Violée par son père quand elle était enfant, elle a créé une association pour faire de la prévention mais aussi pour accompagner et écouter des victimes et leur redonner espoir.
Claire-Aurélie est enseignante dans un lycée. Mère de deux filles, cette habitante d'un petit village du département de l'Eure a souhaité créer une association pour mettre son expérience personnelle au service d’autres victimes et de leurs proches.
C'est ainsi qu'est née en 2018, après des mois de réflexion et les conseils de professionnels, l'association "Les Enfants de Tamar". Parmi les objectifs : écouter, accompagner, prévenir, informer et sensibiliser pour "sortir du secret et libérer la parole, sans tabou".
Père prédateur et mère complice
Cet engagement au service des autres est, pour Claire-Aurélie, le fruit d'un "long cheminement sur le mal que peut engendrer un père violeur et une mère complice par leur silence dévastateur." Avec son association, et à partir de son vécu, elle veut redonner espoir aux victimes.
J'ai été violée par mon père de l'âge de 3 - 4 ans, jusqu'à l'âge de 19 ans. J'ai parlé à ma mère quand j'avais 10 ans et demi, et ça a été le grand silence, l'abandon…"
Le long et difficile parcours des victimes d'inceste
Un peu plus tard, quand Claire-Aurélie avait 19 ans, son père est mort. Ce qui fait qu'elle ne pourra jamais porter plainte contre lui et obtenir réparation.
Comme d'autres victimes d'inceste, elle a mis beaucoup de temps à se reconstruire, aidée pendant une dizaine d'années par une thérapeute. Ayant vécu cette souffrance de "l'après inceste", Claire-Aurélie veut aujourd'hui alerter sur les conséquences :
"Les conséquences de l'inceste ?
Déjà, 50% des victimes vont tenter de mettre fin à leurs jours. Il va y avoir toutes les conduites à risques (alimentaires, sexe, drogues…) mais vous allez avoir aussi les dépressions, des problèmes d'ordre gynécologiques…"
Briser le silence
Si de plus en plus d'adultes osent mainenant témoigner de ce qui leur est arrivé étant enfant, l'un des objectifs de l'association "Les enfants de Tamar" est de déceler le plus tôt possible les jeunes victimes d'inceste et de les encourager à parler.
Car aujourd'hui, en milieu scolaire, ce sont "2 à 3 enfants par classe qui sont concernés par l'inceste" précise Claire-Aurélie.