Cour d'Assises de l’Eure: Alexandra Richard jugée en appel pour le meurtre de son conjoint violent

Le procès d’Alexandra Richard débute ce mardi 19 octobre 2021 devant la Cour d’Assises d’appel d'Evreux. La quadragénaire plaide à nouveau la légitime défense. Elle est soutenue par des associations féministes.

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C’est détenue qu’Alexandra Richard comparaîtra du 19 au 22 octobre 2021 à Evreux. Cette habitante de Montreuil-en-Caux près de Dieppe, est en détention depuis novembre 2020, date à laquelle elle a été condamnée à 10 ans de réclusion pour le meurtre de son conjoint violent.

Agée de 43 ans, cette mère de famille a demandé à être remise en liberté à cinq reprises. Sa demande a systématiquement été refusée. La dernière fois c’était le jeudi 14 octobre 2021.

  • Les faits

Les faits remontent aux 16 octobre 2016. Le compagnon d’Alexandra Richard est alcoolisé. Il a bu du whisky, et, selon elle la menace de lui « défoncer la gueule ».

Le couple, ensemble depuis 3 ans, est adepte de chasse et un fusil est présent à leur domicile. La Normande saisit l’arme, le coup part. Son conjoint, Sébastien G., âgé de 35 ans meurt ce jour-là.

Dans la maison, se trouvent aussi les 3 enfants d’Alexandra Richard.

  • Le procès en première instance.

Le procès en première instance d’Alexandra Richard s’est tenu aux Assises de Seine-Maritime du 23 au 27 novembre 2020.

Le parquet général réclamait alors une condamnation pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

Son avocate de l’époque, Nathalie Tomasini, spécialiste des violences conjugales, souhaitait requalifier les faits en « homicide involontaire ».

La quadragénaire, dont le casier était jusqu’alors vierge,  assurait en effet avoir voulu un an plus tôt fuir avec ses enfants et quitter Sébastien G. Elle affirmait que l’homme aurait été violent physiquement et moralement.  Il avait par ailleurs déjà été condamné en 1999 pour avoir tiré sur un rival amoureux.

Lors du procès, Alexandra Richard a reconnu avoir chargé son arme mais plaide l’accident, la légitime défense :

 

C’était de la dissuasion pour pas qu'il me frappe comme il l’avait précédemment dit, pour pas qu’il me bute quoi!

Alexandra Richard, lors de son procès en novembre 2020.

Des arguments qui ne seront pas retenus par la Cour qui la reconnait coupable du meurtre de son compagnon. Elle est condamnée à 10 ans de réclusion.

  •  Le soutien des associations féministes

Alexandra Richard est soutenue par plusieurs associations féministes, comme « Oser le féminisme ! 76». Ses membres ont collé des affiches et des mots dans l’espace public à Rouen et Evreux pour soutenir l’accusée. 

Il y a eu un déni de justice au moment du procès, on n’a pas du tout pris en compte les violences conjugales dont Alexandra Richard a été victime (…) C’est la réalité des féminicides qui se joue derrière ce procès.

Léa Colin, porte-parole de « Oser le féminisme ! 76 ».

Par ailleurs, deux pétitions ont été lancées en ligne. La première s'intitule «  Pas de prison pour Alexandra Richard » , la seconde « Pour Alexandra Richard et toutes les autres : clarifions la loi sur la légitime défense !».

La dernière pétition demande à la gauche parlementaire de se saisir de la question et d'instaurer une présomption de légitime défense pour violences conjugales comme le défendait un projet de loi déposé par des députés LR en 2019.

  • Le procès en appel

Cette question de présomption de légitime défense devrait être abordée lors de ce procès en appel. 

Quentin Dekimpe, avocat de la défense,  pourrait plaider l’acquittement, à l’image de ce qui s’était passé pour une autre Alexandra : Alexandra Lange. 

Cette ancienne victime de violences conjugales poursuivie, elle aussi, pour le meurtre de son conjoint avait été acquittée en 2012 par la Cour de Douai.

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