je devrais imposer le contrôle sanitaire, il faudrait que les spectateurs arrivent au moins une heure avant la séance ».
Un jeune public encore peu vacciné
Fermés pendant six mois jusqu’au 19 mai 2021, les cinémas ont déjà été très impactés financièrement. Ils ne peuvent se permettre de perdre certains spectateurs. « Le pass sanitaire va nous imputer une grosse partie de notre clientèle, ciblée par le film Kaamelott. La majorité du public appartient à une tranche d’âge qui est très peu vaccinée. »
On nous a dit que le masque nous protégeait et si on garde les distanciations sociales, il n’y a pas d’inquiétude à avoir.
A l’image du jeune Thomas qui avait réservé sa place la veille, heureux de pouvoir assister à la première de l’un des films français les plus attendus de l’année sans obligation de pass sanitaire. « Je ne suis pas vacciné, je n’ai pas eu de rendez-vous. Il faut que j’attende le 5 août minimum. On nous a dit que le masque nous protégeait et si on garde les distanciations sociales, il n’y a pas d’inquiétude à avoir. »
Les cinéphiles comprennent ce choix, même ceux qui sont vaccinés. « C’est un grand débat », lâche Jean-François, qui avait réservé ses places pour emmener son fils au cinéma, « moi je suis vacciné mais je comprends ceux qui ne souhaitent pas l’être et il faut aussi leur laisser la porte ouverte ».
Dispositif confidentiel ?
Il y aussi les vacanciers, qui passaient par là. Virginie, son mari et leurs trois enfants ont tenté leur chance, sans savoir que le fameux pass n’était pas exigé. « Je ne savais pas qu’il y avait une jauge à cinquante places, nous on est vaccinés donc la question ne se pose pas mais c’est tant mieux pour ce qui ne le sont pas. J’espère qu’il y aura de la place pour tout le monde ! ».
« Il y a des gens qui se sont présentés en caisse avec leur pass sanitaire. Je leur ai expliqué notre choix et ça n’a pas posé de souci. Que les gens soient vaccinés ou non ils gardent le masque. Tant que je pourrai me passer du pass sanitaire je m’en passerai. Quand il faudra l’appliquer, je l’appliquerai », explique le directeur du cinéma Art et Essai, ouvert depuis 1945.
Séances supplémentaires
La première nocturne du mercredi soir était complète quelques heures avant le début de la séance. Qu’importe, Bastien s’est retroussé les manches et a déjà prévu des projections supplémentaires. Le passionné pourrait en programmer d’autres en cas de forte demande.
Déjà des contrôles dans les cinémas qui accueillent plus de 50 spectateurs
Après un franc succès lors des différentes projections de Kaamelott : Premier volet mardi soir en avant-première dans les cinémas Gaumont-Pathé de Seine-Martime, la journée de mercredi a été plutôt calme. Un effet météo ou un effet pass sanitaire ? Reste que le soleil n’aura pas écarté les forces de police des salles obscures. Des contrôles ont été effectués dès la première séance au Gaumont du Havre. Des contrôles également pour le groupe Kinepolis dans l’Est de la France.
Kinepolis a investi dans des téléphones et les applications ont été téléchargées et testées en amont. Les horaires des projections ont été ajustés afin d’éviter de démarrer les gros films au même moment. Enfin, les équipes des deux groupes ont été renforcées, principalement par des agents de sécurité, pour faciliter les contrôles.
Gaumont-Pathé et Kinepolis ont fait le choix d’appliquer le pass sanitaire à toutes leurs salles, par souci logistique. Le masque reste obligatoire pour l’instant, « pour une totale sécurité » selon Servanne Fouyer, directrice de trois cinémas Gaumont-Pathé de Seine-Maritime. « Et aussi parce que le pass sanitaire n’est pas encore obligatoire pour les mineurs », ajoute Anne-Sophie Le Guiader, directrice des ventes Kinepolis France.
Pour les cinémas avec accès unique via un centre commercial, il n’y a pas encore de procédure de contrôle. A partir du 1er août, l’accès aux centres commerciaux de plus de 20 000 m2 sera également soumis au pass sanitaire.