La tradition remonte à 1793 : chaque 1er mai, la commune du Marais-Vernier (Eure), au pied du pont de Tancarville, organise la Fête de l'Étampage. Un moment attendu des habitants où les cornes des vaches sont marquées au fer rouge. Reportage.
Aujourd'hui, ce rendez-vous incontournable au Marais-Vernier relève du pur folklore. Mais saviez-vous que par le passé, l'étampage avait une utilité ? À la fin du 18e siècle, les vaches étaient bien plus nombreuses dans ce village de 500 habitants, et l'on comptait 104 agriculteurs.
Alors, le marquage au fer était un moyen pour les éleveurs de reconnaître leurs bêtes, lorsqu'elles étaient envoyées en pâture sur des terrains communaux.
Ça donnait accès aux biens communaux. Tout le monde avait un petit bout de terrain, mais pas assez. Alors pour nourrir les bêtes, ces biens étaient très importants à l'époque.
Sébastien Ratiskol, en charge de la forgeà France 3 Normandie
Les étampes, témoins de décennies de tradition
Si seuls 4 agriculteurs exercent encore au Marais-Vernier, la tradition des étampes a été conservée. Depuis plusieurs décennies, elles sont gardées sous clés, dans la mairie. Et ne sont sorties de leur coffre qu'une fois par an, le 1er mai.
Chauffées dans une forge, elles sont ensuite utilisées pour marquer les bêtes aux cornes.
Une pratique indolore, dont se souvient encore avec précision Paul Legendre. À 94 ans, cet ancien forgeron est venu en simple spectateur. Mais de 1958 jusqu'à l'année dernière, c'est lui qui réalisait l'étampage. "J'ai dû passer 850 bêtes. On les prenait à la corde, on n'avait pas de bétaillères. Elles étaient dociles", raconte-t-il.
L'enjeu de la transmission
Et pour le folklore, ce sont les élus qui marquent les bêtes. Comme à l'époque. Une pratique dont on se déshabitue forcément, et qui peut être un peu sportive, surtout avec des animaux moins dociles, comme a pu le constater le président du département !
Notre président, Alexandre Rassaërt mais aussi les conseillers départementaux Marie Tamarelle-Verhaeghe, Thomas Elexhauser, Sylvain Bonenfant se sont pliés à l’exercice, indolore pour les animaux. pic.twitter.com/pmUOwCY6ZJ
— Département de l’Eure (@EureenNormandie) May 1, 2024
Aujourd'hui, il ne reste au Marais-Vernier qu'une vingtaine de vaches. Un chiffre en forte baisse, qui témoigne aussi du déclin du monde agricole. "Les hommes sont partis travailler à l'usine, les femmes restaient s'occuper des bêtes, et puis ça s'est arrêté", explique Claude Blondel, ancien maire.
Les exploitations sont certes plus rares, mais pas question pour la commune d'abandonner cette ancestrale pratique de l'étampage, sous la forme d'une fête populaire. Pour continuer à transmettre l'histoire d'un monde aujourd'hui disparu.
Regardez le reportage de M. Nicolin et P. Cornily :