Adresse mal écrite ou boîte aux lettres sans nom. Des tonnes de colis restent "orphelins". Un nouveau commerce se développe : la revente en seconde main de paquets qui n'ont pas été ouverts. En Normandie, une nouvelle société a misé sur ce créneau qui vend des colis et du rêve.
Flamingo, cela signifie flamant rose en anglais. Un symbole qui évoque la culture américaine et un nom qui claque sur l'entrepôt dans la campagne euroise, à Bois-Arnault.
Des colis "pochette surprise"
"L'objectif de ce projet c'est que cela reste une pochette surprise comme à l'ancienne, mais ce sont des pochettes surprises qui ont une belle valeur", explique avec enthousiasme l'entrepreneur William Mourrière, co-fondateur de "Flamingo Box".
Dans l'entrepôt, une quarantaine de tonnes de colis acheminés par palettes de France et d'Europe. Tous sont des colis perdus répertoriés comme "NPAI" terme postal pour "n'habite pas à l'adresse indiquée". Le transporteur n'a pas trouvé le destinataire. Ils n'ont pas non plus été réclamés.
Ces colis ne sont pas ouverts, mais ils sont rendus anonymes et pesés pour constituer des lots vendus au poids. "On ne voit pas les coordonnées de la personne qui expédie, ni de celle qui devait réceptionner", poursuit William Mourrière.
À qui appartient un colis perdu ?
Cette activité de revente de colis est légale. En Normandie, une société sur le même créneau a ouvert dans l'Orne et il y a plusieurs grossistes en Europe. Les colis qui n'ont pas pu être déposés chez leur destinataire ont néanmoins un propriétaire :
- Lorsque le colis est expédié par une entreprise :"tant que la marchandise n’est pas livrée au consommateur, le vendeur demeure le propriétaire de la marchandise" (Source : institut national de la consommation).
- Lorsque le colis est expédié par un particulier : "dès que la marchandise est remise au transporteur choisi par le consommateur, ce dernier en devient juridiquement le propriétaire".
Les commerces ou les transporteurs sont nombreux à préférer revendre ces colis non remis plutôt que les stocker, trier, pour les remettre en vente.
La législation européenne ne permet plus, non plus, d'incinérer ces produits non périssables. C'est l'économie circulaire.
"La loi met fin à l’élimination des invendus non alimentaires. Cette mesure, qui est une première mondiale, vise à encourager le don en faveur des associations de lutte contre la précarité et des structures de l’économie sociale et solidaire. À défaut, le recyclage est encouragé" (loi antigaspillage)
En France, La Poste a, elle, choisi de vendre le contenu des colis sans destinataire connu aux enchères pour des associations.
Trouver des "trésors perdus" dans des "colis mystère"....
Acheter des colis fermés sans en connaître le contenu. Cela fait palpiter le cœur. Cela rappelle le principe de jeux télévisés ou de l'émission américaine "Storage wars", dans laquelle des revendeurs achètent à l'aveugle des boxes abandonnés de garde-meubles.
Le cofondateur de la société "Flamingo Box" explique que dans les cartons de colis qu'il vend (d'une cinquantaine d'euros à 320 euros), il n'y a ni smartphone, ni électroménager, ni vêtements de grands créateurs : "Il y a beaucoup de choses, du maquillage, des accessoires de voiture, des meubles, de la décoration, des chaussures mais il n'y a pas de grandes marques".
Dans son entrepôt, des particuliers devenus autoentrepreneurs commerciale veulent tenter leur chance et faire de la revente : "On se lance, on débute, on commence la vente sur les marchés bientôt."
Ouvrir des colis mystérieux peut cependant devenir addictif même si chacun connaît bien le principe de la "pochette surprise".