Féminiser les noms des rues et espaces publics, les municipalités normandes multiplient les initiatives

La ville d'Alençon (Orne) vient de lancer une consultation publique pour féminiser les noms de bâtiments et lieux publics. A Rouen, la municipalité a décidé de ne choisir que des noms de femmes illustres pour les rues et places du futur quartier Flaubert. Aujourd'hui, dans la plupart des villes, seulement 3 à 5% des rues portent des noms de femmes.

Le retard est immense et il faudra du temps pour arriver à une forme d'égalité. Aujourd'hui, seul 3 à 5% des rues dans les villes de l'hexagone portent le nom d'une femme. La ville d' Alençon, dans l'Orne, vient de lancer une grande consultation pour féminiser les noms de bâtiments et lieux publics. Les habitants sont inviter jusqu’au 2 mai 2022,  à proposer 12 noms de femmes. 

Des femmes aujourd’hui décédées, ayant marqué les esprits par leur parcours, leurs engagements et leurs actions. Ces propositions seront transmises au Conseil de quartier et au Conseil des Sages, qui proposeront 20 noms à la municipalité. Ces 20 noms serviront de réserve pour nommer des parcs, établissements publics et autres équipements sportifs.

Avec cette consultation, la ville répond à la demande du collectif des droits des femmes 61 qui milite depuis plusieurs années pour faire avancer le dossier.

Si on rend hommage à davantage de femmes, cela donnera des modèles pour toutes les petites filles et toutes les femmes qui pourront se construire, construire leurs parcours. Je rappelle qu'à peine un quart des métiers sont mixtes aujourd'hui. Il y a donc urgence

Marie Segura

Membre du Collectif droits des femmes 61

Le collectif des droits des femmes 61 estime qu’il faudrait créer 195 rues sur Alençon pour arriver à la parité. Aujourd’hui 3% des rues portent un nom de femme contre 49% pour les hommes. La consultation lancée par la mairie est donc perçue par les habitants de la prefecture de l’Orne. « C’est important d’avoir une égalité femmes/hommes , on en parle partout, alors pourquoi pas pour les monuments et pour les rues » approuve un cadre commercial, rejoint par une étudiante qui ajoute « quand on regarde le nom des rues, les ¾ c’est principalement des hommes, un peu de féminité de vas pas faire de mal ».

Rouen donne l'exemple 

Depuis plusieurs années, la ville de Rouen travaille à marche forcée pour rattraper un retard considérable dans la parité femme/homme. Comme dans presque toutes les villes de France, les femmes sont les grandes absentes dans les noms de rue ou de monuments. La municipalité n’a pas hésité depuis deux ans à renommer des bâtiments existants. Ainsi l’école du centre ville rive gauche Cavelier de La Salle a été renommé école Anne Sylvestre, en hommage à l’auteure-compositrice-interprète décédée en 2020. La piscine olympique de l’ile Lacroix portent désormais le nom de Nathalie Péchelat, la danseuse sur glace originaire de Rouen et le bassin public à été rebaptisé bassin Edith Ballester, en hommage à la créatrice de la French Cup disparue en 2021.

La municipalité rouennaise a également lancé un débat public sur la place de l’hôtel de ville et le remplacement de la statue de Napoléon. Une statue qui trône devant la mairie depuis 1865 et qui a été déboulonnée pour partir en restauration. La ville souhaite y installer une statue de Gisèle Halimi, l’avocate et militante féministe décédée en 2020. Les habitants sont invités à donner leurs avis.

Il y a une demande dans la société pour plus d'égalité entre des femmes et des hommes. Il faut savoir qu'une ville comme Rouen ne compte que 5 à 6% de nom de rue féminin contre plus de 40% de nom masculin. C'est une inégalité qui est énorme.

Laura Slimani

adjointe au Maire de Rouen, en charge de l'égalité femme/homme

Le futur quartier Flaubert sur la rive Gauche de Rouen va servir de boosteur pour combler plus rapidement ce déséquilibre. Les rues et places de ce futur quartier de la ville porteront uniquement des noms de femmes illustres. 7 ont déjà été choisies par l'équipe municipale, dont Camille Claudel et Diane Fossey. Ce travail symbolique est indispensable pour Laura Slimani : "On agit sur le plan de l'éducation, on fait des campagnes de prévention dans l'espace publique, mais le symbole est également important parce que la question de l'égalité entre les femmes et les hommes, elle se joue beaucoup sur les représentations et les stéréotypes". Malgré cette politique volontariste de la municipalité, il reste à Rouen, à Alençon, comme partout ailleurs, beaucoup de chemin à parcourir pour arriver à équilibrer la balance entre les femmes et les hommes.

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