Grippe aviaire : deux nouveaux cas dans l'Eure, nouveau confinement controversé en France

Deux cas avérés de grippe aviaire viennent d'être détectés dans l'Eure. Et c'est dans ce contexte que le gouvernement a annoncé jeudi 10 novembre le confinement de toutes les volailles de plein air au niveau national. Une mesure préventive pour éviter toute propagation de ce virus.

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Deux cas avérés de grippe aviaire viennent d'être détectés dans l'Eure : l'un dans un élevage de volaille à Notre-Dame-du-Hamel, l'autre sur un oiseau sauvage près de la commune d'Aviron. "Pour éviter tout risque de diffusion du virus à d’autres élevages, des zones réglementées de protection (ZP), de surveillance (ZS) et une zone réglementée supplémentaire (ZRS) sont mises en place dans un rayon de 3, 10 et 20 km", indique ce vendredi 11 novembre la préfecture de l'Eure dans un communiqué. 

Dans le premier cas, à Notre-Dame-du-Hamel, dans le cadre des mesures de lutte contre la propagation du virus, "une opération de dépeuplement des volailles présentes sur l’élevage concerné par le cas d’influenza aviaire a été menée", poursuit la préfecture. 

Nouveau confinement controversé 

Et c'est dans ce contexte que le gouvernement a annoncé hier le confinement de toutes les volailles de plein air au niveau national. L'objectif : tenter d'endiguer la grippe aviaire qui a entraîné l'abattage de plus de 770.000 animaux depuis l'été et suscite le désarroi du monde agricole.

Une situation qui désespère Thomas Soudet éleveur dans une exploitation de 5 000 volailles près de Rouen. En raison du risque continu de grippe aviaire, cet éleveur normand enferme ses volailles, depuis déjà un an. Récemment, il espérait pouvoir lâcher du lest. Mais, l'épizotie repart encore plus fort que l'an dernier. "Les volailles sont stressées d'être à l'intérieur. Dès qu'on s'approche elles courent partout, sautent. Ca ne va pas, ce n'est pas notre métier. Nous notre métier c'est d'être en plein air avec nos volailles."

Par respect pour le bien être animal et pour garder le même niveau de qualité, l'agriculteur a dû s'adapter. Le nombre de volailles a été divisé par deux, mais ces mesures ont un coût. Mais cette mesure a un coup.

"Avec la répercussion des tarifs, on tourne à moins 20% de chiffre d'affaires. Ca veut dire qu'on ne va pas pouvoir embaucher, on va être obligé de se restreindre partout. On a vraiment hâte que ça se termine."

Thomas Soudet, éleveur

Le niveau de risque lié à la grippe aviaire a été porté de "modéré" à "élevé" sur l'ensemble du territoire métropolitain par un arrêté publié jeudi au Journal officiel. "Dans un contexte marqué par une persistance inédite du virus dans l'environnement et une forte activité migratoire d'oiseaux sauvages, il est essentiel de renforcer les mesures de prévention pour éviter la contamination des élevages de volailles", a justifié le ministère de l'Agriculture dans un communiqué.

Cela impose la "mise à l'abri de toutes les volailles", rappelle le ministère qui prévient : les éleveurs récalcitrants ne pourront pas prétendre pleinement aux indemnisations de l'Etat en cas d'abattage sanitaire.

Les grandes régions de production de volailles - Bretagne, Pays de la Loire, ainsi que le département des Deux-Sèvres - devaient déjà enfermer les volailles depuis la mi-octobre. Les volailles n'auront finalement été autorisées à goûter au grand air que quelques mois cette année. 

770.000 volailles abattues en trois mois

Jugeant que les "filières animales industrielles" sont responsables de la diffusion du virus, 22 organisations de défense des petits agriculteurs (Confédération paysanne, Modef), de l'environnement (France Nature Environnement, Greenpeace) et des animaux d'élevage (CIWF, Welfarm) ont appelé jeudi le gouvernement à "changer radicalement de politique face aux épizooties".  Elles demandent la mise en place d'un "principe de protection" de l'élevage de plein air dont elles craignent l'"effondrement".

Quarante-neuf foyers ont été recensés dans les élevages depuis le 1er août. En l'espace de trois mois, plus de 770.000 canards, poulets ou poules pondeuses ont déjà été abattus. Ce bilan a plus que doublé depuis octobre. Des volailles indemnes sont également abattues préventivement autour des foyers. 

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