Pour faire face à une épidémie de bronchiolite particulièrement virulente, le plan blanc a été déclenché jeudi 10 novembre aux urgences pédiatriques de l'hôpital d'Evreux, dans l'Eure. Malgré cette mesure, les soignants craignent une aggravation de la situation dans les prochaines semaines.
L'épidémie de bronchiolite frappe particulièrement tôt et fort cette année en France. Face à un niveau record d'hospitalisations jamais atteint depuis dix ans, le plan blanc a été déclenché jeudi 10 novembre aux urgences pédiatriques du centre hospitalier Eure-Seine, à Evreux. Il contient des mesures d'organisation destinées à faire face à une situation sanitaire exceptionnelle ou une activité accrue d'un hôpital.
Dans l'Eure, les professionnels de santé font état de cas plus nombreux, plus graves et d'une épidémie plus précoce que les autres années. L'épidémie de bronchiolite représente 60% des consultations aux urgences pédiatriques de l'hôpital Eure-Seine. Elle s'ajoute donc aux urgences habituelles, ce qui représente une difficulté supplémentaire pour le personnel.
"C'est compliqué de trier les urgences parmi les urgences, de savoir qui on installe alors qu'on aimerait installer tout le monde", témoigne Aurélie Knockaert, infirmière puéricultrice dans ce centre hospitalier. "C'est compliqué, c'est de la responsabilité. On n'a pas envie de se tromper parce que derrière, ce sont des petits loups", appuie-t-elle.
"Je ne voulais pas attendre la fin du week-end"
Courante et très contagieuse, la bronchiolite, causée le plus souvent par le virus respiratoire syncytial (VRS), provoque chez les bébés une toux et une respiration difficile, rapide et sifflante. Si elle peut angoisser les parents, elle est la plupart du temps bénigne. Mais, dans certains cas, elle peut nécessiter un passage aux urgences, voire une hospitalisation.
En ce long week-end de novembre, il est parfois difficile de trouver un médecin en ville. "Les bébés sont malades depuis hier donc j'ai voulu aller chez le pédiatre. J'ai appelé à 8h ce matin mais il ne travaillait pas ce jour-là. Donc on n'a pas le choix. Je ne voulais pas attendre la fin du week-end", souligne Barbara Bazin, la maman de Margot et Lucas, tous les deux examinés par un médecin samedi.
L'inquiétude des soignants
L'épidémie ayant débuté plus tôt cette année, la situation de l'hôpital est tendue depuis le mois d'octobre. Les moyens avaient donc déjà été renforcés avant l'annonce du plan blanc avec une augmentation du nombre de consultations aux urgences, du nombre de lits d'hospitalisations et du nombre de personnel médical et paramédical.
Mon inquiétude est que la situation s'aggrave encore plus et que ça déborde, que des enfants se retrouvent sur des brancards à recevoir de l'oxygène dans les couloirs. Pour moi c'est une ligne rouge qu'il ne faut pas franchir.
Salim Ayache, chef de service de pédiatrie et de néonatologie aux urgences pédiatriques du centre hospitalier Eure-Seine
"Actuellement, on vit une accalmie due aux vacances scolaires. Mon inquiétude est que la situation s'aggrave encore plus et que ça déborde, que des enfants se retrouvent sur des brancards à recevoir de l'oxygène dans les couloirs. Pour moi c'est une ligne rouge qu'il ne faut pas franchir", prévient Salim Ayache, chef de service de pédiatrie et de néonatologie.
Déclenchement du plan ORSAN
Le plan blanc déclenché jeudi va donc permettre d'élargir les mesures déjà prises. "On pourra annuler les hospitalisations programmées non urgentes donc les lits seront réservés pour les cas de bronchiolite. Et ça va nous permettre de concentrer tous les moyens, personnels ou matériels, pour le service de pédiatrie. Ça va aussi nous permettre de réquisitionner plus de monde et d'avoir du personnel en astreinte pour pouvoir pallier un arrêt imprévu", explique Salim Ayache.
Face à cette situation qui touche la France entière, le ministre de la santé a annoncé au Sénat mercredi le déclenchement d'un plan ORSAN (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles) spécifique à cette épidémie. Ce dispositif permet de renforcer encore les moyens des ARS (agences régionales de santé) et donc de réorganiser dans chaque région l’offre de soins à l’hôpital, mais aussi en ville et dans le secteur médico-social.