Il est l'un des premiers élus à lever le voile sur une partie douloureuse de son enfance. Le député de l'Eure Bruno Questel a été violé l'âge de 11 ans. Un drame qu'il a révélé sur les réseaux sociaux. Il témoigne aujourd'hui sur France 3 Normandie.
"Il n’était pas de ma famille, il était du village ; de ces lieux où la famille est grande. J’avais 11 ans. Je n’ai jamais oublié. Aucune excuse possible. Aucun pardon possible. Aucun repos pour les auteurs de ces actes." Tout part de ce tweet, publié le 18 janvier 2021 par Bruno Questel. Le député de l'Eure réagit à une déclaration de Jack Lang, invité d'Europe 1 et interrogé sur l'affaire Olivier Duhamel, politologue accusé d'inceste : "Je ne peux pas m'indigner à chaque minute."
Dans ce tweet, Bruno Questel révèle avoir été violé à l'âge de 11 ans. Il revient sur cette période douloureuse pour France 3 Normandie.
Il n’était pas de ma famille, il était du village ; de ces lieux où la famille est grande. J’avais 11 ans. Je n’ai jamais oublié. Aucune excuse possible. Aucun pardon possible. Aucun repos pour les auteurs de ces actes. Il faut s’indigner toutes les secondes @jack_lang https://t.co/hzillQ0qrM
— Bruno Questel ?? (@BQuestel) January 18, 2021
Un épisode qui remonte à 43 ans
"C'était en 1977 en Corse, dans ce village de ma maman où j'avais l'habitude d'aller. Ce n'était pas quelqu'un de ma famille mais vous savez en Corse, on est tous cousins. C'était quelqu'un que je connaissais depuis ma naissance, en qui j'avais toute confiance", nous confie difficilement Bruno Questel ce jeudi 21 janvier dans les locaux de France 3 Normandie.
J'en avais parlé à mes parents le soir même. Vous savez en Corse, tout ne se passe pas vraiment comme ailleurs, surtout il y a plus de 40 ans.
Revenir sur ces faits est une épreuve pour le député de l'Eure, mais il souhaite avant tout que sa parole puisse aider d'autres victimes d'inceste ou de pédophilie. "Parler aujourd'hui n'est pas évident mais c'est aussi pour les victimes, celles et ceux qui ne peuvent pas exprimer quoi que ce soit. Je veux souligner combien les victimes doivent être écoutées par les parents, les enseignants... quelconque adulte qui puisse observer quelque chose. Au 21éme siècle, ces comportements ne sont plus possibles. C'est pour ça qu'il faut libérer la parole."
Une amnésie traumatique qui a duré plusieurs années
"Je n'ai pas de rancœur contre les personnes qui savaient. L'interessé est décédé et celles et ceux qui savaient ont oublié. J'ai moi-même eu une période où j'ai oublié tout ça. Cette amnésie traumatique est une réalité", nous confie le député.
"Ca a duré longtemps, plusieurs décénies. Entre 20 et 30 ans. Vous avez des flashs mais à la sortie de cette période, tout vous revient en pleine face et vous revivez l'instant dans toutes ses dimension."
Ce sont des faits qui vous marquent à jamais, comme au fer rouge. C'est comme si vous portiez quelque chose, à la fois dans un coin de votre tête mais sur votre corps.
"Malgré cela, la vie est belle."
Le député de 54 ans, aujourd'hui marié et père de famille, souhaite malgré cette épreuve adresser un message positif. "Il faut aimer, avoir des enfants. Il faut construire quelque chose pour leur transmettre, pour porter des valeurs. Puisqu'il faut vivre avec ça, il faut rester positif. Construire pour transmettre."
"Même quand l'irréparable est commis, il y a toujours pire. Ça ne veut pas dire oublier, ça ne veut pas dire pardonner. Le pardon n'est pas possible. Ça veut dire avancer."
Ce n'est ni un hashtag, ni une loi qui feront que demain, il ne se passera plus rien. Il faut construire collectivement l'humanité pour que ça ne se reproduise plus.
Depuis ses révélations, Bruno Questel reçoit des dizaines de messages. "Je reçois des dizaines de messages depuis 2 jours, de personnes dont je n'aurais pas imaginé un seul instant qu'elles auraient vécu des faits similaires."